Tête-à-tête Thomas D. Waldhauser et Gaïd Salah Ce n'est pas la première fois que le général Waldhauser est l'hôte de l'Algérie, mais le contexte régional dans lequel intervient cette visite et la nature des déclarations du général américain laissent présager d'un nouvel élan de la coopération sécuritaire. En visite depuis hier, à Alger, le commandant de l'Africom, le général Thomas D. Waldhauser multiplie les rencontres et les entrevues avec les responsables politiques et militaires algériens. Il a rencontré le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel et le vice-ministre de la Défense nationale, le chef d'état-major de l'Armée nationale populaire Ahmed Gaïd Salah. Ce n'est pas la première fois que le général Waldhauser est l'hôte de l'Algérie, mais le contexte régional dans lequel intervient cette visite, sa coïncidence avec la grande conférence de Paris qui abordera le financement du terrorisme et la nature des déclarations du général américain laissent présager d'un nouvel élan de la coopération sécuritaire algéro-américaine au Sahel. «Nous sommes impatients d'explorer les futures activités de coopération en matière de sécurité avec l'Algérie», a indiqué le général Waldhauser à l'issue de l'audience que lui a accordée le ministre des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel. Il a affirmé que sa visite en Algérie «est une bonne opportunité pour discuter directement avec les dirigeants algériens de nos préoccupations communes en matière de défense et de sécurité». Nos nations travaillent ensemble en qualité de partenaires égaux pour construire un avenir meilleur, pas seulement en Algérie, mais partout en Afrique du Nord» a-t-il ajouté. Et la salve du général continue: «Grâce à un partenariat solide, nos pays sont mieux capables de combattre les causes profondes du terrorisme et de promouvoir la paix et la stabilité.» Des propos qui interviennent à un moment où l'Algérie est soumise à une terrible pression sur le dossier migratoire. Un flux anormal a été constaté depuis ces derniers jours. Selon le ministre de l'Intérieur Nouredine Bedoui, quelque 500 tentatives d'entrée illégale sur le territoire national, enregistrées quotidiennement aux frontières sud du pays. Bedoui a indiqué que l'Algérie était consciente de ces dangers, saluant «les efforts consentis par l'Etat pour endiguer ce phénomène». «Il s'agit d'un droit légitime, celui de préserver sa sécurité», a-t-il soutenu. Il a affirmé, d'autre part, que le phénomène de la migration clandestine «exige la conjugaison des efforts internationaux pour traiter cette question». C'est dans ce sens que le commandant de l'Africom a déclaré le 13 mars dernier devant le Sénat américain que «très peu des défis auxquels l'Afrique doit faire face ne peuvent être réglés uniquement par la force». Le phénomène migratoire a pris de graves proportions menaçant la sécurité des pays frontaliers. Dans le Sahel, groupes terroristes et groupes criminels s'associent dans le trafic de drogue, la contrebande d'armes, la piraterie et la migration illégale. Les groupes terroristes y ont trouvé un filon insoupçonné pour entamer une incroyable mutation. Sous couvert de la migration, ils s'adonnent tranquillement à la vente d'articles de sport en contrefaçon, au trafic d'art et d'antiquités, à la contrebande de cigarettes, voire même aux sociétés d'import-export la liste est longue des moyens utilisés par l'organisation pour financer ses structures, payer les salaires des combattants et les allocations de leurs familles. Sur ce plan la collaboration sécuritaire entre l'Africom et l'Algérie s'avère plus qu'impérative. Ce rapprochement avec les Américains vient stopper un semblant élan d'isolement de l'Algérie dans la région à travers l'initiative du G5 Sahel. Parrainnée essentiellement par la France, cette opération a été lancée en 2014 regroupant la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad. Fidèle à sa doctrine de non-intervention militaire en dehors de ses frontières, l'Algérie a refusé de participer à cette initiative franchement interventionniste. Mais il serait inconvenant de prétendre lutter contre le terrorisme dans la région du Sahel sans associer l'Algérie qui a le double avantage d'avoir l'armée la plus forte dans la région et qui jouit d'une très grande expérience dans la lutte contre le terrorisme. Il suffisait de trouver la méthode adéquate. C'est ce que propose les Américains a en croire les propos du Commandement des Etats-Unis pour l'Afrique (Africom) qui «veut explorer avec l'Algérie les futures activités de coopération en matière de sécurité».