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La planète grogne
Face à la dictature des multinationales
Publié dans L'Expression le 28 - 06 - 2020

Après une trentaine d'années de règne sans partage, les crises répétitives qu'il a générées et leurs retombées négatives sur les peuples et leurs Etats retiennent désormais l'attention du citoyen du monde.
La multiplication des manifestations contestatrices et revendicatives des sociétés contre les réformes antisociales que les multinationales tentent d'imposer à tous les Etats pour surmonter ces crises démontrent l'élargissement du fossé qui se creuse, de plus en plus, entre, aussi bien, la société nationale et l'Etat national, que la société universelle et les multinationales qui gouvernent réellement le monde.
Le citoyen, du monde, ne croit plus aux bienfaits d'une telle doctrine et à l'efficience d'un tel système qui ne cesse de porter atteinte à la souveraineté des peuples et des nations, donc à sa souveraineté, qui remet en cause leurs avancées démocratiques et leurs acquis sociaux arrachés de haute lutte, qui hypothèque leurs devenirs matériels et immatériels. Il dénonce, donc, le productivisme effréné de son modèle de développement économique et sociétal qui hypothèque son devenir matériel et immatériel, porte atteinte à son environnement naturel et menace sa paix et sa sécurité, et par prolongement, ceux de toute l'humanité et du monde.
Ne comprenant plus rien à ce qui lui tombe sur la tête, ne retrouvant plus ses marques, aux plans idéologique, politique, économique et social, ce citoyen du monde s'interroge, de plus en plus, aujourd'hui, au vu de la finalité discutable de cette mondialisation du capitalisme ultralibéral, sur l'authenticité et la portée des valeurs humanistes énoncées dans le discours de l'individu capitaliste qui l'a aidé à mobiliser, jadis, ses ancêtres, pour les engager dans sa lutte contre la monarchie et son régime abominable. Il doute de la légitimité des moyens utilisés par l'individu capitaliste pour convaincre le peuple à le suivre, derrière l'étendard de la bourgeoisie, avant-garde de sa lutte contre le régime féodal qui l'empêchait d'aller de l'avant, dans sa nouvelle entreprise productiviste, et d'assouvir les ambitions matérielles et immatérielles de son moi et du moi collectif de sa nouvelle classe sociale.
L'histoire de la lutte des peuples
Ne croyant plus à l'argumentaire avancé par toutes les formations politiques qui essayent de lui expliquer les raisons des crises du passé et du présent, réfutant les mobiles justifiant des atteintes aux idéaux, aux principes et aux valeurs pour lesquels se sont sacrifiés, par le passé, bien des générations durant leurs successives luttes pour la liberté, le progrès, le bien-être, la justice, la paix et la sécurité, le citoyen du monde n'accorde, aujourd'hui, aucun crédit aux discours actuels de la classe politique, censés défendre ses intérêts puisque celle-ci a démontré, depuis longtemps, son incapacité à influer sur le cours des évènements et à changer l'ordre des choses.
Après une relecture de l'histoire de la lutte des peuples contre tous les gouvernants, monarques, dictateurs et républicains libéraux qui ont conduit la destinée de l'humanité à cette impasse, le citoyen du monde essaie de comprendre les raisons qui ont détourné l'épopée révolutionnaire des peuples des objectifs originels de leurs soulèvements contre les régimes royalistes, impériaux, républicains capitalistes, socialistes, communistes, fascistes, dictatoriaux et totalitaires, qui l'ont dépouillé de sa souveraineté, de sa liberté et de son droit de décider de son devenir matériel et immatériel. En vérité, ce sont les tenants de la bourgeoisie, du prolétariat, et autres formations politiques à connotation nationaliste ou religieuse qui avaient mobilisé les peuples, grâce à leurs discours trompeurs, sous le même étendard de la liberté, l'égalité, la justice, la fraternité, le progrès, la paix et la sécurité
Les véritables idéaux des citoyens
C'est au nom de ces principes et valeurs que les tenants de ces courants idéologiques se sont arrogés la liberté et le droit d'usurper la souveraineté des peuples, pour accomplir leurs destins et assouvir leurs propres ambitions politiques, économiques et sociales. Ces principes et ces valeurs ont été dévoyés, en vérité, par les agissements des tenants de ces formations idéologiques antagonistes, et loin de hisser l'homme à la hauteur de la mission dont l'a investi le Créateur, les agissements irrationnels et immoraux des dirigeants des partis politiques l'ont enfermé dans la déraison de leur moi.
Au citoyen du monde de ce XXIe siècle, ce regard vers le rétroviseur de l'histoire de la lutte des peuples pour l'émancipation des chaînes de l'exploitation et de l'aliénation était indispensable. Il a été des plus utiles, par les enseignements qu'il en a tirés.
Ce citoyen est convaincu, à présent, que la cause première explicative des déviations opérées, dans le projet de société, sous-tendues par toutes les luttes passées des peuples, a été délibérément détournée de ses trajectoires politiques, sociales et sociétales, par tous les gouvernants, de toutes les formations politiques représentatives de toutes les idéologies qui ont présidé, jusqu'à ce jour, à la destinée des peuples.
