La Chine a déployé 71 avions de combat, lors de manoeuvres militaires ce week-end autour de Taiwan, a indiqué hier le ministère de la Défense de Taipei, dont 60 avions de chasse, dans l'une de ses plus grandes incursions quotidiennes à ce jour. Pékin a déclaré avoir mené dimanche des exercices militaires près de Taiwan, qu'elle revendique, en réponse aux «provocations» et à la «collusion» entre les Etats-Unis et les autorités de l'île. Dans un message publié sur Twitter, le ministère de la Défense de Taiwan a indiqué que 60 avions de chasse avaient pris part aux exercices, dont six SU-30, parmi les appareils les plus perfectionnés de la Chine. Dans cette mise à jour quotidienne, Taiwan indique en outre que 47 de ces avions ont pénétré dans la zone de défense aérienne (ADIZ) de l'île démocratique autonome, ce qui constitue la troisième incursion quotidienne la plus importante enregistrée, selon les indications des médias. La Chine considère que Taiwan, peuplée de 24 millions d'habitants, est l'une de ses provinces, qu'elle compte un jour ou l'autre réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. Elle voit avec mécontentement le rapprochement à l'oeuvre ces dernières années entre les autorités taiwanaises et les Etats-Unis, qui fournissent à l'île un soutien militaire face à Pékin depuis plusieurs décennies. Sous la présidence de Xi Jinping, Pékin a intensifié la pression militaire, diplomatique et économique sur Taiwan à mesure que les relations se détérioraient. L'un des moyens de pression de plus en plus utilisés par la Chine consiste à survoler la zone de défense aérienne de Taiwan avec ses avions de guerre. Depuis le début de l'année, plus de 1700 incursions de ce type ont été recensées, contre 969 en 2021 et 146 en 2020. Pékin n'a pas précisé le nombre d'appareils mobilisés pour les exercices de dimanche, ni la localisation exacte de ces manoeuvres. Les données du ministère taiwanais de la Défense indiquent que la plupart des incursions concernaient la pointe sud-ouest de la zone d'identification de défense aérienne (ADIZ). Certaines ont également franchi la «ligne médiane» qui longe le détroit de Taiwan et sépare Taiwan du continent. Les vols dans l'ADIZ sont considérés comme un moyen d'épuiser la flotte vieillissante d'avions de chasse taiwanais et d'étudier ses réponses défensives. De nombreuses nations maintiennent des ADIZ, notamment les Etats-Unis, le Canada, la Corée du Sud, le Japon et la Chine. Ces zones ne sont pas identiques à l'espace aérien d'un pays, mais englobent une zone beaucoup plus large, dans laquelle tout appareil étranger est censé s'annoncer aux autorités aériennes locales. L'ADIZ de Taiwan chevauche une partie de celle de la Chine et inclut même une portion du continent. L'armée chinoise, L'Armée populaire de libération (APL) a déclaré que les manoeuvres de dimanche étaient «une réponse ferme face au renforcement de la collusion entre les Etats-Unis et les autorités taiwanaises et de leurs provocations». La rapprochement avec Washington, commencé sous l'ex-président américain Donald Trump, a contribué à tendre les relations sino-américaines, car les Etats-Unis se sont officiellement engagés à reconnaître le gouvernement communiste de Pékin comme seul représentant légitime de la Chine. Samedi, le ministère chinois des Affaires étrangères avait exprimé sa «ferme opposition» après l'adoption d'une loi américaine sur la défense, la «National Defense Authorization Act», qui autorise notamment 10 milliards de dollars d'aide militaire et de ventes d'armes à Taiwan. Les autorités chinoises privilégient une «réunification pacifique» avec l'île mais n'ont jamais renoncé à l'emploi de la force pour la conquérir, notamment si elle déclare son indépendance.