Jusqu'à ce mois de janvier, beaucoup estiment qu'avec une pléthore d'intervenants, la gestion de la paie des enseignants n'était pas au-dessus de tout soupçon. En réduisant les centres payeurs de 4.000 à 48 (1 par wilaya), le ministère de l'Education compte mettre de l'ordre dans la gestion financière au niveau du secteur de l'éducation: «La procédure de centralisation du paiement des traitements des personnels de l'éducation nationale, dictée par le souci d'une gestion plus rationnelle des crédits alloués par l'Etat, a suscité auprès des travailleurs la crainte d'un retard dans le versement des salaires du mois de janvier 2002.» Le ministère de l'Education nationale tient à rassurer l'ensemble de ses personnels, tous corps confondus, y compris le personnel suppléant, que les traitements ont déjà été perçus dans la majorité des wilayas. Pour le reste, ils le seront, en tout état de cause, avant la fin du mois de janvier 2002, informe un communiqué du ministère de l'Education. Voilà qui peut rassurer le corps enseignant bien que le Sete, affilié à l'Ugta, se sont récemment opposés à la décision de centralisation de la paie, qu'il trouve incompréhensible contrairement au Satef (Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation), exécutif de Tizi Ouzou, qui pense que la vérité est ailleurs. Pour lui, se focaliser sur le décret exécutif n° 232/01 du 09 août 2001, à l'origine de l'opération de centralisation de la paie, est pur leurre. Rappelant qu'«à l'époque déjà, la paie était centralisée au niveau du ministère». Ainsi, pour ce syndicat autonome, la nouvelle mesure a été diabolisée par de «pseudosyndicalistes complaisants qui passent beaucoup plus de temps au siège de la direction de l'éducation pour plaire à leurs chefs, plutôt qu'à s'occuper des problèmes des travailleurs (...) et dont le salaire n'est jamais touché quand ils font grève». Le Satef, qui menace de recourir à une action si les salaires ne sont pas perçus avant le 25 du mois en cours, précise encore: «Nous exigeons seulement d'être payés à temps (entre le 25 et le 30 de chaque mois).» Par ailleurs, et devant le risque de grève qui menace de paralyser le monde de l'éducation de la région kabyle, le même Satef se demande: «Lorsqu'on se prétend être un syndicat national et qu'il s'agisse d'un problème national pourquoi appelle-t-on à une grève ici seulement à Tizi Ouzou, l'Algérie est vaste est-ce une autre forme de se rallier aux «autonomistes»? Ou peut-être veut-on la tête de quelqu'un?» Questions bien légitimes, quand on sait qu'à Blida par exemple une date a été annoncée par les autorités compétentes afin d'apaiser les esprits: «C'est entre le 12 et le 15 de chaque mois que les enseignants percevront leur traitement.» Dans cette seule wilaya, quelque 400 millions de centimes ont été déboursés pour l'achat du matériel informatique et de l'équipement, nécessaire à l'opération de centralisation. Les objectifs y semblent déjà atteints. Car le salaire des 13.000 employés dans le secteur de l'éducation de la ville des Roses est déjà établi, annonce-t-on. En effet, des échos parvenant de Kabylie font état du maintien du mot d'ordre de grève. Outre les inquiétudes légitimes des enseignants concernant la transparence dans la gestion de leurs salaires et les nécessaires clarifications à leur apporter, le cas échéant, la politique gagnerait de plus en plus la sphère éducative: des enseignants et des élèves ayant un pied dans le mouvement citoyens de Kabylie n'hésiteraient pas à enrober les revendications des ârchs de préoccupations propres aux éducateurs. Même avec le précédent appel à la grève lancé par la Fnte (Fédération nationale des travailleurs de l'éducation) et la persistance du risque de débrayage, rien n'est encore joué. Etant donné les assurances offertes par le ministre, mais surtout du fait des différences de vues radicales affichées par telle ou telle tendance syndicale. Si grève il y a, reste à savoir si elle sera suivie à l'échelle nationale. Ce sera alors l'ultime test de vérité.