La cheffe de la diplomatie de l'UE Federica Mogherini et son homologue jordanien Aymane Safadi ont assuré hier qu'ils «n'abandonnaient pas» le processus de paix israélo-palestinien ni l'objectif d'un Etat palestinien. «Nous n'avons certainement pas abandonné la partie», a déclaré Mme Mogherini aux côtés du chef de la diplomatie jordanienne, après l'avoir reçu à Bruxelles pour discuter de la crise ouverte par la reconnaissance par le président américain Donald Trump de Jérusalem comme la capitale d'Israël. «La solution est claire, c'est la solution des deux Etats» israélien et palestinien, vivant en paix côte à côte et partageant Jérusalem comme capitale, a martelé M. Safadi. «Nous ne pouvons y renoncer!». Le processus de paix est au point mort depuis 2014, et la décision de M. Trump fait craindre que les Etats-Unis entérinent désormais la colonisation et l'annexion par Israël de territoires palestiniens, ce qui de fait rendrait impossible la création d'un Etat palestinien viable. «Peut-être (...) devons nous avoir un cadre régional et international différent pour faire avancer» le processus, a estimé Mme Mogherini, redisant son projet de négociations de paix directes, mais dans un cadre plus large que le Quartet pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, UE et ONU). La Haute représentante de l'Union souhaite élargir ces négociations avec l'implication de la Jordanie, de l'Egypte, de l'Arabie saoudite et de la Norvège comme parrains. «Il est essentiel, non seulement pour le peuple palestinien, que nous continuions de soutenir la direction palestinienne, mais c'est aussi essentiel pour la sécurité d'Israël», a-t-elle argué. «Ne pas avoir la perspective d'un Etat palestinien, avec des autorités, un contrôle du territoire, un Etat normal et indépendant, avec une capitale et des institutions qui fonctionnent est, à mes yeux, une menace majeure pour la sécurité des citoyens israéliens d'Israël, particulièrement au vu de la situation dans la région», a plaidé Mme Mogherini. «Les Etats-Unis, qui jusqu'à présent avaient pu avoir un rôle de médiation dans ce conflit israélo-palestinien, aujourd'hui s'en sont un peu exclus», a regretté hier, le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian.