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Un gage de douceur pour les jours à venir
L'INCONTOURNABLE GÂTEAU DE L'AID EL FITR
Publié dans L'Expression le 05 - 06 - 2018

A partir de la deuxième quinzaine du mois sacré, les familles annabies perpétuent les traditions ramadhanesques ancestrales.
Si le mois de Ramadhan est le plus souvent appréhendé par les ménages pour la hausse des prix de tous produits confondus, il demeure néanmoins que ce mois, est aussi celui de certaines incontournables traditions. La confection des gâteaux de l'Aïd El Fitr, en guise de gage de douceur pour les jours à venir. Une douceur qui se paye à coups de dépenses que les familles assument pleinement. En effet, en dépit de la cherté des produits et le manque de temps chez les femmes actives, la confection du gâteau de l'Aïd résiste. Il est le bon présage (Fel Kheir) pour le restant de l'année. A Annaba ce rituel est encore et toujours préservé malgré les grandes dépenses.
Les ménagères mettent la main à la pâte
A quelques jours de l'Aïd El Fitr, le temps est aux achats des produits de confection des gâteaux de l'Aïd El Fitr. Comme le veut la tradition en ces fêtes religieuses, Annaba affiche ses couleurs, ses goûts et son atmosphère de fête durant ces derniers jours du mois de Ramadhan. Pour la femme annabie, les obligations sont encore de mise. Après les soucis de la table du ftour, les vêtements de l'Aïd pour les enfants, c'est le hlou (sucré) pour l'Aïd Esseghir qu'il faut confectionner comme le veut la tradition. Une virée dans les espaces de commerce à Annaba renseigne, voire témoigne du souci des familles quant à la conservation jalouse des traditions liées au mois sacré, dont les gâteaux pour fêter l'Aïd.
La frénésie de l'achat des ustensiles et ingrédients pour confectionner différents gâteaux traditionnels. Dans les magasins de vente des ingrédients pour gâteaux, les femmes ne demandent plus le prix des ingrédients, amandes, pistaches et noix entre autres. Mieux encore, elles ne commentent plus la hausse des prix. Apparemment, elles ont trouvé la formule idéale. Elles achètent les ingrédients qui leur sont nécessaires au grammage, au lieu du kilogramme. Une dame nous affirme que c'est pour ne pas déroger aux traditions des ancêtres qui, selon ses dires, s'expriment particulièrement durant cette période bénie du Ramadhan et des fêtes religieuses.
Lors de ces occasions, les femmes à Annaba se rassemblent et s'entraident pour la préparation des gâteaux traditionnels, nécessitant un savoir-faire indéniable. Ces réunions féminines font partie des us ancrés dans la vie quotidienne des familles annabies. Bien que la conservation de cette tradition et bien d'autres, résiste aux aléas du temps, elles ne sont hélas, au sein de certaines familles plus d'actualité. Notamment dans les familles où la femme travaille, cette tradition n'a plus lieu d'être.
Le gâteau de l'Aïd entre commande et confection
Si beaucoup de femmes au foyer préfèrent préparer leurs gâteaux, chez elles, d'autres, surtout celles qui travaillent, préfèrent les acheter dans des magasins spécialisés par manque de temps, généralement. Il faut dire qu'à partir de la dernière décade du mois de Ramadhan, la plupart des femmes à Annaba, se donnent rendez-vous dans ces commerces pour lancer leurs commandes. Quelques-unes d'entre elles, rencontrées, ont usé de tout leur vocabulaire pour justifier le recours aux commandes. Tel le cas de Dounia: «J'arrive à peine à préparer le ftour, par manque de temps. Pour moi faire les gâteaux de l'Aïd, relève de l'impossible, c'est pourquoi j'opte pour une commande de trois ou quatre modèles de gâteaux juste pour marquer cette fête» a-t-elle avoué.
Ce fait de plus en plus fréquent est observé ces dernières années, à savoir le recours des ménagères à l'achat des gâteaux plutôt qu'à leur confection, au grand dam de la gent masculine qui n'apprécie pas forcément cette «forme de résistance», comme l'illustrent certains propos désobligeants du genre: «Elles n'ont plus le temps maintenant!», ou encore «que voulez-vous, elles ont les bras cassés!». Ainsi, pour une raison ou une autre et dans cette effervescence des préparatifs de la fête de l'Aïd El Fitr il y a des femmes qui passent commande chez les pâtissiers ou chez la confectionneuse de gâteaux. Une manière de festoyer sans la moindre fatigue, notamment pour la femme qui travaille.
Le recours aux professionnels fait des émules
Autres temps, autres moeurs où, de chaque foyer se dégageaient les odeurs des bons gâteaux fraîchement sortis des fours. Bien que certaines femmes maintiennent la préparation des douceurs de l'Aïd chez elles, d'autres préfèrent passer commande auprès des professionnels. Commander ses gâteaux reste une solution idoine pour ces centaines de femmes happées par le travail à l'extérieur comme à l'intérieur de la maison, ou parce qu'on ne réussit pas les recettes des aïeules. Une aubaine pour les pâtissiers et les confectionneuses de gâteaux, ces femmes bien installées chez elles, ont trouvé leur vocation en ce commerce très lucratif. Et pour cause: les adeptes des gâteaux prêts à être consommés sont de plus en plus nombreuses. Animées par une seule finalité: bien remplir son assiette le jour de l'Aïd avec des pâtisseries traditionnelles comme «le mekrout, baklawa» et autres gâteaux présentés par la chaîne de télévision Samira TV.
Même si les prix sont élevés, on se bouscule devant les portes, notamment pour les gâteaux traditionnels. Bien que tous les goûts soient satisfaits, ce commerce, selon certains, ne peut en aucun cas remplacer les coutumes et traditions.
Pour les uns, la fabrication de gâteaux à la maison est une des occasions pour réunir les membres de la famille et raffermir les liens entre les parents et proches. Pour les autres, fabriquer ces sucreries à la maison permet d'éviter l'achat de pâtisserie contrefaite, notamment au cours de cette période marquée par une grande demande et une fièvre acheteuse spectaculaire. Entre les uns et les autres, il y a la majorité qui estime que l'essentiel dans ces moments de fête demeure la célébration de l'Aïd Esseghir et la préservation des us et coutumes. Ces dernières demeurent de véritables rituels dont les familles annabies continuent de perpétuer leur préservation contre vents et marées.


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