«Une grande décision » stratégique de Mercedes, c'est ce qui a permis au Britannique Lewis Hamilton de remporter dimanche le Grand Prix de Hongrie, douzième manche de la saison de Formule 1 et dernière avant la trêve estivale. Le Néerlandais Max Verstappen (Red Bull), parti en pole position pour la première fois de sa carrière après 92 GP, se contente de la deuxième place, devant l'Allemand Sebastian Vettel (Ferrari). Sur le Hungaroring, circuit court et tortueux peu propice aux dépassements, Hamilton a manqué à la mi-course, après leurs premiers arrêts respectifs aux stands, l'occasion de prendre le meilleur en piste sur Verstappen. Son écurie a donc élaboré un plan B: le Britannique, qui était troisième sur la grille, a changé une seconde fois de pneumatiques, luxe que son rival ne pouvait pas se permettre au risque de lui céder d'office la tête de la course. Chaussé de pneus plus frais et plus tendres, donc plus rapides, le quintuple champion du monde, auteur d'une brillante remontée malgré ses doutes initiaux vis-à-vis de ce coup stratégique, a pu dépasser le pilote Red Bull au 67e tour sur 70. « Désolé d'avoir douté de votre stratégie, a-t-il réagi à la radio après avoir remporté son huitième succès cette saison. C'était une grande décision. Je vous suis reconnaissant de l'avoir prise. » « Nous ne pensions pas que les choses pouvaient tourner ainsi, mais les stratèges ont fait les bons choix, a abondé son patron Toto Wolff. Il y a bien eu un moment où nous n'étions pas sûrs de pouvoir rattraper Max, mais il (Hamilton) a fait le travail et une fois qu'il l'a eu dans son viseur, nous savions qu'il allait bondir. » S'il y avait un doute sur l'identité des artisans de cette victoire, c'est James Vowles, le stratège en chef des Flèches d'argent, qui est monté sur le podium pour recevoir le trophée des constructeurs. Hamilton estime avoir réalisé l'une de ses « meilleures » premières parties de saison en F1, méritant un « 8,8 ou 8,9 » sur 10. Cela se ressent au Championnat, où il voit son avance passer de 41 à 62 points sur son équipier et dauphin finlandais Valtteri Bottas, 8e seulement à Budapest. Chez les constructeurs, Mercedes a 150 points d'avance sur Ferrari et 194 sur Red Bull. Même s'il « n'aime pas parler de rédemption », le champion en titre met aussi derrière lui un GP difficile en Allemagne la semaine dernière, où, malade, il a commis une série d'erreurs qui l'ont relégué à une amère neuvième place. Après avoir abîmé son aileron avant sur la roue du Britannique lors d'un premier tour brouillon, Bottas, deuxième sur la grille, s'est trouvé réduit à disputer une course anonyme, nouvelle déception après son abandon consécutif à un accident à Hockenheim. Surtout, le Finlandais n'a plus que sept longueurs d'avance au Championnat sur Verstappen, troisième, qui a pris dimanche le point du meilleur tour. Candidat au titre en début de saison, le second pilote Mercedes semble en passe de perdre sa position de deuxième homme au profit de son rival chez Red Bull, qui reste sur trois podiums, dont deux victoires, lors des quatre dernières courses. Une mauvaise nouvelle alors que Toto Wolff doit décider s'il le conserve l'an prochain ou donne une chance au Français Esteban Ocon. Le Monégasque Charles Leclerc (Ferrari) échoue au pied du podium, devant l'Espagnol Carlos Sainz Jr (McLaren), le Français Pierre Gasly (Red Bull), encore décevant, et le Finlandais Kimi Räikkönen (Alfa Romeo Racing). Le Britannique Lando Norris (McLaren) est neuvième et le Thaïlandais Alexander Albon (Toro Rosso) dixième. L'autre Français Romain Grosjean a été le seul à abandonner, victime d'un problème de pression d'eau. La F1 prend ses quartiers d'été jusqu'au GP de Belgique du 30 août au 1er septembre. Il restera alors neuf manches à disputer. Hamilton espère « atteindre les 9 ou les 10 au cours de la deuxième moitié de saison ». Verstappen veut continuer à lui mettre la pression. Ferrari, de l'aveu de Vettel, a «encore du travail» pour les rejoindre et décrocher un premier succès en 2019.