Le vice-président Emmerson Mnangagwa est désigné par le parti au pouvoir pour succéder à Robert Mugabe, qui l'a limogé le 6 novembre. Mais pour le moment, la présidence par intérim est assurée par le vice-président Phelekezela Mphoko. Au lendemain de la démission de Robert Mugabe, après 37 ans de pouvoir quasi absolu, le Zimbabwe a accueilli en héros l'ancien vice-président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa, désigné par le parti au pouvoir, la Zanu-PF, comme son candidat pour la prochaine présidentielle, initialement prévue pour 2018. "Le camarade Emmerson Dambudzo Mnangagwa avait été nommé candidat de la Zanu-PF pour occuper la fonction de président de la République du Zimbabwe dans l'éventualité d'une démission ou d'une destitution du camarade Robert Gabriel Mugabe", a expliqué président de l'Assemblée nationale, Jacob Mudenda, devant la presse. M. Mnangagwa était un fidèle de l'ancien président et de son régime. Ce héros de la guerre d'indépendance, plusieurs fois ministre, avait été sèchement remercié le 6 novembre sur injonction de la première dame Grace Mugabe, à qui il barrait la route de la succession de son mari, âgé de 93 ans. Son éviction a provoqué dans la nuit du 14 au 15 novembre un coup de force de l'armée, catégoriquement opposée à l'arrivée au pouvoir de l'incontrôlable Grace. Officiellement limogé, l'ancien vice-président doit patienter avant de prendre le destin du pays en main, car dans un souci du respect de la Constitution du Zimbabwe, l'intérim de la présidence est assuré par son remplaçant, le vice-président Phelekezela Mphoko. Mais cela ne devrait pas poser de difficulté au parti au pouvoir, la Zanu-PF, qui dispose d'une grande marge de manœuvre pour installer Emmerson Mnangagwa sur le fauteuil présidentiel, d'ici quelque temps. Etant majoritaire au pouvoir, la Zanu-PF "a le droit de nommer son prochain chef dans les 90 jours suivant la démission" de l'ancien président, a expliqué hier le journal gouvernemental The Herald, citant un expert en droit. "Le vice-président Mphoko est maintenant le président par intérim, mais Zanu-PF, étant le parti au pouvoir, doit maintenant nommer un successeur de fond à Mugabe", explique l'avocat Thabani Mpofu au The Herald, ajoutant qu'"à partir de là, le processus est régi par le paragraphe 14 de la sixième annexe (de la Constitution, ndlr)". Ainsi, la Zanu-PF pourra nommer un remplaçant et conseiller le président, explique-t-il. "Zanu-PF, étant le parti de l'ancien président, a le droit de nommer un successeur dans les 90 jours. Ils peuvent le faire à tout moment, même maintenant ou en quelques minutes s'ils sont prêts", explique de son côté un autre expert, le professeur Lovemore Madhuku, professeur de droit à l'université du Zimbabwe, cité par The Herald. "Le vice-président Mphoko ne peut agir en tant que président que pour quelques minutes si le Zanu-PF est prêt avec son candidat", a ajouté le professeur Madhuku. Selon les lois du pays, "le successeur désigné assurera la mission de président jusqu'à la fin du mandat de son prédécesseur, qui expirera en août 2018. M. Mphoko devrait travailler avec le cabinet du président, mais le nouveau dirigeant peut nommer de nouveaux ministres". Lyès Menacer