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Les clameurs de la jeunesse mondiale
Elle s'insurge contre la mondialisation et le capitalisme ultralibéral
Publié dans L'Expression le 25 - 06 - 2020

Pourquoi assiste-t-on, ces derniers temps, à l'éclosion d'une multitude de mouvements de contestation et de revendication de la jeunesse dans bien des pays du monde, du Nord, développé, comme du Sud, en voie de développement?
Après l'échec du «printemps arabe» qui a mobilisé la jeunesse des pays du Sud de la Méditerranée, contre les régimes dictatoriaux qui l'ont gouvernée, suite, aussi, aux résultats insignifiants obtenus par les luttes fractionnelles des mouvements de révolte des différentes catégories sociales des peuples contre la mondialisation du capitalisme ultralibéral et la généralisation à l'échelle planétaire de son régime politique, de son modèle de développement économique et sociétal, tels les souverainistes, les altermondialistes les écologistes et autres naturalistes, la nouvelle montée des clameurs de la jeunesse mondiale contre les méfaits de l'ordre établi par les multinationales qui gouvernent le monde, exprime, tout d'abord, le rejet de la société de la position ambiguë de l'Etat-Nation, dans ses relations avec les tenants du capitalisme et celle qu'il entretient avec ses citoyens. Elle dénonce, aussi, le rejet de la lutte stérile des partis politiques et des organisations syndicales engagées contre les gouvernants du moment, dans le cadre étriqué d'une démocratie représentative, d'un système politique qui ne répond plus aux véritables aspirations de la société à la liberté, à l'égalité, à la fraternité, au progrès à la paix et à la sécurité. La jeunesse mondiale, de ce début du XXIe siècle, ne croit plus aux luttes idéologiques et politiques partisanes, fractionnelles, qui ont démontré, depuis plus de deux siècles de résistance et de rudes batailles pour l'émancipation, leur inefficacité.
«L'empereur» est nu
À présent, elle veut unifier ses rangs pour engager son combat sous la seule bannière de la reconquête de la souveraineté de toute la société, une et indivisible, afin d'instaurer le nouveau régime républicain qui permettra à la société et à ses citoyens de s'autogouverner, selon le nouveau modèle d'organisation démocratique du peuple qu'elle voudrait consigner dans sa Loi fondamentale. Une organisation donnant, enfin, la possibilité au citoyen de participer réellement à l'élaboration et à la concrétisation du régime politique, du modèle de développement économique, social et sociétal consigné dans le projet de société inscrit dans la feuille de route de sa lutte de libération d'un capitalisme ultralibéral mondialisé des plus oppressants et des plus aliénants. Longtemps protégé par les succès matérialistes de son libéralisme économique et les valeurs trompeuses de sa démocratie, le capitalisme mondialisé, qui a résisté à toutes les luttes de libération engagées par les damnés de la terre pour s'émanciper de son joug oppressant, a révélé, aujourd'hui, son impuissance devant le microscopique coronavirus.
La révolution contre l'arbitraire
Plus de deux siècles après son intronisation, par le peuple, svp, au lendemain de sa révolution contre l'arbitraire de la monarchie, le «seigneur capitaliste», profitant de la légitimité acquise, grâce à son discours humaniste, de circonstance, n'hésita pas à dévoiler, au lendemain de l'instauration de la République, pardon, sa République, pas celle voulue par le peuple, ses véritables desseins.
Se parant de l'armure des empereurs, il afficha alors son ambition de conquérir le monde. Au nom de la liberté, de l'égalité, de la justice et même de la fraternité, préconisée par le Christ, quand cela servait sa vision impérialiste, il entreprit sa grande marche vers la mondialisation de son système politique et de son modèle de développement économique et social. Pour atteindre cet objectif, il n'hésita pas à entreprendre, au nom de ces mêmes valeurs, ses expéditions colonialistes, non pas pour civiliser les peuples, comme il le laissait entendre, mais pour les anéantir par les armes, ou les soumettre à son ordre, les domestiquer, les aliénés et les exploiter en tant qu'esclaves ou force de travail corvéable pour rentabiliser ses nouvelles manufactures, pour s'approprier leurs richesses, les matières premières dont ils avaient besoin pour le développement de ses nouvelles industries, pour élargir l'étendue de l'espace à la commercialisation de sa production, accroître sa plus-value et dégager le surplus financier nécessaire à son expansion, à son redéploiement afin de consolider et conforter son nouvel empire.
Après avoir assouvi, ainsi, son ambition démesurée de domination du monde, sa volonté d'imposer aux nations et aux peuples ses commandements politiques, économiques et sociétaux, voire même ses valeurs civilisationnelles, il obligea ces derniers, à supporter les méfaits de son productivisme effréné, à payer, par de nouveaux efforts et de nouveaux sacrifices, les dégâts des crises répétitives générés par sa doctrine et son régime.
Conséquences de sa déraison productiviste, capitalistique, la dégradation des conditions de vie de la population mondiale et les atteintes à la biodiversité, additionnées aux périls et dangers sécrétés par l'aventurisme de son impérialisme dangereux pour la paix et la sécurité des nations et des peuples, nous assistons ces derniers temps à la montée d'une lame de fond revendicative et contestatrice de la société universelle, incarnée par les souverainistes, les altermondialistes les écologistes et autres mouvements de rébellion contre son diktat.
