Le Premier ministre a présenté, hier, devant les députés, le plan d'action de son gouvernement. L'exercice ne paraissait pas si difficile devant un auditoire qui semblait quelque peu distrait et pas très enclin à lui apporter la contradiction. Les députés de l'opposition qui l'ont interpellé sur la faisabilité de son plan, n'ont pas étayé leur propos par un argumentaire qui tient la route. L'hémicycle de la Chambre basse du Parlement n'était pas très différent de ce qu'il fut à l'occasion de la présentation du plan d'action des gouvernements précédents. En un mot comme en mille, on en sort avec un goût d'inachevé d'un débat parlementaire, sans grande conviction, faut-il le souligner. Il semblait même que pour les députés l'enjeu était ailleurs. L'on a certes critiqué, apporté la contradiction, mais c'était fait pour le seul principe qu'impose la Constitution qui oblige l'Exécutif à cet examen de passage à la formation de chaque équipe gouvernementale. C'est dire que cette obligation constitutionnelle n'a d'autre fonction que de mettre le gouvernement face à une opinion nationale, laquelle est en attente de signaux suffisamment forts pour croire aux promesses du président de la République que le plan de Djerad est censé concrétiser sur le terrain. En fait, même si le Premier ministre s'est adressé aux élus de la nation, ses principaux interlocuteurs sont les salariés de moins de 30000 DA qui attendent la suppression de l'IRG ou encore les Smicards à qui le président de la République a promis une hausse du Snmg. Il y a également les patrons des très petites entreprises (TPE) qui aspirent à une défiscalisation totale, comme l'avait annoncé le ministre de la PME, récemment. Les grands repères du plan d'action du gouvernement existent et sont spécifiquement destinés, en grande partie, aux jeunes. La banque dédiée à financer les start-up ou encore celle dédiée à l'habitat, sont autant d'instruments que le chef de l'Etat entend mettre à la disposition de cette catégorie de la société, jusque-là victime de la bureaucratie ambiante qui empêche les talents de se révéler. Le Premier ministre qui n'a pas manqué de faire le procès de son prédécesseur pour marquer sa différence, n'a certes pas identifié des mécanismes précis, appuyés par des chiffres étayés, mais il a néanmoins désigné les priorités et montré le chemin que l'Exécutif entend emprunter pour réaliser son plan d'action. La parole ne suffit pas pour convaincre les millions de citoyens auxquels s'adresse le document du gouvernement, mais il est tout de même dans le propos du Premier ministre quelques engagements précis et à court terme. Il en est ainsi de l'annonce d'une loi de finances complémentaire dédiée à corriger «les injustices de la loi de finances 2020». Elle constitue une échéance très rapprochée qui devra profiter aux travailleurs et aux patrons de TPE. La relance tant attendue s'ébauchera-t-elle à l'occasion de la LFC de Tebboune ? Il faut peut-être l'espérer, même si Dejrad, lui-même, se garde de lui donner cette fonction, pour le moins très ambitieuse. Il n'en reste pas moins que le coup de starter de l'action du gouvernement que l'on attend au lendemain de l'adoption du plan d'action par le Conseil de la nation, dans les toutes prochaines semaines, après sa validation par l'APN, jeudi prochain, trouvera son début d'application effective avec la rentrée sociale, c'est-à-dire, après avoir mis en place les divers mécanismes destinés à préparer les actions effectives du gouvernement au plan économique et social. Cela voudrait-il dire que l'on aura plusieurs mois à blanc ? Assurément pas, puisque la prise en charge des revendications des Algériens suppose aussi le volet politique. En cela, le «nouveau pacte» que propose Djerad aux Algériens n'est pas chiffrable et encore moins définissable dans l'espace et le temps. C'est bien plus que de simples actions, fussent-elles urgentes pour en finir avec les déséquilibres entre les villes et la campagne. Il est, en effet, difficile de quantifier le nouveau pacte, mais il semble que Abdelaziz Dejrad qui a été jusqu'à emprunter quelques expressions aux «Hirakistes», veut que s'instaure la confiance entre l'Exécutif et le peuple. Cette condition sine qua non pour l'émergence de la nouvelle République est portée par le projet de révision de la Constitution. Un acte central et une étape cruciale dans le parcours du gouvernement, dans les rapports qu'il veut établir avec les Algériens au travers de son plan d'action, dont le succès est intimement lié au degré de confiance entre les gouvernants et les gouvernés.