Les autorités rivales libyennes qui se sont affrontées depuis le début de l'offensive du maréchal Khalifa Haftar sur Tripoli, le 4 avril 2019, ont annoncé, hier, dans deux communiqués distincts, la cessation des combats sur tout le territoire, faisant état d'un accord aussitôt salué par l'ONU. C'est là une mesure d'apaisement à la fois surprenante et réconfortante qui intervient au moment où les craintes d'une forte aggravation du conflit étaient nourries par une internationalisation croissante des ingérences. L'accord de cessez-le-feu général dont il est question résulte, selon les deux communiqués distincts signés par Fayez al Serraj, chef du gouvernement d'union nationale (GNA) basé à Tripoli et reconnu par l'ONU, et par Aguila salah, président du Parlement élu basé à Tobrouk, dans l'Est de la Libye, qui ont tous deux ordonné à leurs forces respectives de cesser immédiatement les combats et ce sur l'ensemble du territoire national. Cet accord vient en outre démentir les craintes, pourtant fondées, quant à un redoublement de l'intensité des affrontements entre les deux camps protagonistes, d'une part les forces loyales du GNA soutenues par la Turquie et d'autre part les troupes de Haftar, soutenues quant à elles par les Emirats, l'Egypte et d'autres pays tiers. Depuis juillet dernier, les combattants du GNA se préparaient à un nouvel assaut sur la ville de Syrte, à 450 km de Tripoli, confortant l'élan des derniers mois grâce auquel ils ont infligé au maréchal Haftar une série de revers et un retrait total de l'Ouest de la Libye. Malgré les menaces égyptiennes d'une intervention armée pour renforcer les forces de Haftar et empêcher la progression du GNA et de son allié turc vers les champs pétroliers contrôlés par Benghazi et Tobrouk, Fayez al Serraj ne faisait pas mystère de l'imminence d'une telle offensive. C'est cette situation explosive qui a contribué à l'unification des efforts nationaux et internationaux pour privilégier la voie du dialogue et la recherche d'une solution politique, toutes les parties ainsi que l'ONU voulant empêcher coûte que coûte un conflit direct entre Ankara et Le Caire. D'ailleurs, le président égyptien Abdel fattah al Sissi a été le premier à se féliciter de l'annonce du cessez-le-feu qui constitue une avancée remarquable dans la voie préconisée par la communauté internationale, l'Union africaine et plus particulièrement l'Algérie dont les efforts ont sans cesse privilégié la feuille de route onusienne. «Cette décision est une étape importante sur la voie d'un règlement politique et du rétablissement de la stabilité» dans ce pays, a en effet souligné le président égyptien dans un tweet. Qui plus est, il semble que les deux autorités rivales aient convenu, outre le cessez-le-feu général, de la nécessité d'organiser des élections pour sortir de l'impasse politique dans laquelle se retrouve la Libye, depuis 2011. Fayez al Serraj a ainsi appelé, dans un communiqué posté sur Facebook, à la tenue d' «élections présidentielle et parlementaires, en mars prochain, sur une base constitutionnelle qui bénéficie du consensus de tous les Libyens», alors que Sahal Aguila a annoncé des élections, sans autre précision. De toute évidence, il s'agit là d'une bonne nouvelle tant pour le peuple libyen que pour les pays voisins et la communauté internationale dans son ensemble.