Emoi, désolation et chagrin se lisaient sur les visages, déjà crispés, de l'ensemble des praticiens du service «la Crèche» de l'EHU d'Oran, mobilisés au premier front depuis l'arrivée de cette pandémie planétaire. Pour cause, un jeune homme âgé de 38 ans a rendu l'âme, mardi dernier, à l'intérieur de ce ser-vice, ce dernier a été terrassé par le Covid-19. Cette crèche, devant abriter les enfants dudit hôpital est «détournée» sciemment de sa vocation en le transformant en service de traitement du Covid-19, crise sanitaire oblige, d'autant plus que cet EHU, dédié à prodiguer les hauts soins, a été désigné comme centre de référence pour le traitement de cette maladie qui circule en toute «liberté», faisant des ravages. «C'est la flambée», dira le directeur général de l'Etablissement hospitalo-universitaire de l'Usto, le docteur Mohamed Mansouri, ce dernier soulignant «le rebond irréfutable du Covid-19» et contre lequel d'importantes mesures viennent d'être prises en vue de stopper ses ravages et casser la chaîne de sa libre circulation. «50% des personnes testées sont positives», a-t-il affirmé. Mais qu'a-t-on réellement fait pour freiner sa circulation? Les médecins en pâtissent en redoublant d'appels à la vigilance, alors que les insouciants se sont totalement relâchés, déposant les armes en abandonnant le masque, ne marquant plus les gestes barrières, se bousculant dans les bus, dans les magasins, les cafés et les restaurants, dans les coins et les recoins des cités et les quartiers. Certaines familles, notamment dans les zones rurales et semi-urbaines sont même allées jusqu'à jubiler en tenant des cérémonies, sous des youyous, de mariage dans lesquelles se réunissent plusieurs dizaines de familles, des proches et des convives pour se «partager» le virus en organisant ces fiestas, pourtant interdites, animées par des meddahette. La nuit précédant la célébration de la naissance du Prophète (Qsssl), des milliers de familles se sont regroupées pour l'occasion Les coins des cités et des quartiers se sont transformés en champs de bataille où le jeu de pétards était dominant à telle enseigne que l'on se croirait sur une arène, eu égard aux bruits assourdissants de ces jeux pyrotechniques ayant illuminé, tout au long de la nuit, le ciel d'Oran. L'affliction règne chez les médecins Au final, l'on se bouscule dans les couloirs de cet EHU donnant, aujourd'hui, l'image d'un hôpital de guerre où les «rescapés» de l'inconscience et de l'irresponsabilité sont nom-breux à affluer, masqués, solliciter les tests, les soins et la prise en charge en priorité, alors que des mois auparavant, ils se ridiculisaient de la science en se moquant des médecins appelant et rappelant à la vigilance étant donné que la bataille est loin d'être gagnée. Le docteur Djouadi médecin-coordinatrice du service du pré-tri de l'EHU fait son constat avec affliction. Croyant pouvoir regagner enfin tranquillement son domicile après la tendance baissière constatée, son rêve s'est évaporé. Cette doctoresse, faisant face à des centaines de patients venant de toutes parts, est appelée à ne pas se défaire de son masque. «Nous sommes revenus à la case départ», dira le docteur Djouadi soulignant que «nous vivons actuellement la situation qui a marqué le début de la pandémie au mois de mars». «Les bilans ont triplé», a-t-elle déploré, soulignant que «nous effectuons chaque jour plus de 50 tests PCR». Le vieux briscard des ma-ladies pulmonaires, le professeur Lellou Salah, dissimulant mal sa désolation, ne se laissera pas gagner par la lassitude alors que les signes du harassement se dessinent sur son visage. Il ne se dérobe pas non plus à la règle qu'il a imposée à sa propre personne. Il continue à rallier son service des 6 h du matin quotidiennement pour ne rentrer chez lui que très tard, après avoir eu le coeur net que ses coéquipiers de garde sont tous en place et que tous ses patients ont été consultés et reçu les soins nécessaires. Et ce n'est pas tout. 4000 personnes touchées L'EHU du 1er novembre assume la gestion des moyens humains et matériels de l'hôpital de Nedjma, ex-Chtaibo. Cette structure, comprenant trois étages est dirigée par le professeur Rabia Medjane, d'une capacité de 240 lits. Il est réservé exclusivement au Covid-19. Cela dénote que la situation va de mal en pis et pour laquelle «tout le personnel soignant est mobilisé», dira le directeur général de l'EHU, le docteur Mansouri. Les chiffres sont à la fois effarants et agressifs. «Depuis le début des premiers cas de contamination de coronavirus dans la région, l'EHU d'Oran s'est trouvé en première ligne pour traiter les personnes contaminées, dira l'assistante chargée de la cellule de la communication de l'EHU, Hayet Missoum. Pas moins de 3900 cas de Covid-19 testés positifs par la PCR et 320 Covid-19 révélés grâce au scanner, constituent les bilans chiffrés des patients traités au niveau des 10 services de l'EHU d'Oran», a-t-elle ajouté soulignant que «le personnel soignant mobilisé a été consolidé par l'ouverture de l'hôpital Nedjma». Elle ajoute que «cet hôpital est toujours mis à la disposition de la direction de l'EHU d'Oran qui a détaché une équipe médicale, paramédicale et administrative pour prendre en charge les patients Covid-19 et alléger la pression sur notre établissement». «L'établissement a pris en consultation 21000 malades et effectué plus de 11000 tests PCR», indique l'attachée de communication, expliquant qu'«une stratégie rationnelle et bien planifiée a été mise en place, celle-ci a permis de prodiguer les meilleurs soins possibles aux patients atteints de Covid-19, tout en maintenant toujours les autres activités de l'hôpital et en reprogrammant les activités non urgentes, de manière à garantir la sécurité des patients et de l'équipe soignante de l'EHU». L'autorité sanitaire vient d'arrêter tout un protocole sanitaire dans le cadre du dispositif de la gestion de la crise. Ce dernier repose sur l'adaptation des horaires de confinement partiel à domicile de 23h jusqu'au lendemain à 5h. Ce dispositif stipule la reconduction, pour une durée de 15 jours à partir du 31 octobre 2020, de la mesure de confinement partiel dans 11 wilayas. Il s'agit de Batna, Béjaïa, Blida, Tlemcen, Tizi Ouzou, Alger, Jijel, Sétif, Annaba, Constantine et Oran, cette wilaya est, selon le professeur Lellou Salah, classée en troisième position après Alger et Blida.