Un nouveau mandat. Une nouvelle page. Le président de la République Abdelmadjid Tebboune avait donné le ton des futures relations algéro-françaises. Un accent remis, jeudi, par le chef de l'Etat lors d'un entretien téléphonique avec son homologue français Emmanuel Macron. Lors de cette communication, le président Tebboune a réitéré ses félicitations à Emmanuel Macron pour sa réélection à la tête de la République française, indique un communiqué de la présidence de la République. «À son tour, le président français a remercié le président de la République pour son aimable attention et ses nobles sentiments», a précisé la même source. La communication a permis aux deux Présidents de «passer en revue les relations bilatérales et les moyens de les développer dans nombre de domaines au mieux des intérêts des deux peuples, ainsi que des questions régionales et internationales d'intérêt commun», a ajouté le communiqué. Tandis qu'un communiqué de l'Elysée indique qu'au cours de leur échange, les deux chefs d'Etat ont évoqué des dossiers clés, bilatéraux et régionaux, notamment le conflit russo-ukrainien et son impact à l'échelle de la planète. «Ils ont discuté de la guerre en Ukraine et de ses conséquences. Ils ont par ailleurs évoqué les crises régionales, notamment au Mali, et ont convenu de renforcer la coordination entre les deux pays sur ces questions». Selon l'Elysée, les deux parties ont «réaffirmé leur volonté de poursuivre la dynamique positive dans la relation bilatérale entre la France et l'Algérie». Les deux parties semblent bien parties pour écrire de nouvelles pages de leur histoire, comme le soulignait, dans son message de félicitations, le président Tebboune, au lendemain de la réélection d'Emmanuel Macron. Dans son premier message, Abdelmadjid Tebboune a émis le souhait de bâtir une «relation de confiance et d'amitié», avec un «regard vers l'avenir, à la hauteur des ambitions partagées». Un texte accompagné d'une invitation à se rendre «prochainement» en Algérie. Manifestement les présidents algérien et français ont la ferme intention d'aller vite et loin durant le second et dernier mandat de Macron. En attendant une éventuelle visite, cette refondation passe par la remise à plat de certains dossiers sensibles qui pèsent toujours lourdement sur ces relations. Dans ce sens, le président Tebboune a esquissé une feuille de route pour l'avenir des relations algéro-françaises. Une feuille de route en plusieurs points. «Qu'il s'agisse de mémoire, de relations humaines, de consultations politiques ou de projections stratégiques, de coopération économique et d'interactions dans toutes les sphères de travail en commun, la vision rénovée, pleinement respectueuse des souverainetés et de l'équilibre des intérêts, que nous partageons, a le potentiel d'ouvrir à nos deux pays de vastes horizons d'amitié, de convivialité harmonieuse et de complémentarité mutuellement avantageuses», a souligné le président Tebboune. La commémoration, en juillet 2022, du 60e anniversaire de la guerre d'indépendance pourrait être l'occasion de nouveaux gestes, notamment la reconnaissance au nom de la République française des crimes coloniaux commis en Algérie. Ce à quoi le président Tebboune a fait allusion dans son premier message de félicitations où il a souligné l'importance de l'«opportunité historique» qui s'offre aux deux pays pour «entrevoir l'avenir et prendre en charge nos ambitions avec courage et responsabilité». D'autant que le partenariat stratégique entre les deux pays ne pourra être renforcé qu'après avoir «pansé les blessures de la mémoire». En somme, une approche réaliste du copartenariat, un partenariat gagnant-gagnant loin du mercantilisme et de l'esprit de domination, et une vision commune du devenir. Pour peu que le dossier, d'une extrême sensibilité, de la coopération en matière de lutte contre l'immigration clandestine et de délivrance de visas, à l'origine de la brouille de 2021 et du rappel de l'ambassadeur d'Algérie en France en octobre, avant son retour en poste en décembre de la même année, soit aplanie. Du fait que Paris, selon l'ancien ambassadeur Xavier Driencourt, envisage de renégocier les accords de 1968 sur la circulation et le séjour des personnes.