L'orateur distingue entre deux acceptions de la privatisation. «La privatisation des entreprises publiques, modalités et objectifs» est le thème débattu, hier, au forum d'El Moudjahid par le Dr Nacereddine Sadi, auteur d'un livre sur le sujet paru aux éditions de l'Office des publications universitaires. L'économiste, professeur à l'université Pierre-Mendès France, à Grenoble, a présenté un exposé exhaustif sur la situation économique avec un retour sur le lancement du processus de privatisation initié par l'Etat dans les années 80. Lors de son intervention, il a mis en exergue trois axes majeurs liés à la privatisation. «L'Etat doit être un stratège et un animateur de la transition», a-t-il estimé. En outre, «la situation économique et sociale du pays exige de l'Etat une mise en oeuvre d'une politique économique conjoncturelle élaborée sur une stratégie de long et de moyen terme». Enfin, a-t-il indiqué, «la privatisation ne doit pas être perçue comme une fin en soi ni assimilée à la transition elle-même. Ce n'est, en fait, qu'une mesure de réforme au même titre que toutes les autres mesures qui tendent à la fois à la démocratisation de la société et à la mise en place d'une économie régie par les mécanismes du marché». Et d'ajouter: «La privatisation n'est pas une solution miracle.» Le conférencier impute les différents échecs de la privatisation à des causes politiques juridico-institutionnelles, des causes économiques et socio-culturelles. Le Dr Sadi se présente, non pas comme un théoricien qui s'inspire des «dogmes prêt-à-porter», mais comme un économiste qui, a-t-il dit, «a disséqué les théories traitant du sujet et la vérification de leur applicabilité au contexte algérien. J'ai également parcouru, a-t-il ajouté, les expériences des pays de l'Est qui ont des similitudes politico-idéologiques et institutionnelles et ceux des pays du Maghreb et certains pays de l'Afrique subsaharienne. Ces expériences ont rencontré d'énormes problèmes, particulièrement pour le cas de la Russie qui a réussi la phase quantitative de la privatisation et qui bute sur le changement des modes de gestion». L'orateur distingue entre deux acceptions de la privatisation. La première a trait au transfert physique des entreprises physiques (restrictive), c'est-à-dire la vente directe et la deuxième acception de large portée, inclut, outre la vente des entreprises, toutes les autres formes de transfert qui n'entament pas les droits de propriété de l'Etat tels que la concession, le leasing, les contrats d'association et la liquidation. Les deux concepts sont introduits dans le processus de privatisation. Pour le Dr Sadi, la seconde acception est tout à fait indiquée pour le cas de l'Algérie au contexte socio-politique difficile, caractérisé également par de nombreuses contraintes ex-ante. L'Algérie, selon l'orateur, doit oeuvrer pour la consolidation des acteurs économiques publics et privés dans la perspective de son adhésion à l'OMC et la mise en oeuvre des accords d'association avec l'UE. En passant au crible les politiques économiques instituées depuis les années 80, et notamment les lois initiées par Temmar, le Dr Sadi a estimé que «la démarche du gouvernement doit reposer sur des objectifs et une stratégie claire et en accord avec les contraintes structurelles internes». Il a conclu, non sans tirer la sonnette d'alarme, concernant l'industrie en affirmant que «le tissu industriel est en train de péricliter en silence».