Même si sa notoriété a été ternie par la violence, entretenue par les manoeuvres du pouvoir et l'opportunisme de la classe politique traditionnelle pour le discréditer ou le phagocyter, l'ampleur et la durabilité du mouvement de contestation et de revendication, des «Gilets jaunes», expriment, cela est évident à présent, la profondeur du malaise social généré par les réformes imposées par les tenants du capitalisme international, et attestent de l'étendue de son enracinement dans la population. De tendance souverainiste certaine, ce mouvement, éminemment révolutionnaire, par son discours, se situant, de surcroit, au-dessus des formations politiques, de l'extrême droite à l'extrême gauche, donne à sa lutte, une dimension sociétale dont les répercussions vont bouleverser, dans les années à venir, l'ordre établi à l'échelle de l'Etat-Nation, dans tous les pays. L'irruption du Hirak en Algérie et ceux surgis dans bien d'autres parties du monde, confortent notre conviction que cette montée internationale du souverainisme «sociétaliste», est due à l'approfondissement de la crise plurielle générée par la mondialisation du capitalisme et l'aggravation du conflit opposant la société à l'Etat-Nation, tous ces mouvements de contestation et de revendication des peuples représentent les signes prémonitoires d'une révolution planétaire dont les objectifs visent l'instauration d'un nouvel ordre national et mondial, selon la volonté des peuples, par opposition à celui imposé par les multinationales qui gouvernent le monde. Dans cette bataille du destin, la récupération de la souveraineté de la société, une et indivisible, s'avère être, en effet, la condition préalable que ces mouvements insurrectionnels veulent assurer, pour mener à bien leur révolution, en la protégeant de toute nouvelle tentative idéologique et politique, d'usurpation qui pourrait la dévier de son cours et remettre en cause la concrétisation de ses objectifs fondamentaux: l'instauration de la nouvelle République qui réponde, concrètement, aux attentes politiques, sociales et sociétales des peuples. C'est dans ce contexte de crise généralisée, au plan national et international, générée par la mondialisation du capitalisme ultralibéral et ses retombées négatives sur la souveraineté des Etats-Nations et des peuples, qu'il faut situer et comprendre l'avènement de cette vague souverainiste sociétale qui tend à se généraliser à l'échelle planétaire. Si nous nous référons aux mouvements insurrectionnels des peuples qui ont engendré les Révolutions de 1789 et de 1917, il serait erroné, en effet, de qualifier de souverainistes ces soulèvements populaires contre les régimes monarchiques d'hier, car leurs parrainages par des courants idéologiques, capitalisme pour le premier et socialisme pour le second, ont vidé ce concept du substrat sociétal de l'être collectif des peuples par l'usurpation et la fragmentation de la souveraineté de ces derniers, effectuées par les tenants de ces idéologies. Nous mesurons, d'ailleurs aujourd'hui, les méfaits de cette intrusion idéologique dans le contenu doctrinal du souverainisme originel des peuples et les déviations introduites dans les régimes républicains imposés par les tenants du capitalisme ultralibéral et du communisme totalitaire. La fragmentation de la démocratie, l'une politique et l'autre sociale, qui s'ensuivit, a vidé de son sens la démocratie avec un grand D majuscule, en réduisant, à sa plus simple expression, le formalisme de la représentation du citoyen dans la gouvernance de l'Etat ainsi que l'exercice de sa souveraineté et de sa participation aux décisions déterminantes pour son devenir. Les modèles de démocratie, politique et sociale, dominants, depuis ces révolutions, ont démontré, après l'échec de l'expérience bolchevique et les contre-performances du capitalisme ultralibéral, leurs limites puisqu'elles n'ont pas concrétisé les véritables aspirations du citoyen et de la société à la liberté, à l'égalité, à la justice, à la prospérité, à la paix et à la sécurité promises. Si à l'heure de la mondialisation, consacrant l'hégémonisme du capitalisme, les mouvements contestataires contre les régimes dictatoriaux et ceux dits démocratiques portent le sceau du souverainisme « sociétaliste», concept dont nous allons expliquer le sens et la portée, dans cet essai, c'est parce qu'ils ont eu tout le temps de tirer les leçons de ces expériences d'hier et d'aujourd'hui. L'organisation et la structuration horizontales actuelles des mouvements souverainistes, de ce début du XXIe siècle, contrairement à celles verticales des partis clairement définis idéologiquement, nous prouvent les soucis de ces derniers de protéger l'unicité de cette souveraineté de l'influence maléfique des courants politiques qui les traversent. Les chapitres que nous consacrons aux problématiques de la souveraineté du peuple et de la démocratie nous permettront de démontrer leurs implications dans l'essence des idéologies dominantes, représentatives des courants capitaliste et socialiste, qui ont engendré les régimes politiques républicains, connus de nous, bâtis sur l'interprétation subjective donnée, par les tenants de ces idéologies, à la souveraineté du peuple et à la démocratie. Le développement et l'évolution des antagonismes, qui ont marqué la trajectoire de ces régimes, nous clarifient, aujourd'hui, après analyse des résultats de leurs accomplissements, aux plans politique, économique, social et sociétal, les raisons explicatives et justificatives des conflits surgis entre les classes capitalistes et prolétaires, puis entre la société et l'Etat-Nation, comme celles relatives aux conflits et guerres vécues dont nous avons eu tout le temps d'en mesurer leurs effets catastrophiques sur les peuples, sur la paix et la sécurité du monde et de l'humanité. Cette lame de fond souverainiste qui submerge l'Etat-Nation, forteresse de la mondialisation d'un capitalisme ultralibéral des plus oppressants, est un véritable électrochoc qui va libérer, enfin, les intellectuels, du dogmatisme idéologique stérilisant qui a enfermé la pensée dans le magma politique - droite - gauche- dans un moule idéologique paralysant imperméable à toute idée innovante, émancipatrice des pesanteurs de la pensée unique dominante, qui permettrait à ces deniers de prendre en considération les nouvelles valeurs véhiculées par le discours prôné par l'avant-garde de ce souverainisme sociétaliste, un mouvement révolutionnaire qui ne tardera pas à marquer, de son empreinte, ce XXIe siècle.