Cheikh Lounès Kheloui, décédé le 3 novembre 2016 à l'hôpital de Tizi Ouzou, sera de retour demain à Tizi Ouzou. Un hommage grandiose lui sera rendu par les associations Arc-en-ciel, Cheikh El Hasnaoui, Ithran et Tafat en collaboration avec la direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou. Le choix de la date de la tenue de cet hommage n'est pas fortuit. Il intervient à la veille de la commémoration du 68e anniversaire de la naissance de Lounès Kheloui. Son village natal Taddart tamokrante, village également de l'immense Cheikh El Hasnaoui, se prépare depuis plusieurs semaines pour la tenue de cet événement. Le rendez-vous est donné pour demain, vendredi, à partir de 9 heures au village Taddart tamokrante dans laârch de Ihesnawen (wilaya de Tizi Ouzou) où l'hommage aura comme point de départ un recueillement et un dépôt de gerbes de fleurs sur la tombe de Lounès Kheloui. Durant toute la journée, le public pourra redécouvrir le riche parcours du regretté Lounès Kheloui grâce à une exposition autour de la vie et de l'oeuvre de cet artiste hors-pair ayant choisi le style chaâbi pour s'exprimer pendant des décennies. A 14 heures, la grande salle de spectacles de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri accueillera un spectacle artistique ponctué de témoignages vivants sur Lounès Kheloui avec ses amis et d'autres artistes. L'hommage de demain sera l'occasion de se souvenir de l'un des plus grands artistes kabyles de tous les temps. Un artiste doté d'une voix rauque et exceptionnelle. Une voix qui lui a permis de briller dans le ciel de la chanson kabyle au moment où l'émergence d'un grand nombre de talents, durant les années 70, ne permettait pas d'avoir sa place facilement. Mais en plus de sa voix, Lounès Kheloui a été un compositeur hors norme ayant à son actif des dizaines de chansons dont plusieurs sont devenues des hymnes à l'amour et à la vie à l'instar de l'inoubliable Tskhilem fkiyi a deswagh et tant d'autres. Lounès Kheloui a également chanté la rudesse de la vie montagnarde kabyle, l'injustice sociale et la pauvreté, etc. C'est dans le même village que Cheikh El Hasnaoui, Taddart tamokrante que vit le jour Lounès Kheloui, à la veille du déclenchement de la guerre de Libération nationale, le 14 mai 1950. Son penchant pour la chanson se manifeste alors qu'il était encore enfant. Quand il eut 10 ans, la chance lui sourit puisqu'en guise de cadeau, son père qui travaillait en France, lui offrit une guitare. A peine âgé de 16 ans, Lounès Kheloui accouche de sa première chanson intitulée: A saâd-iw anwa ik yesnen?. Avant de mettre en place son premier 45 tours, Lounès Kheloui a animé une infinité de galas artistiques dans son village et sa région. Passage presque incontournable de la majorité des artistes kabyles, Lounès Kheloui fait escale, avec succès, à l'émission Ighenayen n uzekka de Chérif Kheddam. Son premier album (45 tours à l'époque) voit le jour en 1972. Lounès Kheloui avait 22 ans et une carrière flamboyante se dessinait devant lui. Compte tenu du succès obtenu par ce premier produit, Lounès Kheloui est revigoré. Il rebondit avec un autre album une année plus tard. Puis encore une autre nouveauté, 12 mois plus tard et cette fois-ci, le travail est réalisé chez le grand compositeur chaâbi Mahboub Bati. En 1978, c'est avec le monstre sacré de la chanson kabyle Matoub Lounès, qui était encore un débutant, qu'il effectue sa première tournée nationale. Cette dernière a fait un tabac et Lounès Kheloui donne ainsi l'occasion à son cadet Matoub Lounès de se révéler au grand jour de manière tonitruante. Les deux poètes resteront d'excellents amis. Et quand Lounès Kheloui se marie quelques années plus tard, en 1984, Matoub Lounès n'hésite pas à chanter dans sa fête. Lounès Kheloui, fan inconditionnel de Cheikh El Hasnaoui va à la quête du pilier exilé volontairement. C'était en 1979. Il le rencontre chez lui à Nice. A son retour, il lui dédie la chanson Ad ruhagh. Le contact n'est désormais pas rompu entre les deux artistes qui s'écrivent régulièrement. Lounès Kheloui passe une bonne partie des années 90 en faisant des aller-retour entre l'Algérie et la France. En 1992, il s'installe définitivement au pays. Il participe, en revanche, à plusieurs événements artistiques en France durant les années 90 et 2000, notamment l'hommage à Matoub Lounès en France en 1999, suivi de tournées dans le même pays. En même temps, de nouveaux albums sont également édités, notamment en 2003, 2006 et 2008. Il tombe malade en 2009. Il luttera contre la maladie en se produisant avec courage notamment en effectuant une tournée qui le mènera au Canada, à Washington, New York, Philadelphie, Californie... Avant de décéder, Lounès Kheloui avait enregistré deux magnifiques albums, édités quelques semaines après son enterrement dans son village natal, Taddart tamokrante, où ses centaines de fans se retrouveront demain pour lui rendre un vibrant hommage et lui dire qu'ils ne l'ont pas oublié et qu'ils ne l'oublieront pas.