Adnan Asaigh est un Irakien qui lutte pour la liberté de la parole. L'Union des écrivains suédois a fait la une arabe et européenne en cédant son prix annuel à un poète arabe, Adnan Asaigh. Le fait accompli sort de l'ordinaire dans le «pourquoi» de la nomination déclarée «pour sa poésie mêlée de grand courage durant son voyage entouré de danger politique.» Adnan Asaigh né à Koufa en 1955, un Irakien qui a lutté très fort durant des années pour la liberté de la parole, considère toujours la poésie comme un art. «L'art de pendre des tableaux par les mots», dit-il avec son sourire de vainqueur. Vivant à Londres depuis un an, ce poète courageux, malgré la mort qui guette son âme avant son corps, a dédié ses galeries de peinture à sa patrie avec une grande confiance en soi qui s'exclame dans chaque texte. Paol Nelson, le président de l'Union, déclare dans une belle phrase, que Adnan défie le lecteur dans chaque personnage poétique du texte. Ce défi n'est pas venu par hasard. On le trouve clairvoyant dans son premier recueil 1984: Attend-moi sous la liberté puis dans. Des chansons sous le pont de Koufa en 1986 jusqu'à Un cri à la taille de la patrie en 1998, Ecrire avec les angles en 2000 et L'exil sous le bras en 2001.On retrouve toujours ce parfum de pureté d'âme chez le poète ; son amour pour l'Irak et la vie surtout dans son recueil Les oiseaux n'aiment pas les balles en 1986 où il prend grand soin des paysages et des petits traits de la vie simple et tourmentée à la fois des peuples arabes qui ne trouvent leur aise que dans le rêve. Ce rêve bien entouré en 1992 dans Des miroirs pour ses longs cheveux, les cheveux d'une femme qui signifie plusieurs choses à la fois, l'amour, la vie. La nostalgie et Baghdad, sa ville adoptive qu'il quitte pour un exil long et douloureux, se résument en 1994 dans Sous un ciel inconnu. Cependant, ce prix n'est qu'une médaille qui vient s'ajouter à bien d'autres exploits: le prix universel Hellman Hammett, 1996 pour la paix et la liberté à New York et le prix Poetry international award en 1997 à Rotterdam. Et ce n'est pas fini puisque la voix de Adnan a fait le tour du monde, de la Jordanie jusqu'à la Colombie d'où il revient récemment après une beau passage dans son théâtre. Certes, le défi de ce poète mérite son courage. Un courage primé par l'Union suédoise cette fois et qui certifie le grand pouvoir des mots qui dessinent des ponts tout autour de la planète bleue.