Un scénario cousu à l'avance. Le puzzle est presque monté. Le nouveau président de l'APN est déjà connu. Le FLN n'attend pas jusqu'à la dernière minute pour trancher. Le secrétaire général du FLN joue toutes les cartes pour garantir son élection à la tête de l'Assemblée populaire nationale. Mohamed Djemaï a réuni, hier matin, le comité des sages au siège du parti avant de convoquer les députés à un conclave dans l'après-midi. Objet : arracher un consensus sur la personne qui succédera au désormais ex-président de l'APN, Mouad Bouchareb. Dans les coulisses, les manœuvres vont bon train. Le patron du FLN veut arracher un appui fort des députés tout en évitant qu'il y ait des désaccords ou scission au sein du groupe parlementaire. «Le secrétaire général est le plus favori pour occuper le poste de président de l'APN et en cas de problème il y aura la candidature de Si Affif comme plan B», affirme une source proche du parti. Ainsi, la séance de demain qui sera consacrée à l'adoption du rapport de la vacance du poste et l'élection du nouveau président de l'APN n'est qu'une simple formalité à compléter. Le parti du pouvoir qui est bien entraîné aux manœuvres politiques ne laisse rien au hasard. Le parti majoritaire ne compte pas rétablir l'ancien président de l'APN Saïd Bouhadja, qui est du point de vue statutaire le président légitime. Saïd Bouhadja, qui était présent à la réunion et qui a été présenté en tant que président de l'APN par le secrétaire général n'a pas tardé à quitter la salle. Ce dernier s'est senti marginalisé. «Après le départ des éléments qui étaient derrière la cabale menée contre ma personne, il faut rétablir les choses si on veut réellement parler de la légitimité», a soutenu Bouhadja dans une déclaration à la presse en marge de cette réunion où il a fait directement allusion à son adversaire Djamel Ould Abbès en affirmant : Je suis moudjahid et j'ai fait le maquis. » L'ancien porte-parole du parti n'a pas dissimulé son mécontentement face au scénario qui se prépare au sein de la direction du parti. Selon lui, la légitimité ne dépend pas de Djemaï, mais des principes et des dispositions du règlement intérieur. «Nous sommes des légalistes et nous restons fidèles à nos principes», a-t-il déclaré avant de conclure. Bouhadja, qui a déposé plainte au niveau de la justice, ne compte pas se taire apparemment sur cette affaire. Dans son discours devant les membres du comité des sages, Djemaï a mis l'accent sur l'urgence de souder les rangs du parti tout en rappelant que la bataille menée contre le président démissionnaire, Mouad Bouchareb, a divisé les députés entre opposants et partisans. Il a reconnu toutefois que sacraliser les personnes est une erreur. «On ne doit pas s'attacher aux postes de responsabilité», a-t-il insisté. Pour lui, le parti doit se concentrer sur sa cohésion pour préserver sa place au niveau de la scène politique pour s'adapter aux les attentes du Hirak. Djemaï a insisté sur l'ouverture des portes aux jeunes. «Sans les jeunes il n'y aura ni activité ni existence du parti», a-t-il clairement avoué. L'homme fort a défendu son parti en précisant qu'il n'était pas le seul responsable de la crise. «Nous assumons notre responsabilité partielle dans la gestion», a-t-il proprement dit en précisant qu'il n'y a aucune Assemblée populaire communale qui est gérée par le FLN seul.