Le naufrage du bateau Béchar, appartenant à la compagnie nationale maritime Cnan, aurait pu être évité. Les témoins ont affirmé hier lors du procès que «la mise en place d'un dispositif de secours suffisant et adéquat aurait permis d'éviter la catastrophe». Cette révélation fracassante confirme, une fois de plus, la thèse faisant état du manque de responsabilité professionnelle et de la défaillance du système d'intervention. Selon le nommé A. Y, auditionné avant hier, les appels de sauvetage lancés par le commandement du navire «n'ont pas été pris en charge par les services concernés aussi bien au niveau de la CNAN que du port d'Alger». Occupant le poste de commandant du Béchar du 6 juin au 10 octobre 2004, ce dernier révèle que la cause principale, qui a conduit à la mort de 17 membres de l'équipage, est due au système de secours défaillant. Le Béchar» était mis en vente et que «son acquéreur s'est rétracté et l'a cédé à la CNAN, laquelle est entrée en possession du navire et l'a exploité, alors qu'il manquait de tous les équipements de maintenance indispensables», précise t-il. Plus grave encore, le témoin a affirmé que «tous les certificats de validité du navire étaient périmés et qu'ils devaient être renouvelés par la commission d'inspection». Il a tenu a souligné également que le commandant de bord ne pouvait rien faire face aux mauvaises conditions climatiques, notamment la vitesse du vent d'une part, et le mauvais état du navire, d'autre part. Un autre témoin, H.K chef mécanicien du Bechar, a, quant à lui, insisté sur l'état «défectueux» d'un des trois générateurs du navire, de même que d'autre «failles techniques» au niveau de certains équipements. «Le Béchar, compte tenu de son état défectueux, devait être en réparation», a-t-il dit. Pour sa part, L.Y., officier de port, a affirmé «avoir reçu le Bulletin météorologique spécial (BMS) à 9h00 le jour de la catastrophe et en avoir informé les navires, particulièrement Béchar, Batna et ´´Benghazi´´ qui étaient en rade depuis plusieurs mois». Il a ajouté que «le même jour, à 17h00, le commandant du Béchar l'a informé qu'il ne pouvait pas virer son ancre avant de solliciter l'intervention des remorqueurs». «A 18h00, on n'avait plus d'informations sur ce navire», a-t-il précisé. Le bateau de transport de marchandises «Bechar» avait péri, rappelons-le, le 13 novembre 2004 avec à son bord 18 membres d'équipage, alors que le navire Batna avait échoué au niveau des Sablettes à l'ouest du port d'Alger. Le procès des 26 personnes accusées dans cette affaire s'est ouvert jeudi dernier à la cour d'Alger, par la lecture de l'arrêt de renvoi et le début de l'audition des accusés.