Le chef de l'état Les acteurs de la scène politique ne voient aucune évolution dans l'attitude du pouvoir. Insuffisant. Discours vide et peu convaincant. Absence de garanties et d'éléments pour trouver des solutions. La classe politique est unanime dans ses réactions. Le discours prononcé par le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah est égal à lui- même. Les acteurs de la scène politique ne voient aucune évolution dans l'attitude du pouvoir. La dernière sortie du chef d'Etat par intérim a provoqué le même son de cloche. Les partis ne comprennent pas pourquoi le pouvoir tourne en rond. «C'est insuffisant ce que propose le chef de l'Etat», déclare en préambule le président de Jil Djadid.» Contacté par nos soins, Soufiane Djilali juge que le discours n'avance pas des éléments concrets en mesure de rétablir la confiance. «Les Algériens attendaient des gestes symboliques. On pensait qu'il allait proposer une commission de personnalités qui va lancer le dialogue, mais en vain», regrette notre interlocuteur qui rappelle que «les revendications du peuple sont claires, ils réclament le départ des trois B». Pour lui, la proposition de dialogue et les élections transparentes sont insuffisantes, il faut donner des gages de bonne volonté. «Ils attendent quoi pour lancer le dialogue et répondre aux revendications du peuple?», se demande le président de Jil Jadid. Lakhdar Benkhelaf déclare ouvertement que le discours est hors champ. «Ce n'est pas avec ce discours que nous allons sortir de la crise, il faut répondre aux revendications du peuple algérien qui demande le départ des trois B», a-t-il soutenu. Selon lui, il fallait penser à d'autres solutions en proposant l'installation d'une commission composée de compétences et de personnalités qui vont mener le dialogue à la place de responsables contestés. Le porte-parole du parti de la justice et du développement (PJD) relève qu'il y a un double langage dans le discours du pouvoir. «Le dialogue n'a pas encore commencé et le pouvoir prépare déjà l'élection», a-t-il affirmé avant de s'interroger: «De quel droit Bensalah prolonge son mandat?». Benkhelaf dit que le président de l'Etat «est déconnecté de la réalité et vit dans une autre planète». Le Parti des travailleurs qualifie le discours de Bensalah de provocation. «Abordant le contenu du discours à la nation prononcé la veille par le président Abdelkader Bensalah, issu du coup de force de l'article 102 de la Constitution, le Spbp relève son caractère provocateur car il nargue les millions d'Algériennes et d'Algériens qui manifestent de manière continue depuis bientôt 4 mois pour le départ du système et de tous ses symboles», indique un communiqué rendu public à l'issue de la réunion tenue hier au siège du parti. Même avis partagé par le vice-président de la Laddh. Saïd Salhi constate que Bensalah n'a pas annoncé quelque chose de nouveau dans son discours. «On ne peut pas aller vers une élection sans préparer le climat», a-t-il affirmé dans une déclaration à L'Expression. Salhi dit qu'il est favorable au dialogue, mais sans préalable et en dehors de l'agenda présidentiel. Le président de l'association RAJ, Abdellah Fersaoui constate que le pouvoir ignore la demande du peuple. Il continue la fuite en avant en maintenant l'option de l'élection. «Organiser une élection ne peut que compliquer la crise et régénérer le système, la réponse du peuple au 16 vendredi est très claire, le mouvement se radicalise davantage et l'institution militaire est interpellée directement pour l'installation d'un Etat de droit», nous confie-t-il par téléphone. D'autres acteurs politiques ont répondu à chaud sur le discours de M.Bensalah. Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie, Mohcen Belabbas, a vite rejeté cet appel. «La situation exceptionnelle que vit le pays nous oblige, nous aussi, à continuer à assumer nos responsabilités de citoyens par une mobilisation permanente et une présence massive dans la rue jusqu'au départ de la «bande» et l'avènement d'un nouveau système politique», a-t- il publié sur son compte twiter. Pour lui, le discours de Bensalah est une lecture des grandes lignes du discours du chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah. Ces réactions montrent que l'appel au dialogue va subir le même sort que celui lancé auparavant. Autrement dit, l'échec va se reproduire pour la troisième fois et le pouvoir se retrouvera devant le fait accompli.