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Quel impact sur la crise institutionnelle?
APRÈS LES ARRESTATIONS DE SAID BOUTEFLIKA, TOUFIK ET TARTAG
Publié dans L'Expression le 06 - 05 - 2019

Nouveau processus en cours depuis le déclenchement de l'élan populaire
Le dialogue politique doit viser la démarche qui fait le consensus au sein de la société, à savoir la mise en oeuvre d'un processus de transition démocratique en mesure d'enclencher la dynamique d'une issue négociée avec l'institution militaire.
Les événements s'accélèrent, le paysage politique national vit au rythme des arrestations de hauts «dignitaires» du régime décri par la majorité du peuple, qui ne cesse de battre le pavé et crier à haute voix dans les rues et les espaces publics chaque vendredi, depuis la première marche du 22 février, que le système doit partir avec tous ses symboles.
L'événement spectaculaire de l'arrestation des trois «gros poissons» du système décrié par les Algériens et les Algériennes, à savoir le général Mohamed Mediene dit Toufik et le général Athmane Tartag dit Bachir et celui qui était considéré comme la pièce maîtresse de «la bande», le frère de l'ex-président Abdelaziz Bouteflika, Saïd Bouteflika, est une opération qui démontre on ne peut mieux la cadence prise par le nouveau processus en cours depuis le déclenchement de l'élan populaire et sa mobilisation qui se maintient.
Cette arrestation qui se veut comme un gage de bonne «intention» des nouveaux décideurs, à savoir les représentants de l'institution militaire et à leur tête le chef d'état-major et vice-ministre de la Défense nationale, Gaïd Salah dans une optique visant à lutter contre la corruption dans toutes ses expressions y compris politique, suscite moult questionnements et interrogations au niveau de l'opinion nationale et des élites politiques.
Certes, l'événement en lui-même est plus qu'édifiant, étant donné que parmi les revendications exprimées fortement par la majorité du peuple c'est d'arrêter tous les symboles du système corrompu et prédateur et à leur tête le frère de l'ex-président, Saïd Bouteflika qui incarnait «brillamment» le clan oligarchique de ce système. Mais beaucoup de zones d'ombre entourent le processus lancé, en ce qui concerne la justice qui aurait été actionnée d'une manière «intempestive», pour ouvrir des informations judiciaires, engager des enquêtes et juger ceux qui sont suspectés d'être derrière les grosses affaires de corruption et de détournement de deniers publics en des sommes faramineuses.
Les plus avertis voient en cette démarche, non pas une justice qui vient de sortir des sentiers battus et qui arrive à restituer son indépendance confisquée par les tenants du statu quo, mais une espèce de guerre entre clans hétéroclites et disparates à telle enseigne, que même au sein et à l'intérieur du mouvement populaire, on trouve et on voit des pancartes qui sont hissées et où on peut lire des slogans reflétant la situation actuelle, comme c'est le cas pour la pancarte qui a été hissée lors de la dernière marche du onzième vendredi où il est écrit clairement et nettement «Qui juge qui?». Cette interrogation renseigne on ne peut mieux sur les enjeux qui se trament, voire qui se cachent derrière cette démarche qui pour un nombre important d'observateurs cela relève d'une stratégie visant à détourner l'attention des masses populaires sur l'urgence qui stipule le changement du régime tous azimuts.
D'ailleurs, et c'est ce qui ressort des analyses et des déclarations d'experts et de sociologues sur cette question qui a trait au changement et la période de transition où leur mise en oeuvre est susceptibles d'engager le processus d'un véritable changement politique et asseoir les mécanismes de justice transitionnelle qui traitera des dossiers liés à la corruption dans toutes ses formes avec sérénité et sans règlement de comptes ni calcul sordide, visant la réhabilitation du système via des subterfuges et le recours à la diversion.
La démarche de l'institution militaire qui a été exprimée par son chef, le général de corps d'armée, Gaïd Salah, qui consiste en le maintien de la Constitution comme moyen pour résorber la crise politique via une élection présidentielle le 4 juillet, n'est pas vue d'un bon oeil par la majorité des Algériens et des élites politiques.
Le dialogue politique doit viser la démarche qui fait le consensus au sein de la société, à savoir la mise en oeuvre d'un processus de transition démocratique en mesure d'enclencher la dynamique d'une issue négociée avec l'institution militaire pour asseoir les jalons d'un nouveau système politique s'arc-boutant sur la consécration de la souveraineté populaire comme critère inéluctable d'un changement démocratique.


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