«Le matelas de devises pourrait reculer à 97 milliards de dollars à fin décembre 2017 et à 85,2 milliards de dollars à fin 2018...» Le matelas de devises s'est établi à «100 milliards de dollars en novembre 2017», a affirmé hier le ministre des Finances, Abderrahmane Raouïa, en marge de sa présentation du projet de loi de finances 2018 au Conseil de la nation. Ces réserves se sont établies à 102,4 milliards de dollars à fin septembre 2017. D'après les prévisions du ministre, les réserves de changes pourraient reculer à 97 milliards de dollars à fin décembre 2017 et devraient s'établir à 85,2 milliards de dollars à fin 2018 (l'équivalent de 18,8 mois d'importations), et à 79,7 milliards de dollars en 2019 (18,4 mois d'importations) avant d'atteindre 76,2 milliards de dollars en 2020 (17,8 mois d'importations). A titre de rappel, les réserves de changes étaient à 114,1 milliards de dollars à fin décembre 2016 contre 144,1 milliards de dollars à fin 2015. Par ailleurs, sur le plan budgétaire, le PLF 2018 prévoit des dépenses globales de 8 628 milliards de dinars composées de 4043,31 milliards de dinars de dépenses d'équipement et de 4584,46 milliards de DA de dépenses de fonctionnement. Quant aux recettes budgétaires, elles sont de 6 496,58 milliards de DA (contre 5 635,5 milliards DA en 2017), composées de 3688,68 milliards DA de ressources ordinaires (contre 3 435,4 milliards DA en 2017) et de 2807,91 milliards DA de fiscalité pétrolière (contre 2200,1 milliards DA). Intervenant lors des débats, le sénateur du FFS, l'une des deux voix discordantes au Conseil de la nation, Moussa Tamadartaza, a critiqué d'emblée la situation économique du pays caractérisée, selon lui par «l'absence de vision claire et de perspective d'avenir et par la dégradation des grands équilibres macroéconomiques en raison de la gestion unilatérale, administrative et centralisée de l'économie et la prolifération du commerce informel qui reflète le dysfonctionnement du système commercial et l'existence de réseaux de détournement de la masse monétaire en circulation». Cela est dû, indique-t-il, «à une politique fiscale non efficace et à l'échec dans la création d'un système de financement de l'économie». «Le secteur non productif à pris la place du système productif. L'informel menace l'autorité de l' Etat et paralyse ses institutions, devenues incapables de sévir contre les contrevenants», a-t-il poursuivi. Il a critiqué «le recours au financement non conventionnel pour couvrir les besoins du Trésor public, rembourser les dettes publiques internes et financer le Fonds national d'investissement (FNI)». «Le gouvernement a eu recours au financement non conventionnel pour compenser la chute drastique de la fiscalité pétrolière suite au recul des recettes des exportations en hydrocarbures, en d'autres termes, maintenir la rente», a-t-il estimé. Dans ce contexte, pourquoi le FNI n'a pas été réactivé directement pour financer l'économie nationale et créer d'autres ressources de financement pour le Trésor public?, s'est-il interrogé. «A travers notre lecture du projet de loi de finances pour 2018, nous déduisons que le gouvernement a reporté toutes les réformes structurelles et mesures douloureuses ou la thérapie de choc pour ne pas courir le risque de s'exposer aux troubles sociaux et politiques et à des situations incontrôlables». Moussa Tamardataza a relevé également que «le gouvernement s'est éloigné des objectifs assignés à son plan d'action, étant donné que le PLF 2018 a prévu un budget de fonctionnement de 4584, 46 milliards DA tandis que les recettes ordinaires s'établissent à 3688,68 milliards DA». «Cela constitue d'une part la première contradiction, de l'autre, vouloir booster le taux de croissance dans un contexte où le budget d'équipement est limité», a-t-il ajouté. Enfin, les sénateurs du FLN,le RND et ceux du tiers présidentiel ont tous soutenu la totalité des dispositions de ce texte de loi.