La main céleste du Créateur
Cela atteste de l'étendue du fossé qui sépare désormais «l'empereur» capitaliste de ses «sujets» les citoyens.
Face à cette clameur dénonciatrice de la gabegie de son règne, «l'empereur» capitaliste répond, à la juste et légitime revendication de la société, par le mépris, l'arrogance, voire par le durcissement de sa politique dictatoriale.
Au lieu de s'en prendre au système politique et au modèle de développement économique engendré par son procès d'action et de production, responsables de toutes les crises, d'hier et d'aujourd'hui, inhérentes aux décisions individualistes hasardeuses de son Moi, objectif et subjectif, il attribue la responsabilité des échecs de son règne au manque d'efforts des citoyens et à leurs coûteuses revendications sociales. Pour relancer sa machine économique il veut rogner, comme toujours, les acquis sociaux des salariés, arrachés de haute lutte, au prix de grands sacrifices.
Comme les technocrates, les suppôts des «nobles», les présidents des multinationales, qui meublent la «cour» de «l'Empereur» sont de mauvais élèves, ils continuent, comme par le passé, de lui recommander les mêmes recettes, celle des Keynésiens dans les périodes de récession, et celle des libéraux dans les périodes de croissance et de plein emploi, recettes qui ont démontré, jusqu'à ce jour, leurs inefficiences, parce qu'elles ne sont pas des remèdes pour guérir sa maladie chronique mais des anesthésiants pour calmer la douleur du moment.
Les contestations, les revendications de la société n'ont pas réussi à le raisonner et encore moins à le détrôner. Voilà qu'un simple virus, microscopique, a réussi à lui ôter l'armure et le délester du glaive, symboles de sa puissance et de sa grandeur.
Ce virus, répandu par «la main céleste du Créateur» comme le laissent entendre tous les croyants des trois religions, a réussi à faire plier l'échine d'une stature qu'il croyait assez vigoureuse, malgré son âge avancé, et immunisée contre ce genre d'attaque inattendue. Sa nudité a révélé, maintenant qu'il reconnaît l'impasse où l'a entraîné sa déraison, il prie le peuple de venir à son secours pour sauver son règne.
Peine perdue, car le peuple, mûri par les enseignements tirés de ses luttes séculaires, est, plus que jamais, déterminé à reconquérir sa souveraineté, une et indivisible, seul moyen qui lui permettra de transcender les antagonismes idéologiques qui ont retardé sa prise de conscience collective et d'unifier ses rangs pour la bataille du destin, celle qui le libèrera de la nasse de la mondialisation d'un capitalisme ultralibéral dont la trajectoire politique, économique et sociale, va à l'encontre des objectifs inscrits dans le projet de société originel contenu dans son historique révolution. Celle qui l'a libéré des fers de la monarchie. Le peuple n'a pas oublié, jusqu'à ce jour, la trahison de la bourgeoisie, qui s'est proclamée,alors, avant-garde de son mouvement de libération, a détourné sa révolte contre la monarchie, de son cours révolutionnaire et humaniste pour l'engloutir dans les arcanes d'un matérialisme sans issue, dans le seul but d'assouvir les ambitions de l'individualisme du Moi, le plus subjectif, qui l'a conduit à l'impasse actuelle.
Le peuple ne croit plus aux discours
Le peuple a raison de ne pas croire à son appel au secours, car même épuisé, à bout de souffle, «l'empereur capitaliste» a le toupet de demander au peuple de supporter, encore une fois, le poids de la crise léguée par la pandémie du coronavirus.
Peine perdue, le peuple ne croit plus aux discours des politiques et des technocrates qui sont au service des multinationales qui dirigent le monde, demandant au citoyen de «donner son sang» encore une fois, de se saigner pour ranimer le corps affaibli de «l'empereur capitaliste, et lui insuffler le souffle de la vie qui lui permettra de reprendre ses forces, de revêtir son armure et de reprendre son glaive, non pas, pour détruire les coronavirus actuels et à venir, qui peuvent arrêter, dans le futur, sa machine productiviste, mais pour lui imposer les réformes programmées pour relancer sa machine économique et perpétuer son règne.
Le citoyen de ce XXIe siècle, qui circule sur les autoroutes de l'information, du savoir et de la communication, n'est plus dupe. Il ne tombera plus dans ce genre de piège dont il connaît les retombées négatives sur son devenir social et sociétal. Le citoyen, de ce XXIe siècle est décidé, plus que jamais, à reconquérir sa souveraineté pour décider librement, et en connaissance de cause, du système politique qui lui permettra de participer concrètement, à l'élaboration du modèle de développement économique qui réponde à ses aspirations matérielles et immatérielles, en un mot à l'élaboration du projet de société qui permettra à, l'Homme, qu'il est, de s'élever au niveau de l'humanisme qui doit guider la noble mission dont le Créateur l'a investi sur cette terre.


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