Ils sont beaux les tristes jardins S'il est de notoriété publique que l'espace vert en milieu urbain est très largement en dessous des normes universelles en Algérie, il est tout de même entendu qu'un effort particulier a été réalisé par les autorités locales en charge de l'embellissement de la capitale, des dernières années. Des parcs réhabilités, de nouveau jardins créés... bref, d'importants travaux ont été initiés de sorte à offrir aux Algérois quelques espaces verts supplémentaires et rapprocher leur ville des standards mondiaux en la matière. Le très médiatique projet d'aménagement des berges de oued El Harrach, avec la très appréciée promenade des Sablettes, illustre l'intérêt des pouvoirs publics à répondre à une demande pressante des habitants de la capitale. Cela en sus de la réhabilitation du parc d'attractions de Ben Aknoun qui constitue un bijou de verdure à sauvegarder absolument. Dans la même optique, le parc des Grands Vents est censé élargir l'offre en espaces verts au bénéfice des Algérois. Le projet semble faire dans le surplace, mais la wilaya qui en a la charge promet d'en faire un pôle écologique par excellence. Cela pour dire que la préoccupation des habitants de la capitale est assez bien prise en charge. Mais Alger n'est pas l'Algérie. Le pays compte d'autres grandes villes qui vivent le même déficit en espaces verts. Comme pour Alger qui a hérité du jardin d'Essai et autre jardin de Beyrouth ou encore celui de la Liberté, Constantine, Annaba et Oran ont, elles aussi bénéficié des réalisations de l'administration coloniale dans ce domaine. La question qui se pose est de savoir ce qu'on en fait les autorités locales et les initiatives prises par ces dernières pour corriger les erreurs de l'urbanisation anarchique. Nos reporters dans toutes ces villes dresse un tableau de la situation. Refaits, les jardins de tizi ouzou retrouvent leur beaute Les artistes veulent animer la vie dans ces lieux Les jardins de la ville de tizi ouzou ont en effet retrouve leur charme d'antan. ils sont tres beaux dans leur nouvelle presentation refaite ces dernieres annees. " ils sont beaux, mais tristes a la fois." Maintenant que le plus difficile est fait, il suffira d'un peu d'imagination pour que la vie devienne plus paisible dans la ville de Tizi Ouzou. Il a fallu un travail colossal commencé conjointement par l'ex-wali Abdelkader Bouazghi et le maire de Tizi Ouzou, Ouahab Aït Menguellet pour que la vie revienne aux jardins de la ville des Genêts. Abandonnés durant plusieurs décennies, ces lieux de détente et de villégiature ont été, l'un après l'autre, refaits, retravaillés avant d'être rouverts au public. Le défi à présent est de faire renaître la vie dans ces jardins. De leur rendre leur vocation initiale et de faire renaître de ses cendres l'ancienne ville de Tizi Ouzou qu'on appelait, jadis, la petite Suisse algérienne. Qu' ils sont beaux ces tristes jardins! Mais que faut-il encore pour que ces jardins publics, très beaux grâce aux travaux de restauration subis, s'animent? Pour répondre à cette question à première vue simple, nous avons cherché des réponses, non pas dans les lieux et chez les personnes spécialisées, mais plutôt chez les habitants de la ville. C'est facile de décider d'aller voir un architecte paysagiste ou un responsable à la mairie, mais là, notre quête n'est pas d'ordre matériel ou du concret. Pour réanimer les jardins, il faut des idées et des initiatives. Un terrain que seul les concernés sont en mesure de penser. Il faudra en effet repenser ces jardins pour leur donner leur rôle de lieux de détente et de villégiature. C'est justement, l'impression qu'on a lorsqu'on met le pied dans le jardin public situé au centre-ville. Le jardin du 1er-Novembre a été admirablement refait. Les plus vieux avouent qu'il a vraiment retrouvé son ancien visage. " Il est exactement à l'état où il était dans les années 50. On passe des moments agréables entre ces allées chaleureuses et accueillantes ", témoigne un vieil homme assis au soleil. Mais ce n'est pas l'avis des jeunes générations. Pour elles, un jardin public a une tout autre vocation. Languir au soleil est un moment de plaisir, mais les jeunes ont besoin de plus que ça. Les jardins de la ville de Tizi-Ouzou ont en effet retrouvé leur charme d'antan. Ils sont très beaux dans leur nouvelle présentation refaite ces dernières années. " Ils sont beaux, mais tristes à la fois. " Le silence, dans les allées de ce jardin ", affirme Yacine, un jeune habitant à proximité du jardin Mohand Oulhadj. Ce grand espace relooké possède une cafétéria à l'un de ses angles. Ses allées et ses bancs sont très fréquentés par les couples qui fuient les regards curieux. " C'est très calme ici en effet. Mais ce calme commence justement à m'ennuyer. Il faut de l'animation", témoigne un jeune rencontré sur place avec sa compagne. De beaux jardins, c'est comme le ciel sans oiseaux La sentence est dite. La majeure partie des jeunes abordés la partagent. La beauté de ces lieux n'inspire pas encore les artistes. Les jeunes qui nous ont donné cette idée ont un objectif. Lancer un appel aux autorités locales, à leur tête le maire Ouahab Aït Menguellet, pour ouvrir ces jardins aux jeunes artistes. " On veut en faire des jardins comme ailleurs, où on rencontre toute sorte d'artistes: des peintres, des portraitistes, des guitaristes, des conteurs. La vie n'est belle dans ces jardins que si ces artistes sont là ", affirme Arezki, un jeune qui est passé par plusieurs pays européens. En effet, les jeunes qui voient d'un bon oeil les travaux effectués sur les jardins publics de la ville de Tizi Ouzou attendent maintenant que les autorités aident à leur animation. La beauté de ces lieux s'en trouvera grandement sublimée par les artistes qui les fréquenteront. C'est d'ailleurs l'avis d'Idir, un jeune peintre sculpteur qui rêve d'aller dessiner ses tableaux dans le jardin. " Je suis peintre et dans les moments de vide, j'aime bien dessiner des portraits. Si je me sens en sécurité dans ces jardins, je pourrais même gagner un peu d'argent en faisant les portraits des passants ", affirme-t-il. Enfin, après cette petite balade sur les lieux, il est apparu en effet que les gens de Tizi Ouzou sont vraiment reconnaissants envers les responsables locaux qui ont travaillé pour remettre au goût du jour ces lieux qui étaient, il n'y a pas si longtemps, fréquentés uniquement par des clochards. Il y régnait une insécurité invraisemblable. Aujourd'hui, les jeunes, les vieux sont ravis de redécouvrir ces lieux qui ont fait la gloire de la ville des Genêts au point qu'elle était très appréciée des touristes européens. Aujourd'hui, les jeunes veulent apporter leur touche spécifique en animant ces jardins par de l'art dans toute sa splendeur.