Les chiffres, à eux seuls, devaient suffire à alerter les Algériens sur le retour en force du coronavirus en ce début d'hiver. Mais ces derniers, non seulement n'y prêtent pas attention, mais semblent aussi faire la sourde oreille aux nombreux appels lancés ces derniers jours par les experts et professeurs de santé. Le ministre de la Santé, le professeur Benbouzid, a été le premier à afficher son inquiétude face à la hausse continue des contaminations depuis plus d'une semaine. Il a, d'ailleurs, annoncé l'apparition de sept nouveaux clusters dans le pays. Le directeur de l'institut Pasteur, le docteur Fawzi Derrar a affirmé que «la situation est très sérieuse» alors que le Premier ministre, lui, s'est vu, dans l'obligation, de lancer des mises en garde à l'adresse des citoyens: «Il y a nécessité de poursuivre, avec rigueur et responsabilité, la mise en oeuvre des mesures de consolidation du dispositif de prévention et de lutte contre la propagation du coronavirus.» Le Premier ministre a dit regretter «le relâchement constaté». Hier, c'était au tour du président de l'ordre des médecins et membre du Comité scientifique de suivi de l'évolution de la pandémie, le docteur Berkani, de faire le même constat. L'expert n'a pas caché son angoisse annonçant même un éventuel et proche retour au confinement partiel. Intervenant sur les ondes de la Radio nationale, le docteur Berkani a affirmé que «la situation épidémiologique actuelle est inquiétante et un confinement partiel en Algérie n'est pas à écarter si les cas de contamination au coronavirus augmentent davantage et que l'on dépasse la barre des 100 cas dans une seule wilaya. Si l'on continue sur cette tendance haussière, pas moins de 12 wilayas pourraient, en effet, faire l'objet de confinement partiel». Mohamed Bekkat Berkani a même averti, que les hôpitaux devraient se préparer à recevoir de nouveau des patients, en cas de flambée des contaminations ne manquant pas de rappeler que «les soignants souffrent de surmenage, après 9 mois de travail permanent éprouvant». Appelant les citoyens à éviter le pire en s'éloignant des rassemblements familiaux à l'occasion de la célébration demain de la fête du Mawlid Ennabaoui, le docteur Berkani a insisté sur le respect des mesures sanitaires après le constat d'un large relâchement au sein de la société. Et il n'est pas le seul. Le professeur Abderrazak Bouamra, chef du service d'épidémiologie et de médecine préventive au CHU de Blida, a, lui aussi, fait état d'une hausse des hospitalisations dues au Covid-19 dans son établissement. Dans une déclaration à TSA, le professeur annonce la réouverture d'autres services dédiés à la prise en charge des personnes testées positives au Covid-19 afin de «se préparer à toute éventualité». «Il y a deux mois à peu près nous étions de 8 à 10 malades/jour en réanimation. Aujourd'hui (lundi dernier), nous avons 32 malades hospitalisés en réanimation». «La situation actuelle nous inquiète», a-t-il indiqué ajoutant «on doit faire preuve de vigilance. Nous avons certes acquis une expérience dans la gestion de la première vague de cette épidémie, mais avec ce nouvel effet rebond on doit fournir des efforts encore plus importants», a-t-il souligné.