Le chef du Hamas, Khaled Mechaal, a manqué mettre le feu aux territoires palestiniens par ses accusations contre le président Abbas. Hier, le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, tentait de calmer les esprits, annulant une marche de protestation du Fatah, en réponse aux propos incendiaires du chef du Hamas, Khaled Mechaal, contre Abou Mazen accusé de faire le jeu des ennemis des Palestiniens. Dans la soirée de samedi, le chef politique du mouvement islamiste sans se rétracter, à cependant affirmé que ses déclarations ont été mal comprises. Certes, mais entre-temps la Cisjordanie était vendredi et samedi en ébullition quasiment aux portes de la guerre civile, dixit un militant du Fatah, le parti du président Abbas. Lors d'un meeting à Damas, M.Mechaal a accusé vendredi Mahmoud Abbas sans le nommer de «comploter» contre le gouvernement Hamas avec l'aide des Etats-Unis et d'Israël, dans le but, selon lui, de «réintégrer le pouvoir». Propos jugés inacceptables par le Fatah dont les militants ont manifesté en masse lors du week-end contre la sortie tonitruante du premier responsable du Hamas, dont les déclarations ont suivi la décision du président Abbas d'annuler une ordonnance du gouvernement du Hamas sur la formation d'une nouvelle force de sécurité constituée de volontaires de différentes factions armées. M.Abbas a en effet estimé anti-constitutionnelle la décision du gouvernement présidé par Ismail Haniyeh, qui semblait faire peu cas des dispositions existantes en la matière. Toutefois, devant une situation qui risquait de devenir incontrôlable, le président Abbas, à partir d'Amman -où il se trouvait samedi en visite officielle- a appelé au calme et à une solution «politique» de la crise surgie entre le Fatah et le Hamas menaçant d'embraser les territoires palestiniens. M.Abbas a indiqué, revenant sur ce qui s'est passé ces derniers jours, «Nous sommes en désaccord politiquement, sur notre perception des choses et des engagements internationaux, c'est pourquoi nous devons trouver des solutions». Le président de l'Autorité palestinienne qui faisait ces déclarations à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre jordanien, Maarouf Bakhit a encore ajouté «Nous ne permettrons pas une guerre civile ni des confrontations armées» affirmant: «Nous préférons régler cette question par les canaux politiques, calmement». M Abbas a appelé par ailleurs à ce que cette question ne soit pas «discutée à travers les médias». Mettant en garde contre un débordement de la situation Abou Mazen a insisté «Il est important que les choses ne s'enveniment pas plus sur la scène palestinienne car elle ne supportera pas de plus grandes tensions». De son côté, Khaled Mechaal a affirmé samedi que ses propos ont été mal compris indiquant. «Certains ont mal interprété mes déclarations vendredi et les ont exploitées pour provoquer la tension sur la scène palestinienne». Mais cette atténuation indirecte de ses propos n'a été faite qu'une fois que le Fatah et le Hamas en soient presque venus à se livrer à la violence, ce qui a fait craindre à beaucoup d'observateurs et analystes le déclenchement d'une guerre civile entre Palestiniens. Un luxe que le peuple palestinien ne peut se permettre. Le Hamas qui ne semble pas avoir mesuré l'impact de son intransigeance et les conséquences qu'elle pouvait avoir sur le peuple palestinien, joue de fait un jeu dangereux dont, à l'évidence, il ne dispose ni des moyens de le contrôler et encore moins de le mener à son terme à savoir la reconnaissance des droits des Palestiniens. Or, c'est l'inverse qui semble vrai si l'on observe les risques d'effondrement -politique et financier- de l'Autorité palestinienne, seul interlocuteur palestinien reconnu à l'échelle mondiale, et notamment par les grandes puissances regroupées dans le Quartette (USA, Union européenne, Russie et ONU) en charge du processus de paix au Proche-Orient, lequel processus doit aboutir à la création d'un Etat palestinien indépendant dans la Bande de Ghaza, en Cisjordanie et avec El-Qods comme capitale. Le Hamas, ne semble pas avoir compris que les règles du jeu ont été établies ailleurs et le seul espoir des Palestiniens, de voir un jour se concrétiser leur rêve d'un Etat palestinien, reste encore de jouer ce jeu aussi inéquitable soit-il, ne serait-ce que du fait que les Arabes, en général -qui répugnent à user des moyens dont ils disposent- et les Palestiniens, plus particulièrement, -qui n'ont pas toujours eu les moyens de leur politique-. De fait, les uns et les autres sont au pied du mur, qui n'ont jamais pu dépasser leur division pour présenter un front uni et une alternative arabe crédible apte à solutionner le contentieux proche-oriental.