Le nouveau président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, a prêté serment hier à Harare Le nouveau président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, a rendu un hommage appuyé hier au «père de la nation» Robert Mugabe, auquel il a officiellement succédé trois jours après sa démission. «Acceptons et reconnaissons tous son immense contribution à la construction de notre nation», a déclaré M.Mnangagwa dans un discours après avoir été investi chef de l'Etat. Le nouveau président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, a définitivement tourné la page hier des trente-sept ans du règne de Robert Mugabe sur le pays en s'engageant à relancer son économie en ruine et à combattre la corruption. Costume noir et cravate rouge sur chemise blanche, le nouveau président a prêté serment devant plusieurs dizaines de milliers de partisans enthousiastes, massés dans un stade de la banlieue de la capitale Harare. «Moi, Emmerson Dambudzo Mnangagwa, jure qu'en tant que président de la République du Zimbabwe je serai loyal à la République du Zimbabwe et obéirai, soutiendrai et défendrai la Constitution et les lois du Zimbabwe», a-t-il déclaré. Les présidents du Mozambique, du Bostwana, de Zambie et de Namibie avaient fait le voyage à Harare, mais pas le Sud-africain Jacob Zuma, retenu à Pretoria avec l'Angolais Joao Lourenço. A 75 ans, M.Mnangagwa prend les rênes du pays trois jours à peine après la démission historique du plus vieux dirigeant en exercice de la planète, 93 ans. Dans un pays qui sort ruiné de l'ère Mugabe, les attentes des 16 millions de Zimbabwéens sont immenses. Mais les doutes persistent sur l'aptitude du nouveau chef de l'Etat, longtemps aux commandes de l'appareil répressif de Robert Mugabe, à rompre avec les habitudes de l'ancien régime. «Nous voulons que nos enfants est des emplois, que nos hôpitaux aient des médicaments et nos écoles des livres», a résumé Prisca Siyapenda, un retraité de 52 ans venu acclamer le nouveau président dans un National Sports Stadium plein à craquer. «Nous espérons un nouveau départ», a-t-il ajouté. Conscient de la tâche titanesque qui l'attend, Mnangagwa a profité de son premier discours pour multiplier les promesses. «Nous allons créer des emplois pour notre jeunesse et réduire la pauvreté pour toute la population», a lancé M. Ngangagwa, «les actes de corruption doivent cesser sur le champ». Symboliquement, il a également annoncé qu'il compenserait les fermiers blancs qui avaient été expulsés manu militari de leurs propriétés au début des années 2000. Cette réforme, emblématique de l'ère Mugabe, avait valu à son prédécesseur une volée de critiques et de sanctions internationales. M. Mnangagwa s'est par ailleurs engagé à protéger les investissements étrangers. «Dans ce monde global, aucune nation n'est, ne peut ou ne doit être une «île», a-t-il insisté. Le nouveau chef de l'Etat n'a pas non plus manqué de rendre hommage à son prédécesseur, «père de la nation». «Acceptons et reconnaissons tous son immense contribution à la construction» du pays, a-t-il lancé à la foule. A la veille de son entrée en fonction, M.Mnangagwa s'est entretenu jeudi avec Robert Mugabe, à qu'il a promis, ainsi qu'à sa famille, les «conditions de sécurité et de bien-être maximales», a rapporté le quotidien gouvernemental The Herald. Trois jours après la chute du régime, le sort, réservé au couple présidentiel restait mystérieux. «Je ne sais pas ce qui a été négocié mais je peux vous dire qu'aucun Zimbabwéens ne souhaite que Mugabe soit poursuivi en justice ou pendu ou lynché», a déclaré, un de ses ministres, Supa Mandiwanzira, «les gens veulent tourner la page». Après avoir résisté plusieurs jours aux pressions des militaires, de son parti, la Zanu-PF, et de la rue, le «camarade Bob» a fini par capituler mardi en présentant sa démission, sous la menace d'une procédure de destitution devant le Parlement. «Il (M.Mugabe) a été victime de sa femme et de la coterie de conseillers qui l'entouraient», a commenté hier le ministre de la Cybersécurité Patrick Chinamasa. «Rompre avec le président Mugabe m'a brisé le coeur. Il a été un bon président», a-t-il poursuivi, «nous ne voulions certainement pas que cela se termine comme ça». M.Mugabe a laissé derrière lui une économie ruinée par ses réformes dévastatrices.