Pour étayer son jugement, le citoyen nous invite à remonter dans l'histoire, au soulèvement originel du peuple engagé contre la monarchie absolue en 1789
En suivant l'évolution du cours de cette première grande Révolution du peuple, à travers les différentes étapes de son développement, il lui a été possible de déterminer, en effet, les causes des dysfonctionnements apparus dans son système politique, les raisons des crises économiques, sociales et sociétales générées par son mode de production.
À l'issue de son investigation, il a fini par repérer et donner une explication objective aux déviations imprimées au libéralisme débridé de son capitalisme qui ont occasionné les multiples déraillements du train républicain, conçu, fabriqué et mis en route, il ne faut pas l'oublier, par la Bourgeoisie, représentative du capitalisme naissant, il y a maintenant plus de deux siècles.
Hier, au lendemain de la Révolution de 1789, la bourgeoisie, avant-garde de la lutte du peuple contre la monarchie absolue et son régime, avait usurpé la souveraineté du peuple pour s'emparer du pouvoir et instaurer son propre régime.
La grande responsabilité des gouverne-ments
La République qu'elle institua a engendré un système politique et un modèle de développement économique et social qui, pour le moins que l'on puisse dire, ne correspondaient pas aux aspirations de l'ensemble du peuple, puisqu'ils avaient contredit les attentes matérielles et immatérielles de la majorité de la population et prouvé leur inadéquation avec les véritables idéaux sous- tendus par le projet de société initié par sa Révolution.
C'est cette première usurpation et confiscation de la souveraineté du peuple par la bourgeoisie, représentative du capitalisme naissant, qui engendra, également, l'usurpation de l'autre parcelle de cette souveraineté, par les communistes et les socialistes, au nom des opprimés.
L'antagonisme idéologique qui s'en est suivi va marquer de son empreinte l'histoire tumultueuse, et par moment dramatique, que les peuples et les nations ont connue et continuent d'en subir encore les retombées négatives sous le règne de la mondialisation du capitalisme ultralibéral. Aujourd'hui, c'est une autre usurpation, celle de la souveraineté de l'Etat-Nation, par les multinationales, qui préoccupe les peuples à l'échelle nationale et mondiale. Celle-ci explique et justifie la révolte de l'ensemble des couches sociales de la population, incarnée par son avant-garde à la tête des mouvements contestataires et revendicatifs qui luttent contre l'ordre établi par les multinationales, les véritables gouvernants des nations et du monde.
Ce sont toutes ces atteintes à l'unicité de cette souveraineté qui ont dénaturé le régime républicain revendiqué par le peuple, son régime politique et son système de démocratie, faussé les règles de la gouvernance du peuple et vidé de son sens son pouvoir de décision.
Ce sont ces entorses introduites dans l'architecture institutionnelle de cette première République, de la bourgeoisie et dans celle instaurée par la suite, par les bolchéviques qui relancent, aujourd'hui, à la lumière de la lutte engagée par la société contre la mondialisation du capitalisme, le débat d'antan sur les problématiques de la souveraineté du peuple et de la démocratie. Celles-ci sont, en effet, au coeur de la lutte actuelle de la société contre l'Etat-Nation inféodé au capitalisme mondialisé, contre, aussi, les multinationales qui gouvernent réellement les nations et le monde. Elles sont, encore aujourd'hui, au centre de son combat pour l'instauration d'une nouvelle République fondée sur l'unicité de sa souveraineté, sur sa liberté et son droit de choisir et de décider de son état d'être et de son devenir.
Ce débat sur les problématiques de la souveraineté du peuple et de la démocratie est incontournable, aujourd'hui, et mérite, donc, d'être approfondi.
Le conflit Etat - société, qui s'y rapporte, ne cesse de s'amplifier, de nos jours, avec la montée, sur la scène politique nationale et internationale, des mouvements contestataires et revendicatifs des peuples contre l'ordre national et mondial institué par les multinationales.
Compte tenu de la grave et dangereuse crise plurielle qui secoue toutes les nations et les dangers que ses retombées politiques économiques et sociales font peser sur la paix et la sécurité internationale, la dégradation de l'état de l'Etat-Nation et du monde est, en effet, au centre des préoccupations des hommes politiques, mais aussi et surtout des philosophes, des politologues, des économistes et de tous les intellectuels qui réfléchissent sur les enjeux et les défis induits par les bouleversements et les mutations que la mondialisation a introduits, au niveau des Etats, dans le système politique, le mode de développement économique et social, et à l'échelle planétaire, dans l'économie mondiale et les relations internationales.
Au regard de l'exaspération de la communauté internationale suscitée par la généralisation et l'aggravation des tensions politiques générées par les conflits du Moyen-Orient-Syrie, Irak, Yémen, Palestine -, de l'Afrique - Libye, Mali, Somalie, Nigeria, les guerres civiles dans certaines régions du continent-, de l'Europe, l'Ukraine et les Balkans, par les menaces de l'internationalisation du terrorisme, la généralisation de la violence et du crime organisé, les fléaux de la faim, de la misère, de la pauvreté, des pandémies et des drames de la migration des populations laissées pour compte, les sociétés, mécontentes, en colère, s'organisent et se mobilisent.
