Comment peut-on vivre une pénurie lorsqu'on produit plus que l'on consomme? C'est la réponse à cette question que tentent d'avoir des parlementaires qui, constitués en commission, sillonnent certaines régions du pays pour mener leur enquête auprès des usines de production et des acteurs de la chaîne de distribution. Leur rapport est très attendu afin de comprendre les raisons des tensions passagères sur ce produit de large consommation. Au-delà du rapport et en recourant à la simple logique, il est évident qu'aucune tension ne devrait se produire en cas de surproduction. D'ailleurs, le directeur général du contrôle économique et de la répression des fraudes au ministère du Commerce, Mohamed Louhaïdia, a affirmé, la semaine dernière, que le stock actuel de l'huile de table est suffisant pour approvisionner le marché pendant 24 jours sans interruption. Cela implique donc que la pénurie est t provoquée par la spéculation ou par des lenteurs administratives. Pour la dernière déficience en Algérie, il semble qu'elle a été causée par la conjugaison de ces deux facteurs. En effet, les services de lutte contre la fraude, du ministère du Commerce, aidés par la Gendarmerie nationale, ont fait état et à plusieurs reprises, des résultats de leur traque quotidienne contre les spéculateurs et les contrebandiers et la saisie de plus de 26 tonnes d'huile subventionnée, confirmant ainsi cet état de fait. De même que la condamnation, dernièrement, à de lourdes peines de prison de deux spéculateurs par le tribunal de Constantine. À côté de la spéculation, le Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane, a estimé que la pénurie de certains produits de consommation, comme l'huile de table, qu'a connue récemment le marché national, était due principalement à «une perturbation dans la distribution», assurant d'un retour à la normale «durant les prochains jours». Dans une déclaration à la presse, en marge de la cérémonie de remise des affectations budgétaires aux différents départements ministériels au titre de la loi de finances 2022, Benabderrahmane a indiqué que ce dysfonctionnement «résulte des procédures et formalités accomplies par certaines usines vers la fin de chaque année, telle que l'opération d'inventaire qui entraîne une baisse du rythme de distribution». À bien voir, quelle que soit la raison des tensions sur l'huile de table en Algérie, le problème n'est pas uniquement de trouver son origine, mais aussi de réduire la facture des subventions de cette denrée qui ne cesse d'augmenter. L'Algérie, qui est le 2e consommateur africain d'huile de soja et le 4e importateur mondial de la denrée, a dû débourser en termes de compensations pour les producteurs, plus de 287 millions de dollars (40 milliards de dinars). Grâce à ce soutien, les prix de ce produit en Algérie ont été de 40 à 50% moins élevés en 2021 par rapport au niveau des prix dans le monde. Mais il ne s'agit bien évidemment pas de lever les subventions et laisser le citoyen face à une augmentation vertigineuse des prix. L'Etat doit impérativement faire face à une crise liée à la flambée du soja sur le marché mondial en pensant à la subvention de la production locale. Plutôt donc que d'espérer une baisse des prix sur les marchés mondiaux qui risque de ne pas survenir, l'Algérie devra se mettre rapidement à la trituration et la production des graines.