Demain et après-demain, soit les 27 et 28, s'ouvriront les travaux du Conseil national de l'UGTA. Les débats s'annoncent, d'ores et déjà, houleux, et l'ordre du jour des plus épineux. Le premier CN de l'année s'inscrit dans le chapitre «hauts risques» et intervient à une étape difficile de la vie syndicale. Car d'un côté, il se tient «à quelques paperasses» de l'entrée de l'Algérie à l'OMC, et de l'autre, il a lieu dans un contexte sociopolitique très agité, et marqué essentiellement par les préavis de grève lancés par plusieurs secteurs névralgiques de la vie active du pays (éducation, mécanique, etc.). Selon un membre influent du CN, la réunion de demain sera «ouverte, mais axera ses travaux sur l'augmentation des salaires des travailleurs, la révision de la taxe douanière et les actions à mener ou à proposer pour faire aboutir les revendications brandies par l'UGTA depuis un certain temps». Pour d'aucuns, il peut paraître presque acquis que l'UGTA va encore «faire monter la tension d'un cran pour négocier avec le gouvernement en position de force». C'est d'ailleurs la stratégie adoptée par tous les syndicalistes depuis des décennies, car elle permet d'infléchir les positions les plus inflexibles. Toutefois, la réunion de demain ne donne pas l'air d'être une stratégie de surenchère, mais véritablement un conclave qui intervient dans, un climat social tendu, distendu presque explosif. Plusieurs secteurs ont annoncé des actions de débrayage début février, dont principalement celui de l'éducation, en proie à de profondes «déchirures internes». Ce secteur menace de faire arrêter ses 500.000 travailleurs afin de faire pression sur le ministère de Benbouzid, à propos de la centralisation des salaires, de la dépermanisation et des enseignants vacataires. La Fédération des secteurs métallurgie, mécanique, électrique et électronique (Fntmmee/UGTA), forte de ses 120.000 affiliés, brandit aussi la menace de recourir à des «actions musclées», si les tensions existant dans les secteurs concernés ne sont pas apaisées d'ici à quelques jours. La CN va agir aussi dans un contexte marqué par un retour en force des syndicats autonomes, tels le Snapap, le Cnes, le Satef, l'Unpef, qui sont en train de gagner «du terrain et des adhérents», en procédant, justement, à des actions musclées. L'UGTA, en face, «ne doit pas faire preuve de mollesse, de compromis doucereux et mutilés, ni de concessions décrédibilisantes», selon les termes utilisés par M. S., membre influent de la direction de l'UGTA. En face, il y a pire pour l'UGTA. Le gouvernement ne semble pas s'encombrer, outre mesure, des préoccupations syndicales, notamment dans les chapitres qu'il estime «manquant de consistance». La loi sur la taxe douanière, dont semble souffrir l'UGTA, a été discutée, adoptée et promulguée, et il n'y a pas à y revenir. Pour le problème des salaires, et par la bouche même du Président de la République, les travailleurs ne sont pas près de voir une augmentation quelconque sur leurs fiches de paie, du moins pour les mois à venir. Cette «tchektchouka» politico-sociale ne promet pas de beaux lendemains, ni pour les travailleurs ni pour les ministères les plus concernés par la crise de confiance, notamment l'éducation, l'industrie, la privatisation, la justice, l'hydraulique, etc. A moins que la tripartite, prévue pour aujourd'hui, ne vienne à point nommé débloquer une situation périlleuse.