L'élection présidentielle du 12 décembre n'a pas encore livré tous ses secrets, surtout que cette joute n'est pas comme les précédentes. Le contexte est tout à fait différent sur le plan politique et historique dont fait preuve le pays et les institutions de l'Etat. Les Algériens et les Algériennes n'ont pas eu le réflexe qui les animait durant les expériences électorales d'antan. Cette fois-ci, le geste électoral a pris un sens, outre que celui d'exprimer un choix pour un programme ou un candidat, même si les deux éléments s'imbriquent et s'entremêlent relativement. La leçon du 12 décembre est intimement liée au tournant historique que vit le pays sur le plan politique, c'est un tournant décisif et sensible en même temps. D'où le lien entre la présidentielle et l'intérêt primordial inhérent à l'unité et la souveraineté nationale de l'Etat algérien et sa pérennité. De ce point de vue, beaucoup d'Algériens et d'Algériennes ont confondu l'élection présidentielle avec la situation du pays et les menaces qui se font sentir avec acuité et d'une manière saillante. Il faut dire que cette présidentielle était l'expression d'un vote qui sauve la face de l'Algérie à travers ses institutions aux yeux des revanchards et les nostalgiques de l'Algérie de l'ère coloniale et ses succédanés. La preuve, c'est que le bulletin blanc était très remarquable lors de ce scrutin particulier et qui n'échappe pas à plusieurs grilles de lecture. C'était beaucoup plus une manière de rejeter les desiderata et les diktats de certaines chancelleries et officines qui voulaient dicter au pays et aux Algériens la voie à suivre dans la conception à entreprendre dans le règlement de la situation politique que traverse le pays. Cette donne a été renversée de fond en comble par les citoyens qui ont vu dans cette attitude une manière d'imposer une conduite politique aux Algériens quant à l'issue et la solution à la crise politique. C'est dire que l'élection présidentielle du 12 décembre est une forme de rejet de l'ingérence de certaines puissances connues pour leur voracité et esprit belliqueux sur fond d'un néocolonialisme qui se veut larvé, mais ses motivations sont bel et bien réelles. Les abstentionnistes ont aussi leur explication qui n'est pas aussi linéaire comme cela est interprété par certains semblants d'« analystes » qui essayent de renvoyer le constat de l'abstention d'une manière unilatérale au Mouvement populaire qui exige le changement et la rupture avec le statu quo ainsi que le rejet total des symboles du régime. Cette lecture est foncièrement erronée et complètement fausse. Les abstentionnistes se recrutent aussi dans des catégories qui ne veulent pas soutenir les démarches antinationales compradores et du système, ainsi que de certains protagonistes qui se font diluer au sein du Mouvement populaire en dissimulant le caractère oligarchique de leur démarche et aussi l'approche néolibérale au service de la finance internationale sous des formes plus subtiles, à savoir des semblants d'organisation non gouvernementales (ONG) et autres printanistes et leur notion fumeuse des révolutions colorées. Donc, pour ainsi dire, l'abstention n'est pas une explication, voire une position qui renvoie mécaniquement à ce que certains collent aux partisans du Mouvement populaire. Ça serait de la pure cécité de réduire le phénomène de l'abstention à cette frange. Les abstentionnistes sont aussi des catégories qui ne veulent pas donner un quitus aux éléments représentant le même contenu économique et social qui va à l'encontre des aspirations et les attentes de la majorité écrasante des masses populaires et les travailleurs et les couches les plus défavorisées de cette crise en vigueur. C'est pour cette raison que l'élection présidentielle du 12 décembre s'est exprimée par plusieurs grilles de lecture et même par moult appréciations qui sortent parfois et d'une manière quasi limpide de l'approche strictement électoraliste. C'est une élection qui a entériné une dimension unitaire via un taux de participation même s'il s'exprime à travers le bulletin nul. C'est un message de sauvegarde et de défense de la souveraineté nationale face aux risques qui la guettent d'une manière concrète. L'élection présidentielle du 12 décembre doit être lue par rapport à cet esprit dans lequel est plongé l'Etat national et les dangers qui l'entourent.