Boualem Amoura, secrétaire général du Satef Boualem Amoura est secrétaire général du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef) et membre fondateur de la Confédération des syndicats algériens (CSA). Dans cet entretien, il revient sur la création de cette nouvelle organisation syndicale. Défis et perspectives sont décortiqués par celui qui qualifie cette «naissance» comme un jour historique. L'Expression: Pourquoi avez-vous décidé de créer cette confédération? Boualem Amoura: L'idée de se constituer en confédération ne date pas d'hier. C'est une idée qui germe depuis 1994 avec les syndicats qui existaient à l'époque. L'événement qui a catalysé les énergies et accéléré le processus a été la tripartite de Annaba en 2016, quand la suppression de la retraite anticipée et sans condition d'âge après 32 ans de service a été proposée par le partenaire social! Ce n'était pas une proposition du gouvernement ou du patronat. C'est l'organisation qui était supposée défendre les intérêts des travailleurs qui bradait ses acquis. Différents syndicats se sont consultés afin de se constituer en confédération pour contrer la menace qui pèse sur les acquis sociaux. Quels sont les axes de travail de la CSA? Avez-vous établi un agenda? La confédération a du pain sur la planche. Son but est de défendre les droits et acquis des travailleurs, mais nous avons établi quatre axes prioritaires. Le premier est de défendre le pouvoir d'achat qui s'effrite à une grande vitesse. Nous estimons que le Snmg devrait être revalorisé pour atteindre au moins les 40.000 da. Nous comptons nous pencher également sur l'affaire de la suppression de la retraite anticipée sans condition d'âge après 32 ans de service, car nous ne pouvons nous taire face à la perte des acquis des travailleurs. L'avant-projet du code du travail figure également parmi nos priorités, car après l'avoir étudié, nous estimons qu'il sert principalement les intérêts du patronat. Nous estimons aussi que nous devrions être associés à son étude et son élaboration. Finalement, nous comptons défendre les libertés syndicales. Voici nos quatre priorités, et nous avons du pain sur la planche. Quels seront vos rapports avec le ministère du travail, ainsi qu'avec l'Ugta? Nous avons tout fait dans le respect de la loi 90-14 qui définit le libre exercice syndical, et l'Algérie a signé des convention internationales, notamment la convention 87 de l'OIT sur la liberté syndicale, donc nous sommes optimistes quant à l'obtention de l'agrément pour la confédération. Cette dernière n'a pas été créée pour être contre quiconque, ni avec quiconque. Son seul but est de défendre les droits des travailleurs comme il se doit. Il n'y a pas de raison que l'Algérie ne se dote pas d'une deuxième centrale syndicale. Nos voisins nous ont dépassé dans ce domaine, en ayant déjà plusieurs centrales. Pourquoi pas l'Algérie? Elle n'en sera que grandie avec une nouvelle centrale syndicale indépendante, et le travailleur ne pourra qu'en bénéficier. Nous souhaitons participer aux prochaines tripartites quand nous serons agréés, car nous ne sommes pas une organisation sectorielle ou corporatiste, mais notre rôle est de défendre les intérêts moraux et matériels des travailleurs algériens.