L'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses partenaires céderont-ils à la pression des pays gros consommateurs d'or noir, des Etats- Unis notamment, qui souhaiteraient les voir augmenter leur offre conséquemment. C'est le débat de l'heure. Les spéculations vont bon train. Chacun y va de son commentaire de ses arguments, certains experts y décèlent même un début de nouvelle stratégie de l'Opep+ après le voyage effectué à la mi-juillet par le président des Etats-Unis en Arabie saoudite dont l'objectif était de convaincre le chef de file de l'Opep d'ouvrir davantage les vannes. «L'administration américaine semble anticiper de bonnes nouvelles, mais c'est difficile de déterminer si c'est basé sur des garanties reçues pendant son séjour», indique Craig Erlam, analyste chez Oanda, «Il ne serait pas surprenant de voir les Saoudiens annoncer quelque chose que Joe Biden pourrait vanter comme une victoire auprès de ses électeurs», pronostique de son côté Stephen Innes, chez SPI Asset Management. Les choses ne semblent pas prendre pourtant cette direction. L'Opep+devrait prolonger l'accord actuel pour continuer à augmenter le volume de pétrole. Une décision qui doit être prise à l'unanimité des membres et augure donc d'une rencontre plus longue que d'habitude, indique l'institut de recherche londonien Energy Aspects. Les analystes sont pratiquement formels: les 23 n'ouvriront pas plus que les fois précédentes leurs robinets. Un indice et non des moindres montre que cela sera encore le cas cette fois- ci. Le baril de Brent qui est passé sous la barre des 100 dollars s'est ressaisi vers 16h10 pour afficher 100,21 dollars cédant au passage 3,76 dollars alors que le pétrole américain perdait 4,62 dollars pour s'échanger à 94 dollars. Ce qui ne doit pas inciter l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses dix alliés à augmenter son offre et prendre le risque de faire plonger encore plus des cours de l'or noir qu'ils n'ont réussi à faire rebondir qu'au prix de coupes exceptionnelles. Le 9 avril 2020, l'Opep et ses partenaires, dont la Russie, avaient, en effet, décidé de réduire leur production de près de 10 millions de barils par jour pour stopper le plongeon des prix et de procéder à une coupe de 7,7 millions b/j à partir du 1er août jusqu'à fin décembre 2020 avant de passer à 5,8 millions de barils par jour dès le début de 2021. L'Opep+ a finalement décidé d'opter pour la prudence et de n'ouvrir que progressivement ses vannes. 7,2 millions de barils par jour à partir du 1er janvier 2021 avant qu'elle ne passe à 7,05 millions b/j en mars.Les «23» ont par la suite dérogé à leur stratégie qui consistait d'augmenter leur production d'environ 400000 barils par jour depuis pratiquement une année lors de leur dernier sommet qui s'est tenu le 2 juin 2022. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+) avaient décidé d'augmenter leur production pétrolière globale pour le mois de juillet et août de 648000 barils/jour. Autre argument de taille qui indique que l'on se dirige vers le statu quo: le niet catégorique de l'Opep à toute interférence à la stratégie de l'augmentation de son offre. Il faut rappeler que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, emmenée par son chef de file l'Arabie saoudite, n'a pas répondu aux sollicitations des pays occidentaux, gros consommateurs d'or noir, pour doper sa production depuis le début de la guerre en Ukraine pour enrayer la flambée des prix. «Si l'Opep+ n'existait pas, nous ne pourrions pas avoir de stabilité sur le marché de l'énergie (...), la volatilité des prix serait encore pire», avait déclaré le ministre saoudien de l'Energie, Abdulaziz ben Salmane lors du Sommet mondial des gouvernements qui s'est tenu, fin mars, à Dubai, tout en défendant la «culture» apolitique de l'Opep. Tout indique a priori que l'Opep+ maintiendra le cap.