Griefs contre les souverainistes
Si elles rendent responsables leurs Etats et leurs gouvernants de l' état de déliquescence du monde, elles ne dénoncent pas moins les agissements des tenants du néocolonialisme dont les objectifs inscrits dans leur stratégie de redéploiement et de domination servent leur volonté politique de recomposition de la carte géographique, politique et économique du monde.
Des objectifs dont les finalités sont aux antipodes de ceux espérés et attendus par l'humanité. Les sociétés ne peuvent que s'inquiéter et dénoncer ce comportement démentiel des responsables de ces politiques qui mettent en danger la paix et la sécurité du monde.
La gravité de la situation internationale actuelle, attisée par le regain de la nouvelle Guerre froide caractérisant les relations entre les différents pôles représentatifs des grandes puissances qui se disputent le contrôle du monde, interpelle, donc, aujourd'hui plus que jamais, tous les hommes politiques et tous les penseurs.
Dans ce contexte de crise généralisée, il serait illusoire, en effet, de penser résoudre les problèmes liés à la gouvernance du monde sans solutionner, tout d'abord, celle de l'Etat-Nation dès lors que les problématiques de la souveraineté et de la démocratie sur lesquelles celui-ci s'est fondé, que le système politique et le modèle de développement économique et sociétal qui le caractérisent et le soutiennent contredisent, par leurs finalités matérielles et immatérielles d'aujourd'hui, les desseins projetés par les peuples après les victoires de leurs révolutions libératrice, d'hier, du joug de la monarchie absolue et d'aujourd'hui, contre tous les totalitarismes: ceux générés par le collectivisme idéologique et l'intégrisme religieux comme ceux sécrétés par le productivisme effréné du capitalisme.
Pour décortiquer les tenants et les aboutissants de la crise plurielle que l'Etat-Nation et le monde traversent, il nous faut, nécessairement, remonter le cours de l'histoire du développement du capitalisme, depuis le premier geste de l'individu- à l'âge de la cueillette -jusqu'aux premiers actes délibérés de son moi, exprimant sa volonté de s'émanciper.
Il faut se référer aux facteurs qui ont servi de moteur au développement et à l'évolution du procès d'action et de production du capitalisme naissant.
L'apport de la première révolution industrielle et technologique et celui résultant de la colonisation des autres continents en sont les plus déterminants.
Aujourd'hui, avec le règne du capitalisme à l'échelle mondiale, c'est au niveau du dysfonctionnement du moi de l'individu capitaliste et de ses semblables à la tête des multinationales, aux conséquences des dérives de leurs procès d'action et de production,(2) qu'il faut, donc, rechercher la principale raison explicative et justificative aux luttes, d'hier et d'aujourd'hui, entre les tenants du socialisme et du capitalisme, qu'il faut comprendre et saisir, aujourd'hui, l'importance des intrants idéologiques, comme le souverainisme, l'altermondialisme et autres mouvements écologistes, dans le combat actuel, de tous les indignés de l'humanité, contre les méfaits du productivisme débridé du capitalisme mondialisé.
Au terme de cet exposé, retraçant les différentes étapes qui ont marqué l'évolution historique de l'Etat-Nation, sous l'emprise du capitalisme, du communisme, de l'ultranationalisme ou du fondamentalisme religieux, il nous sera plus aisé de comprendre, aujourd'hui, les raisons qui ont poussé les peuples à se révolter contre leurs systèmes, de justifier les revendications actuelles des mouvements contestataires et revendicatifs de la société à l'échelle planétaire.
Le premier grief avancé par ces mouvements, notamment les souverainistes, contre les adeptes du capitalisme et du communisme, et autres idéologies à connotation religieuse, c'est, d'une part, l'usurpation d'hier, de la souveraineté du peuple, après sa Révolution contre le diktat des monarques, par la bourgeoisie et, d'autre part, la confiscation de la souveraineté des peuples par les communistes et les fondamentalistes religieux qui, au nom de la collectivité, ont institué des régimes dictatoriaux qui portent atteinte aux droits et libertés de la société et du citoyen. C'est la partition de cette souveraineté, résultat de l'antagonisme de tous ces courants idéologiques, qui a accentué l'affaiblissement de la participation de la société et du citoyen à la prise de la décision politique statuant sur leurs devenirs.
La remontée de ce cours historique de la lutte des peuples pour le recouvrement de leurs souverainetés unifiées sera la meilleure illustration et la meilleure argumentation justifiant l'engagement de leurs luttes, aujourd'hui, contre, à la fois,, les gouvernants des Etats-Nations et les tenants de la mondialisation, pour affirmer leurs déterminations à instaurer la nouvelle République correspondante au projet de société énoncé dans le discours de l'avant-garde de leurs mouvements contestataires et revendicatifs, au nouvel ordre national et mondial revendiqué par toutes les populations du monde.


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