Les enseignants de langue arabe et d'histoire- géographie, ont décidé de perturber la correction des copies de l'examen du baccalauréat Une telle manoeuvre démontre la faillite des détracteurs de la ministre qui s'accrochent à n'importe quelle «branche» dans l'espoir d'atteindre leur but. L'événement ne nous surprend guère. Des enseignants de sciences islamiques, auxquels se sont joints des enseignants de langue arabe et d'histoire- géographie, ont décidé de perturber la correction des copies de l'examen du baccalauréat. Cette agitation, enregistrée dans plusieurs wilayas du pays, est justifiée par une interprétation tendancieuse des propos tenus par l`inspecteur général pédagogique au ministère de l`Education nationale, Messeguem Nedjadi. Les enseignants ont observé une journée de protestation pour dénoncer une supposée décision du ministère de l'Education de retirer la matière de l'Education islamique de l'examen du baccalauréat. Or, cela n'a jamais été annoncé par la tutelle. S'exprimant lors d'une conférence de presse consacrée à l'annonce des résultats de l'examen de fin de cycle primaire et du brevet de l'enseignement moyen, Messeguem Nedjadi avait clairement déclaré que le projet de réforme du baccalauréat, qui attendait l'approbation du gouvernement, propose la réduction du nombre de jours des épreuves du baccalauréat tout en incluant l'évaluation continue de l'élève à partir de la deuxième année secondaire en comptabilisant toutes les matières. Il n'a jamais donc été question de supprimer l'épreuve des sciences islamiques ou une quelconque autre matière de l'examen de fin de cycle secondaire. Et même si cela devait être fait, aucune annonce officielle n'est intervenue pour le moment pour spécifier les matières des épreuves qui seront supprimées. En plus, lorsqu'un élève est examiné de manière continue dans une matière dite, en quoi cela peut-il réduire l'importance de cette science ou l'assiduité de l'élève? En fait, il semble bien que les détracteurs traditionnels de la ministre de l'Education, Nouria Benghebrit, tentent encore une fois de la déstabiliser. Ces derniers ne semblent, décidément pas vouloir lâcher prise. D'ailleurs, depuis sa nomination à la tête du ministère de l'Education nationale, la ministre fait l'objet d'une série d'attaques menées par des islamo-conservateurs. Avant même son installation, faut-il le rappeler, il lui a été reproché sa supposée origine «juive». La ministre a également été attaquée pour avoir évoqué l'idée d'introduire l'arabe dialectal dans l'enseignement. Elle a été accusée d'appliquer un «programme de destruction de l'école algérienne, imposé par la France». En 2016, après le scandale des fuites des sujets du baccalauréat, les islamo-conservateurs n'avaient pas attendu, pour ne pas dire ils avaient accouru, pour faire signer une pétition aux députés exigeant son départ. Cette année aussi, la longue grève qui a secoué le secteur ne s'inscrivait nullement dans un sillage syndical revendicatif, mais l'action avait bel et bien un cachet politique visant l'écartement de la ministre de l'Education. Sinon comment expliquer que de simples «malentendus», des «faits communs», ont poussé un syndicat, le Cnapeste en l'occurrence, à appeler à une grève nationale illimitée? La réalité est que les animateurs de cette grève avaient trouvé le moyen de faire durer le malaise jusqu'au pourrissement. Ils avaient même appelé les «hautes autorités du pays» à intervenir pour «dévoiler la vérité du complot» et à «réhabiliter l'école algérienne et de l'éloigner de toutes les formes de provocations et de manoeuvres qui peuvent la pousser vers de nouvelles tensions». Cela s'inscrit dans une pure logique politique faisant l'écho de thèses déjà brandies par les contradicteurs extrémistes de la ministre de l'Education qui avait été accusée de mener des réformes qui menacent les composantes de l'identité nationale. Et si hier les islamo-conservateurs avaient choisi le Cnapeste comme couverture pour mener leur «guerre» contre la ministre, il semble bien qu'ils ont opté aujourd'hui pour la Coordination des enseignants des sciences islamiques, une filiale de l'Unpef, qui, de sources proches du ministère de l'Education, a formellement été prévenue de l'impossibilité de la suppression de l'épreuve de la matière des sciences islamiques dans l'examen du baccalauréat. A quoi donc rime ce mouvement de protestation si ce n'est à une nouvelle pression exercée par les islamo-conservateurs pour faire partir Nouria Benghebrit? Une telle manoeuvre ne peut que semer la désolation chez près de 800.000 familles qui attendent avec impatience les résultats de leurs enfants. Une telle manoeuvre démontre la faillite des détracteurs de la ministre qui s'accrochent à n'importe quelle «branche» dans l'espoir d'atteindre leur but. Mais c'est compter sans la vigilance de Nouria Benghebrit qui sait pertinemment que les islamo-conservateurs guettent son moindre faux pas. Elle sait qu'elle avance sur un chemin miné, mais n'a pas l'intention de reculer. Ni d'abdiquer. La ministre qui a, dès le début, parlé de la «modernisation» de l'école, a été considérée par les obscurantistes, comme une menace réelle pour les valeurs du pays. Elle est devenue, depuis, la femme à abattre. Malgré cela, inflexible sur ses positions, Nouria Benghebrit reste décidée à mener à bien la mission qui lui a été confiée à la tête du secteur de l'éducation. Et les «coups bas» menés contre la République, elle saura y faire face.