La Chine a annoncé, hier, avoir organisé de nouveaux exercices militaires autour de Taïwan, où cinq parlementaires américains sont en visite, deux semaines après la venue de Nancy Pelosi qui avait déjà déclenché la colère de Pékin. «Le 15 août, le Théâtre oriental de l'Armée populaire de libération chinoise a organisé une patrouille de préparation au combat interarmées multiservices et des exercices de combat dans la mer et l'espace aérien autour de Taïwan», a déclaré l'armée chinoise dans un communiqué. La délégation américaine, dont la visite n'avait pas été annoncée, est arrivée dimanche soir à Taipei et devait rencontrer la «présidente» de l'île, Tsai Ing-wen, hier, avant une réception organisée au ministère des Affaires étrangères. Le déplacement de deux jours porte essentiellement sur le commerce, la sécurité de la région et le changement climatique, selon l'Institut américain à Taïwan, l' « ambassade» de facto des Etats-Unis dans l'île. Il survient moins de deux semaines après la visite de la présidente de la Chambre américaine des représentants Nancy Pelosi sur cette île revendiquée par les autorités chinoises. La Chine avait alors réagi avec force et lancé les plus importantes manoeuvres militaires de son histoire autour de Taïwan: pendant cinq jours, l'armée avait déployé navires de guerre, missiles et avions de chasse, simulant un blocus de l'île. Taipei a «accusé la Chine d'avoir pris prétexte de la visite de Mme Pelosi pour s'entraîner à une invasion». En réponse, les Etats-Unis ont réaffirmé leur engagement dans la région. Cette fois encore, Pékin a vivement critiqué la visite des parlementaires. «Les politiciens américains devraient cesser de jouer avec le feu sur la question de Taïwan», a commenté l'agence officielle Xinhua. Les nouvelles manoeuvres constituent «une dissuasion solennelle contre les Etats-Unis et Taïwan qui continuent à jouer des tours politiques et à saper la paix et la stabilité à travers le détroit de Taïwan», a déclaré Shi Yi, porte-parole du commandement du Théâtre oriental de l'armée chinoise, dans un communiqué, promettant de «défendre résolument la souveraineté nationale». Les parlementaires américains - un sénateur et quatre représentants, des démocrates et un républicain - vont également rencontrer le ministre taïwanais des Affaires étrangères. Joseph Wu qui a salué cette visite dans un communiqué: «Alors que la Chine continue à faire monter les tensions dans la région, le Congrès américain a de nouveau envoyé une délégation de haut niveau à Taïwan, démontrant ainsi une amitié qui n'est pas effrayée par les menaces de la Chine et souligne le soutien résolu des Etats-Unis envers Taïwan». Les membres de la délégation sont le sénateur du Massachusetts Ed Markey et les représentants Alan Lowenthal (Californie, démocrate), John Garamendi (Californie, démocrate), Don Beyer (Virginie, démocrate) et Aumua Amata Coleman Radewagen (Samoa, républicaine), a précisé l'Institut américain. La Chine réaffirme que Taïwan, peuplée d'environ 23 millions d'habitants, est l'une de ses provinces, qu'elle compte réunifier avec son territoire. Opposé à toute initiative donnant aux responsables taïwanais une légitimité internationale, Pékin est vent debout contre tout contact officiel entre Taïwan et d'autres pays. Des responsables américains se rendent fréquemment dans cette île, mais la Chine avait jugé que la visite de Mme Pelosi, la plus haute responsable américaine à se rendre sur l'île depuis des décennies, était une provocation majeure. Face aux manoeuvres lancées par Pékin en représailles, Taïwan avait organisé ses propres exercices simulant l'organisation de sa défense face à une «opération spéciale» chinoise. Pékin n'a mis fin à ses exercices qu'après avoir réitéré ses menaces envers Taipei et déclaré qu'elle continuerait à patrouiller dans le détroit de Taïwan. Dans un point quotidien, Taïwan a affirmé dimanche avoir détecté 22 avions et six navires chinois opérant près du détroit. 11 des avions ont dépassé la ligne médiane, une démarcation purement théorique entre Taïwan et Pékin et que la Chine ne reconnaît guère.