Dans une intervention sur Mosaïque FM, le président tunisien Kaïs Saïed a donné libre cours à sa colère contre ce qu'il qualifie de «trahison suprême» de la cause palestinienne, dénonçant avec un verbe haut les normalisations de plusieurs pays arabes avec l'Etat hébreu, ces dernières semaines. Qualifiant ces décisions qui portent un coup fatidique à la Ligue arabe de coups portés au peuple palestinien frère, il affirme qu'à la grande injustice du siècle dernier est en train de succéder une grande injustice du siècle courant, avant de mettre en garde contre les graves conséquences de ces normalisations qui ne sont rien d'autre qu'un marchandage odieux sur le dos d'un peuple martyr. La cause palestinienne est au coeur de notre politique, a-t-il dit, passant outre la déclaration prudente du MAE tunisien à ce sujet pour laquelle, a-t-il précisé, il a marqué sa différence, dans un domaine qui relève de son autorité, et elle constitue la cause centrale du peuple tunisien tout entier. Viendra le jour où, par-delà les soubresauts actuels qui ne signifient en aucun cas que le combat est terminé, l'Etat palestinien sera pleinement reconnu et pleinement reconnue sa capitale, El Qods echarif, a conclu le président tunisien dont le message n'épargne aucun des pays concernés par la trahison au profit de l'Etat sioniste. Depuis longtemps, on sait que le peuple tunisien est mobilisé aux côtés du peuple palestinien frère dans sa lutte contre l'expansionnisme de l'Etat hébreu. Outre ceux qui ont combattu en 1948 contre la horde sioniste, en témoigne le raid aérien du 1er octobre 1985, sur ordre du Premier ministre sioniste de l'époque, Shimon Peres, contre le siège de l'OLP à Hammam Chott. Une attaque condamnée par les Nations unies mais sans conséquence pour l'Etat hébreu, comme d'habitude. Aussi, tous les Tunisiens ressentent la normalisation des Emirats, de Bahreïn, du Soudan et du Maroc, comme autant de coups de poignards au dos des Palestiniens, et comme une trahison insupportable de la cause arabe et musulmane. C'est également, disent-ils, la mort annoncée de la Ligue arabe qui a été incapable de faire face au complot qui se tramait depuis des années et dont on voit aujourd'hui les conséquences. «Ces accords de la honte montrent au grand jour la faillite de cette organisation» et son échec consommé puisqu'elle n'a même pas réagi face à ces normalisations successives. Pour le peuple comme pour le présent tunisiens, les enjeux politiques, économiques et stratégiques qui se cachent derrière cette haute trahison confirment que les décisions des gouvernants ne sont nullement approuvées par leur peuple et c'est le plus important.