Visiblement, on n'est pas au bout de nos peines. Après la crise sanitaire et économique, on se dirige vers une crise hydrique! Le directeur général de l'Algérienne des eaux (ADE), Hocine Zair, a reconnu officiellement que l'Algérie était en alerte sécheresse! Pis encore, il appelle les citoyens à se préparer à des jours difficiles avec le réaménagement des horaires de distribution de l'eau potable. «Les horaires d'alimentation en eau potable seront inévitablement aménagés au début de l'été prochain en cas de persistance du stress hydrique actuel», a-t-il annoncé, hier, lors de son passage sur la matinale de la Radio nationale Chaîne 3. «Si la situation ne s'améliore pas dans les deux mois à venir, l'alimentation en quotidien qui se situe entre 10h et 18h sera réduite pour passer entre 6h et 12h voire à un jour sur deux», a-t-il précisé reconnaissant au passage les «délestages» de ces derniers mois. En effet, depuis l'été dernier, de nom- breux foyers ne sont pas alimentés en eau potable H 24. Des coupures sont effectuées durant la nuit jusqu'au lendemain matin. Mais après le mois sacré du Ramadhan, les choses risquent de se corser! L'eau ne sera disponible dans nos robinets qu'au maximum 12heures par jour! Un retour inattendu vers une époque que l'on pensait révolue, celle des réveils en pleine nuit pour faire le «plein»! Hocine Zair justifie cette «option» radicale par la «préservation des réserves existantes au niveau des barrages». Il tente de rassurer en expliquant que cette réduction de plages horaires se fera «au cas par cas, selon les communes et les sources de mobilisation d'eau». Il assure également que le mois sacré du Ramadhan ne sera pas concerné par ces restrictions. Mais après, il laisse le pouvoir au «mektoub» de décider! «Si les réserves se reconstituent d'ici au mois de mai prochain, il ne sera pas question de ces restrictions», a précisé le DG de l'ADE. Une amère «confession» d'impuissance face à la sécheresse qui frappe le pays. Certes, le taux de remplissage des barrages est très critique. Selon les données récentes publiées par l'Agence nationale des barrages et des transferts (Anbt), le pays enregistre une moyenne de 44% de remplissage des barrages. Cependant, de l'aveu même de ce responsable, les barrages et les autres eaux de surface, ne représentent que 40% des ressources utilisées pour l'alimentation en eau potable». Plus de la moitié de nos ressources provient «d'autres alternatives telles que l'eau de mer dessalée et l'eau issue des forages», a-t-il rappelé. Il n'y aurait pas comme une contradiction dans ses déclarations? En tout cas, cette crise qui pointe le bout de son nez est un terrible constat d'échec de la politique de la gestion des ressources en eau, des dernières années. Des millions de dollars ont été dépensés pour construire des barrages et autres moyens de «préservation» des ressources hydriques. Pour qu'au final, on revient à la case départ avec des robinets à sec! Où sont les stations de dessalement d'eau de mer annoncées, il y a plusieurs années? Le Programme national actuel de dessalement est muni de 11 stations produisant plus de 2 millions m³ d'eau/jour. Très insuffisant par rapport à la demande nationale. Hocine Zair fait savoir que les pouvoirs publics viennent de «décider de confier la réalisation en urgence» à des entreprises publiques de quatre stations de dessalement, au niveau de Zéralda, Aïn Benian, Palm Beach (wilaya d'Alger) et Bousmaïl (wilaya de Tipasa). «Le but de ces projets est d'atténuer le stress hydrique au niveau de la capitale», a-t-il soutenu. En attendant, les Algériens devront ressortir leurs bons vieux bidons...