Un concert tant attendu, hélas gâché par les sempiternels problèmes de son, de quoi faire «tourner la tête » de l'artiste... On connaissait les problèmes techniques, monnaie courante chez nous, mais là, cela dépasse l'entendement. Et c'est peu de le dire. Effets larsen récurrents, pas de retour, instrument non accordé. Cela frisait le ridicule, voire la honte! Si l'horaire fixé pour le début du concert fut respecté, le reste, franchement, n'était pas au top. Après la minute de silence à la mémoire des deux diplomates algériens à Bagdad, Natasha Atlas débutera dans un discours mi-arabe mi-français le programme de la soirée réitérant sa joie et «son honneur d'être ici en Algérie». Et les musiciens, moitié occidentaux, moitiés arabe, de se mettre en place. Dirigé par la violoniste anglaise Jocelyn Pook et rehaussé par la voix céleste de cette chanteuse, Clara, l'orchestre gratifiera le public en première partie de chants médiévaux que venaient caresser une petite brise estivale. Tbel, derbouka, kanoun épousaient les ondulations harmoniques d'un violon. S'élevait aussi au ciel, la voix orientale de Natasha Atlas comme une mélopée plaintive déchirant le ciel. Une sorte d'appel à la prière méditative. Douce harmonie pour nous transporter dans un «voyage astral». Ce beau, mais à la longue, cela peut agacer, ennuyer même certains... D'autant que le public est venu principalement pour écouter Natasha Atlas interpréter Mon amie la rose. Ceci ne viendra que bien plus tard. En attendant, après le calme, place à la tempête, Natasha Atlas s'apprête à chanter en kabyle. En témoigne la fouta qu'elle noue autour de la taille. Mais ce n'est que peine perdue. Premier problème technique qui surgit. Le son n'est pas réglé. «On change la batterie. L'instrument n'est pas accordé. La chanson d'Idir, on la fera en deuxième partie», scande Natasha, la mine renfrognée, le visage décomposé. «On va vous laisser avec Gamal et on revient plus tard». Et l'accordéoniste de s'exécuter pour sauver les meubles, histoire de combler le vide ambiant. Un de ses musiciens, algérien celui-là, revient pour un petit morceau kabyle. Exercice réussi sur son instrument. Ni vu ni connu. Puis rebelote, silence radio. Après un intermède et des sifflements, revoilà Natasha Atlas en tenue orientale: la surprise: Avava Inouva d'Idir dans un accent très approximatif. L'esprit de l'Egyptienne divague et flotte sur le Théâtre de verdure. Natasha Atlas interprète quelques titres phares de ses albums. Ayeshteni, titre de son quatrième album sorti en 2001, Lama Bada Yatafana du répertoire classique arabe, ya Markabi extrait de son album hommage à Abdelhalim Hafedh, sorti en 1997. Enchaînant titre sur titre, Natasha Atlas ne peut cacher sa mine déconfite due aux incessants effets larsen qui gâchent sa prestation vocale. Le public n'est pas dupe. Il commence à partir. Les gradins se vident. Cependant, le tempo oriental plus fort que tout, fait bondir de leurs sièges quelques amateurs, pour ne pas dire des professionnels de la danse orientale: deux et... un homme qui leur ravira presque la vedette par son déhanché impeccable ! Natasha Atlas crispée mais imperturbable est décidée d'aller au bout de cette mésaventure. «Un cauchemar», diront certains. «Une catastrophe», diront d'autres. Son programme musical tracé file rapidement, brusquement. Pressée d'en finir? La chanson tant attendue, Mon amie la rose fut un moment décevant où le morceau tronqué n'atteindra pas toutes ses promesses. Les gradins se vident à nouveau. Quelques chansons sharqui, un déhanché par-ci et un battement de cils par là, la Cléopâtre de Londres fait chavirer le public, notamment avec I put a spell on you de Screamin' Jay Hawkins. Et la reine de la techno-world music de montrer ce qu'elle sait faire en matière de danse... féline et sensuelle. Jusqu'à minuit, Natasha Atlas, comme une grande, aura tenu son pari de nous faire découvrir sa «terre» où viennent accoster toutes ses saveurs de l'Orient et de l'Occident. Un mélange parfumé au goût de miel qui ce soir aura hélas un certain relent amer... Et ce n'est pas la faute de l'artiste!