Les étudiants, rejoints par les citoyens, ont manifesté encore, hier, à Alger pour réclamer le changement du système. La manif intervient dans un contexte de deuil national de trois jours décrété suite au décès du général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense, survenu avant-hier. A ce propos et certainement en respect à la mémoire du défunt, le nom de Gaïd Salah n'apparaissait sur aucune pancarte et n'est visé par aucun slogan par respect au deuil. Mais il est vrai que le seul maintien de la manifestation en ce jour de deuil a été mal apprécié par des citoyens qui l'ont fait savoir aux marcheurs. C'est bien la première fois que le Mouvement populaire essuie des critiques. Même très poliment formulées, elles restent des critiques. Le débat qui s'en est suivi a amené les jeunes étudiants à s'expliquer sur l'organisation d'une marche politique en plein deuil national. «Notre combat est mené non pas contre des personnes, mais contre le système en place», affirme un étudiant pour justifier le pourquoi de la marche d'hier. En tout cas, les manifestants affirment avoir respecté le deuil à leur manière : aucun slogan anti-Gaïd n'a été entendu tout le long du défilé et aucune pancarte visant le défunt n'a été arborée dans le cortège. Avant que la procession ne s'ébranle aux alentours de 11h, les manifestants ont convenu qu'il n'y aurait pas de slogans ou de pancartes anti-Gaïd lors de ce 44ème mardi, a-t-on constaté. «Les revendications du mouvement ne sont pas dirigées contre le chef d'état-major, mais contre le système en place», croit savoir l'un des manifestants. Des slogans hostiles au président de la République, Abdelmadjid Tebboune, ont été également entendus. Les manifestants rejettent aussi l'offre de dialogue annoncée par le chef de l'Etat. Tout en martelant «Silmiya ! Silmiya !», ils ont crié à tue-tête « Hna ouled Amirouche, marche arrière ma n'ouellouche, djaybine el houria ! ». Par ailleurs, malgré les multiples annonces de l'annulation de la manif de ce mardi, lancées sur des pages facebook, la marche des étudiants intervenant au lendemain du décès du vice-ministre de la Défense, a été maintenue. Les slogans habituels au Hirak ont été repris par les manifestants. Ils ont notamment appelé à l'instauration d'un Etat civil et de rendre sa souveraineté au peuple algérien. «On continuera pacifiquement notre combat jusqu'à satisfaction de toutes nos revendications», «El djazair teddi el istiqlal ! (l'Algérie sera indépendante !)», et «Période de transition !», ont-ils clamé haut et fort. «Opportunistes, le Hirak n'est pas malléable», «Nous vaincrons car nous sommes les plus forts», peut-on lire sur des pancartes. Les manifestants ont exigé la libération des détenus d'opinion, à leur tête le commandant de la Wilaya IV historique Lakhdar Bouregaâ. : «Libérez les otages !», ont-ils crié. Pour rappel, 13 détenus d'opinion, incarcérés à la prison d'El-Harrach pour port de l'emblème amazigh ont été libérés ce lundi après avoir purgé leur peine de six mois de prison ferme. Un important dispositif policier a été déployé en cette circonstance. La mobilisation a été au rendez-vous lors de cette marche qui s'est ébranlée depuis la place des Martyrs jusqu'à la Grande Poste, place emblématique du mouvement citoyen, en passant par la rue Bab Azzoun, rue Larbi Ben M'hidi et l'avenue Pasteur. La marche s'est déroulée sans heurts et les manifestants se sont dispersés dans le calme.