Un deuxième «B» de moins. Le président de l'Assemblée populaire nationale, Mouad Bouchareb, a fini par céder à la pression. Le troisième homme politique de l'Etat a remis sa démission, hier, après avoir tenu tête au mouvement de contestation. Ses adversaires ont réussi leur coup d'Etat sous prétexte de soutien au Mouvement populaire. «Nous n'avons fait que soutenir une revendication du Mouvement populaire qui réclame le départ de tous les «B», affirme le président du groupe parlementaire du FLN, Khaled Berriane. Mouad Bouchareb, qui a été porté à la tête de l'institution en remplacement du président Bouhadja, vient d'être sacrifié par ses collègues du FLN pour satisfaire le Hirak. Contrairement au président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaïz, qui a démissionné, Mouad Bouchareb a été forcé à prendre la porte. Ce dernier a eu le même sort que son prédécesseur Saïd Bouhadja. Boycott des séances plénières, blocage de toute activité parlementaire, les hommes du secrétaire général du FLN, Mohamed Djemaï, ont usé de tous les moyens pour avoir la tête de leur bête noire. Ils ont pris sérieusement en otage l'institution, annulant toute activité officielle. Même la cérémonie de clôture de la session parlementaire a été reportée. Le gouvernement s'est contenté d'assister à la cérémonie de clôture de la session au niveau du Sénat vu l'ambiance houleuse qu'a connue l'APN. Pendant deux jours, le président de l'APN a été sérieusement assiégé jusqu'à ce qu'il ait fini par remettre le tablier. Une décision qui a soulagé plus d'un. «Il fallait qu'il démissionne depuis longtemps », commente Messaoud Lamrani député de l'union Adala-Nahda- Elbina. «La direction du RND se réjouit de cette décision qui vient comme réponse à la demande de la rue», soutient le chef du groupe parlementaire, Ben Menmerabet. Pour le chef du groupe parlementaire du FLN, Khaled Bourriah, principal meneur de ce coup de force, le départ du président de l'APN était imminent avec la demande persistante du Mouvement populaire. Dans un communiqué rendu public, l'APN a fait acte de la démission du président. Les membres du Bureau ont pris acte et constaté à l'unanimité, la vacance du poste de président de l'APN, par suite de démission», a précisé la même source. «Conformément aux dispositions de l'article 10 du règlement intérieur de l'APN, le Bureau a décidé de soumettre le dossier de vacance du poste de président de l'APN à la Commission des Affaires juridiques et administratives et des libertés pour élaborer le rapport constatant la vacance». Interpellé sur cette situation le ministre des Relations avec le Parlement Fethi Khouil a soutenu qu'il s'agit d'un problème en rapport avec le parti et non pas de l'institution. Ainsi, l'Assemblée va prolonger sa session jusqu'à l'élection d'un nouveau président. Peut-on s'attendre à un retour de Saïd Bouhadja? Cette thèse est fortement écartée. «Le président Bouhadja a été chassé en raison de malentendu avec les députés sur la méthode de travail», assure un député du FLN. La direction du FLN a sans doute une idée sur le prochain propriétaire du poste de président de l'APN. L'annonce n'est qu'une question de formalité. Dans deux semaines, si ce n'est moins, le nouveau président de l'APN sera désigné pour enfin procéder à la clôture de la session. «Une fois le rapport de la vacance du poste sera voté, on procédera à l'élection du nouveau président, puis la clôture de la session parlementaire», a affirmé le patron du groupe parlementaire du FLN. Ainsi, cette session aura connu trois présidents en l'espace de 10 mois seulement.