Pourquoi les ports algériens ne sont-ils pas les plus attractifs aux plans régional et international? La question mérite d'être posée, si l'on sait que l'Algérie dispose d'un potentiel portuaire assez important, mais qui reste au centre d'une gestion inadaptée, voire même archaïque et ob-solète. C'est, en tout cas, l'avis de nombre d'experts et d'opérateurs algériens chevronnés, ayant l'expérience des grandes infrastructures portuaires du monde, dont celles européennes. L'un des grands chantiers contenus dans les 54 engagements du président Tebboune, est sans nul doute la modernisation des ports, étant dit qu'ils sont le nerf de l'économie. Dans ce cadre, la digitalisation de la gestion de toute la chaîne des activités portuaires sonne comme un leitmotiv d'impérieuse nécessité. C'est de cette opération que les responsables du secteur, dont le ministre des Transports, Abdallah Moundji,ont convenu lors d'une réunion consacrée à la présentation du nouveau système informatisé de gestion des activités portuaires commerciales. Un conclave qui a vu la participation des cadres du ministère, du directeur général par intérim et de cadres du Groupe des services portuaires Serport, durant lequel le ministre a appelé à «l'accélération de la généralisation du nouveau système informatisé de gestion des activités portuaires commerciales». Il a été précisé que le nouveau système d'informatisation de la gestion portuaire, se cristallise par «une plate-forme digitale rassemblant tous les acteurs (représentants des organismes publics et opérateurs économiques) et visant à simplifier et unifier les procédures relatives aux transactions». Ce qui devra simplifier les procédures au profit des opérateurs économiques, et assurer un gain de temps en argent. Elle (la plateforme, Ndlr), «permet aux gestionnaires et aux opérateurs d'entamer les procédures en ligne et de suivre la traçabilité de leurs marchandises à distance», a-t-on précisé, par ailleurs. D'aucuns savent que les quatre Algériens couvent une congestion de marchandises, enregistrant des surestaries et autres dommages, que nos gestionnaires peuvent éviter aisément. À croire les responsables du secteur, ce nouveau système de numérisation de la gestion devra conférer «davantage de flexibilité aux différentes procédures, notamment l'attribution des quais aux navires et la durée de chargement et de déchargement» et permettra «d'éviter les pénalités de retard du fait du non-retrait des conteneurs dans les délais impartis, et partant, réduire la fuite des devises, créer un équilibre dans l'activité des ports et exploiter les espaces de manière plus efficace». Selon le ministre des Transports, la généralisation de ce système à l'ensemble de la «Supply chain» devra «rendre nos ports plus attractifs, voire plus souples dans la gestion des trafics portuaires». Parallèlement à cet état de fait, de plus en plus de voix s'élèvent pour dénoncer un état des lieux, pour le moins, difficile où il est impossible d'évoluer pour des opérateurs en quête de marchés et de possibilités d'extensions commerciales. Selon des patrons de consortium regroupant des activités logistiques et de transport maritime, «l'organisation actuelle des ports d'Algérie, est totalement désuète et obsolète, nécessitant une totale refonte, tant au niveau des statuts, qu'au niveau des infrastructures». En effet, l'organisation portuaire actuelle doit être revue, notamment pour ce qui est du renforcement des infrastructures, à travers la réhabilitation des bassins afin d'accueillir les grands tirants d'eau et les bateaux de grands gabarits. L'élargissement des quais et l'extension des enceintes portuaires, devra permettre «de disposer de terre-pleins assez larges destinés aux déchargements rapides», et un gain en temps et en argent. Sans compter l'impérieuse nécessité de consentir de nouveaux investissements, dans la modernisation des infrastructures adéquates, destinées à la manutention et le traitement des marchandises, à travers le chargement et le déchargement des cargos. «Les ports doivent être dotés d'équipements modernes de traitement des arrivages de bateaux, dont les grues de quais modernes de chargement et de déchargement des marchandises», s'accordent à dire de plus en plus d'experts. Pour le moment, les surcoûts démesurés engendrés comparativement aux pays du Bassin méditerranéen, ont trait à l'exploitation de ces équipements désuets. «Il existe un lien étroit entre l'organisation des ports et le transport maritime», note-t-on encore. Les prix du transport maritime en Algérie coûtent 30 à 40% plus cher qu'au niveau de certains pays du bassin méditerranéen. Pour rappel, le transport maritime en Algérie, coûte environ 5 milliards USD annuellement, selon la banque d'Algérie.