La perspective d'un traité d'amitié entre l'Algérie et la France reste ouverte. «Je suis convaincu que si Nicolas Sarkozy est élu président de la République, le traité d'amitié sera signé sur une base beaucoup plus saine. Je pense que la prochaine visite de Sarkozy à Alger va déjà changer la nature des relations bilatérales.» Ces propos émanent de Abderrahmane Dahmane, secrétaire national chargé des relations avec les associations d'émigrés à l'UMP, dont le président est Nicolas Sarkozy. Ce qui laisse croire que la perspective d'un traité d'amitié entre l'Algérie et la France reste évidemment ouverte même si la négociation de ce texte fondamental prendra encore du temps. Ce qui est «normal pour un document de cette importance», a estimé, mardi, à l'Assemblée nationale française, Catherine Colonna, ministre française déléguée aux Affaires européennes. Cette dernière soutient d'un autre côté que les discussions sont au point mort en raison de la tension entre Paris et Alger sur le passé colonial français. Un traité d'amitié essentiellement motivé par des urgences économiques, tant Paris se préoccupe des percées enregistrées, au cours des deux dernières années, par les Etats-Unis, la Russie et, à un degré moindre, la Chine. Longtemps exhibé mais retardé à chaque échéance en raison des divergences politiques persistantes entre Alger et Paris, le traité d'amitié sur lequel se fondent les espoirs de voir les relations algéro-françaises prendre un nouvel essor, a été, sinon enterré, du moins remis à des heures plus propices. De son côté, Mohamed Bedjaoui, ministre des Affaires étrangères, réaffirmait lors de la visite de Philippe Douste-Blazy, que «l'Algérie reste très attachée à la signature du traité d'amitié qui doit être un traité conclu par les peuples algérien et français sans l'adhésion desquels un tel engagement n'aurait pas la signification qu'il mérite.» En ajoutant qu'un tel pacte doit sceller l'union entre les deux peuples et non pas seulement entre les deux gouvernements ou les deux présidents, Mohamed Bedjaoui a clairement signifié que la maturation est loin d'être achevée, surtout qu'il n'a pas hésité à ajouter que «les conditions psychologiques, objectives, ne sont pas suffisamment propices», à l'heure actuelle, pour une éventuelle conclusion dudit traité. Néanmoins la déclaration d'Abderrahmane Dahmane laisse la porte ouverte à une éventuelle signature du traité d'amitié en question en 2007, c'est-à-dire en cas d'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence. Sur ce point, le patron de l'UMP ne s'est jamais exprimé laissant le soin aux députés de sa mouvance, au ministre des Affaires étrangères en tête, de légiférer sur l'aspect positif de la colonisation. Néanmoins, rien ne garantit que la prochaine majorité au pouvoir ou le prochain président n'inscrivent le traité d'amitié au menu de leurs priorités. Aussi, tant que certaines mesures ne seront pas prises du côté français, notamment au regard de la repentance qui est une condition sine qua non du peuple algérien, il est fort probable que le traité d'amitié ne fasse plus partie de l'avenir prévisible des relations entre les deux pays. En définitive, si Paris souhaite relancer le projet d'amitié il lui faudra sérieusement revoir sa position. C'est toute la tâche, ardue certes, qui attend le prochain président français s'il veut que le rapprochement entre les deux rives se fasse dans l'intérêt mutuel.