La présidente de l'Association nationale des hémophiles, Mlle Lamhen Latifa, pousse un cri du coeur: «Les médicaments pour hémophiles (facteur 08 et facteur 09) sont introuvables, y compris au niveau de la Pharmacie centrale à Alger». Mlle Lamhen, elle-même hémophile, raconte le calvaire des malades obligés de se déplacer souvent à travers le territoire national pour une injection potentiellement censée être disponible dans tous les secteurs sanitaires. Selon elle, la circulaire du ministre de la Santé a bien réaffirmé la décentralisation des soins, mais hélas sans résultat, car les choses n'ont pas bougé à la base. La présidente de l'association concentre tous ses efforts dans le seul but de faire savoir aux autorités compétentes la non-disponibilité du médicament dans les hôpitaux du pays. Selon elle, seules quelques boîtes de ce produit existent au CHU de Tizi Ouzou. Mlle Lamhen ajoute que «l'hôpital de Beni Messous est en principe un centre national pour les hémophiles, mais rien de vraiment clair à ce sujet. Il faut une décision nationale en ce sens». Selon elle, Tizi Ouzou a amélioré quelque peu la prise en charge des malades au niveau du CHU, mais elle affirme que «les secteurs sanitaires semblent refuser de faire des efforts, comme par exemple l'achat de produits pharmaceutiques à mettre à la disposition des malades». Selon Mlle Lamhen, une seule injection revient à 9000 DA et le malade a besoin de ce produit au moment même du saignement. Au cas où l'injection est différée, alors la dépense est souvent multipliée par dix, si ce n'est plus, et ce, avec une chance de réussite bien minime. Les dépenses de santé publique peuvent ainsi augmenter de façon très significative en ce cas. La présidente de l'Association nationale des hémophiles précise que les malades sont au nombre de 1500 à travers le pays et soixante pour la seule wilaya de Tizi Ouzou. «Encore faut-il que tous les malades soient recensés.» Comme elle conclut que le nombre de cas malades à la suite de transfusion est assez élevé, et d'ajouter: «Et ce n'est pas toujours facile avec l'hépatite C et le sida!»