Le tribunal criminel de Dar El Beida a rendu son verdict, tard dans la soirée de mercredi dernier, dans le procès d'Ali Ghediri, condamnant l'ancien général-major à la retraite, à une peine de 4 ans de prison ferme, pour le chef d'inculpation de «participation en temps de paix à une entreprise visant à fragiliser le moral de l'Armée nationale populaire». Une peine de 10 ans de réclusion a également été prononcée à l'encontre de Hocine Gasmi, comparaissant dans la même affaire et poursuivi pour «faux et usage de faux», «usurpation d'identité» et «intelligence avec l'étranger». En sus de la prison, ce dernier a été privé de «ses droits civiques». Plus tôt dans la journée, le représentant du parquet avait requis une peine de 7 ans de prison ferme à l'encontre de Ali Ghediri et 20 ans à l'encontre de Hocine Gasmi, arguant de «la gravité» des faits reprochés aux accusés et exprimant son souhait que ces peines «sévères» puissent «servir d'exemple» à l'avenir. À l'annonce de la sentence du tribunal criminel, la défense d'Ali Ghediri, considérant le jugement sévère, a annoncé son intention d'interjeter appel auprès de la Cour suprême. Les avocats du candidat à la présidentielle avortée du 18 avril 2019, considèrent que les faits reprochés à leur client sont «infondés» en raison de «son sens patriotique et son abnégation» au service du pays, durant toute sa carrière militaire au sein de l'ANP. Défilant à la barre, tour à tour, les robes noires qui avaient tous plaidé l'acquittement pour Ali Ghediri, ont tenté de démonter le délit de «fragilisation du moral de l'ANP» insistant sur le fait qu'un tel chef d'inculpation n'est pas «matériellement explicite» dans l'article de loi. Me Miloud Brahimi s'est interrogé: «De quelle entreprise, pour laquelle est accusé l'ancien général-major de participation, s'agit-il exactement?» faisant savoir que son mandant «n'a fait qu'exprimer une opinion concernant la situation prévalant dans le pays», ce qui est «un droit garanti par la Constitution pour tout citoyen», a relevé Me Zoubida Assoul. Allant dans ce sens, Me Mustapha Bouchachi a tenu à expliquer que «Ali Ghediri n'a enfreint aucune obligation de réserve ni divulgué une quelconque information d'ordre de secret professionnel». D'autres avocats n'ont pas manqué de plaider pour la dissociation du dossier du général à la retraite de celui de Gasmi, le second prévenu. Ali Ghediri, pour rappel, a été disculpé d'être «complice dans la communication des informations à des agents étrangers portant atteinte à l'économie nationale». En détention depuis juin 2019, Ghediri a clamé son innocence lors de son procès, aspirant à quitter la prison, mais le tribunal a prononcé son verdict et il devra attendre son procès en appel pour espérer voir sa peine réduite.