Ali Benhadj est-il concerné par les mesures de grâce? S'inscrivant à contre-courant de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, approuvée à une écrasante majorité par le peuple algérien, le président de l'ex-FIS, Abassi Madani, demande au chef de l'Etat de libérer Ali Benhadj. Ce dernier accusé d'apologie du terrorisme a été, rappelons-le, arrêté il y a deux mois, pour avoir justifié l'enlèvement des deux diplomates algériens, Ali Belaroussi et Azeddine Belkadi, exécutés après plusieurs jours de détention. Le chef historique du Front islamique du salut a lancé, en effet lundi, un appel au président Abdelaziz Bouteflika l'exhortant à décréter une amnistie générale, incluant Ali Belhadj, l'ex-numéro deux du FIS, à l'occasion du 51e anniversaire du 1er novembre 1954. Dans un message adressé depuis Doha, où il vit depuis deux ans, Madani invite le chef de l'Etat algérien à «proclamer une amnistie générale, sans exclusive, à libérer les prisonniers, en tête desquels l'honorable cheikh Ali Belhadj, à lever l'état d'urgence et à assurer un règlement juste à la question des disparus». En s'adressant à «mon frère, l'honorable président Abdelaziz Bouteflika», Abassi Madani qui qualifie la fête du 1er novembre comme «un tournant qualificatif» dans l'histoire de l'Algérie «pour vivre unis comme autrefois», propose aussi «un cessez-le-feu à tous les Algériens armés pour rétablir la confiance manquée et en vue de leur retour chez eux en toute sécurité». Cette charte comprend notamment l'extinction des poursuites judiciaires pour les islamistes armés qui ont déjà mis fin à leurs activités armées et se sont rendus aux autorités, tout en excluant ceux impliqués dans des massacres collectifs, des viols ou des attentats à l'explosif dans des lieux publics. Libéré le 2 juillet 2003 après avoir purgé une peine de prison de 12 ans, M.Belhadj a été de nouveau arrêté en juillet dernier. Il est utile de rappeler que le N°2 de l'ex-FIS, a été libéré après 12 ans de détention avec Abassi Madani. Comme il leur a été interdit de s'exprimer publiquement, à défaut de quoi ils feraient l'objet de poursuites judiciaires. Or depuis son élargissement, Abassi Madani multiplie des déclarations à la presse et intervient dans des conférences sans pour autant être inquiété. Cependant, Ali Benhadj est-il concerné par les mesures de grâce décrétées en faveur des éléments des groupes armés non impliqués dans des massacres et autres viols et dépôt d'explosifs dans les places publiques? Sans doute non parce que le N°2 du parti dissous a à son actif plusieurs autres affaires qui risqueraient de le charger encore davantage. Il est utile de rappeler qu'il lui a été reproché d'avoir lancé un appel aux groupes armés de poursuivre leurs actions. La lettre que les services de sécurité affirment avoir retrouvée en possession de Gousmi Chérif, abattu au milieu des années 90 écarte toute éventuelle libération de Ali Benhadj.