L'offensive du Nord-Constantinois et ses promoteurs qui sont considérés comme de véritables précurseurs du mouvement de Libération nationale Le cas de l'offensive du Nord-Constantinois est illustré de la sorte, c'est-à-dire en termes de tournant historique décisif qui a balisé le terrain de la lutte en la dotant de structures et de doctrine en mesure de rompre avec le statu quo colonial et mettre de l'avant le concept de la libération tous azimuts. Smendou, une bourgade qui vivait dans la déchéance, l'ostracisme et la déshérence la plus éhontée. C'était le lieu de celui qui a su s'inspirer des valeurs de cette bourgade aux ancêtres pétris d'humilité, de bravoure et de stoïcisme né. Il s'agit de l'inénarrable Zighoud Youcef, un forgeron qui est devenu soldat par la force de l'histoire et les circonstances imposées par le diktat colonial de la France vétillarde et championne en imposture et inepties. Le 20 août 1955 est une date charnière qui rime avec le mythe fondateur d'une révolution des plus glorieuses de par l'histoire moderne de l'humanité en lutte et en résistance armée. Smendou est une espèce de couple qui concilie le nom et le lieu. Le nom est plus qu'édifiant, il rappelle la longue marche du peuple algérien qui croupissait sous les ténèbres de la vie coloniale faite d'injustice, de terreur et de massacres et autres famines et dépossessions. Le lieu est un référentiel qui s'identifie à un événement majeur, voire inaugurateur d'une nouvelle page d'histoire dans la perspective de renverser les rapports de force et faire entendre la voix des «damnés de la terre» en même temps que leur quête pour l'affranchissement et la libération du poids du colonialisme et de l'assujettissement imposés par les enfumades orchestrées par les généraux criminels dépourvus de code d'honneur et de moralité. Donc, c'est tout un monde qui dégage une saveur trempée dans la douleur et le sang. Le nom de Zighoud Youcef est indissociable de l'offensive du Nord-Constantinois et le tournant décisif qu'avait pris la révolution algérienne pour donner un deuxième souffle au mouvement de Libération nationale armé. C'est dire que le nom et le lieu sont des repères, voire un référentiel de taille dans la cristallisation de la conscience révolutionnaire de tout un peuple et son combat légitime dans le sillage du recouvrement de son indépendance et de sa souveraineté nationale en consentant un lourd tribut par un sacrifice des plus suprêmes. La révolution algérienne a incité et même inspiré les historiens de faire dans les nuances et l'approche comparative pour mettre en relief les moments forts des révolutions de la trempe de la nôtre et d'en ressortir les aspects déterminants qui constituent l'élément phare dans l'émergence d'une démarche aussi conséquente et porteuse en termes de lutte et de combat libérateur. Le cas de l'offensive du Nord-Constantinois est illustré de la sorte, c'est-à-dire en termes de tournant historique décisif qui a balisé le terrain de la lutte en la dotant de structures et de doctrine en mesure de rompre avec le statu quo colonial et mettre de l'avant le concept de la libération tous azimuts. La prouesse de ceux qui ont su peaufiner un «paradigme» révolutionnaire qui s'est soldé par l'offensive du Nord-Constantinois, réside dans le lien dialectique et intrinsèque entre la première tentative de remettre en cause de l'ordre colonial et sonner son hallali en hissant la dimension de la libération d'une manière structurée au haut rang de la préoccupation révolutionnaire. C'est là où réside le génie de l'offensive du Nord-Constantinois et ses promoteurs qui sont considérés comme de véritables précurseurs du mouvement de Libération nationale. La tentative inauguratrice de la rupture avec la nuit coloniale du 1er Novembre 1954 était une espèce d'expression dont les dès ont été bel et bien jetés avec comme objectif de rompre avec le cordon ombilical du colonialisme et ses succédanés infâmes. Cette opération d'envergure qui a ébranlé les tenants du colonialisme de l'intérieur à travers ses cent seigneurs et son élite politique dans la métropole, se voulait comme le prélude d'une nouvelle ère dans la vie et l'histoire du Mouvement national algérien. C'est ce saut historique spectaculaire qui a été renforcé par la pugnacité des précurseurs à l'image de Zighoud Youcef, Larbi Ben M'hidi, Didouche Mourad, Abane Ramdane et d'autres figures emblématiques de la glorieuse révolution nationale. L'offensive du Nord-Constantinois est pour la révolution algérienne ce qu'est Jean Moulin pour la résistance française. Ironie du sort, l'offensive a été menée par celui que l'on surnommait l'homme au chapeau de brousse, Zighoud Youcef en l'occurrence. Toute sa pérégrination était jalonnée par la militance dès son jeune âge, de combat dans l'organisation secrète (l'OS) et son emprisonnement après le démantèlement de l'organisation en 1950. C'était la crise du Mouvement national en général et du PPA-MTLD en particulier. Cette crise s'est exprimée via des luttes intestines et aussi caractérisée d'une maladie infantile du «zaïmisme» qui frisait le burlesque incarné par le père du nationalisme algérien, à savoir Messali Hadj. Les deux insurrections ont pu donner de l'élan et le sursaut salvateur au Mouvement national en l'imbibant dans le feu de la lutte armée et le sauver de sa crise et de son impasse par ricochet. L'insurrection du Nord-Constantinois s'est donnée comme objectif le dépassement d'une conjoncture léthargique d'un Mouvement national livré aux jeux de la mondanité politique et de l'embourgeoisement parlementaire; c'est en fait une véritable rupture «épistémologique» avec la classe politique de l'époque en mettant le préalable de la lutte armée et de l'indépendance comme un credo irréversible. C'est de Smendou que l'offensive a pris la forme d'un rêve annonciateur d'un torrent charriant tous les vestiges d'un colonialisme des plus abjects et barbares. C'est aussi la formidable jonction entre cette offensive menée par l'homme au chapeau de brousse et la date aussi glorieuse et significative dans le processus révolutionnaire et de combat libérateur du pays, soit le congrès de la Soummam et son mérite d'asseoir les jalons d'une organisation et d'une structure qui a su théoriser la révolution et enclencher le processus de l'indépendance et du recouvrement de l'indépendance. La date du 20 août 1955 est une halte pour s'inspirer des sacrifices de gens sobres, humbles, mais grands dans leur témérité et leur sens de l'abnégation qui ressemble à un roman où le héros se présente comme une légende qui scrute la mort et sa consumation tel un feu pour façonner une vie, voire un monde nouveau cassant avec les archétypes d'un colonialisme qui a été bâti sur fond d'une fantasmagorie rejetée par l'histoire qui ne suit que son cours répondant à sa propre loi comme la nature qui a horreur du vide.