Les prix du pétrole ont certes terminé la semaine qui, exceptionnellement écoulée, s'est achevée le 6 avril (le 7 avril, vendredi saint, étant férié) au petit trot mais ils ont par contre retrouvé leur niveau d'avant le début du conflit armé russo-ukrainien. Après avoir fortement progressé, le 3 avril, au lendemain de la baisse de la production surprise de l'Opep+ ils ont fini sur une petite hausse. Le baril de Brent de la mer du Nord, référence du pétrole algérien, pour livraison en juin a clos la semaine qui s'est achevée jeudi dernier à 85,12 dollars progressant de 0,13 dollar par rapport à la séance précédente. Son équivalent américain, le West Texas Intermediate, pour livraison en mai se bonifiait pour sa part de 9 cents pour finir à 80,70 dollars. C'est donc une fin de semaine calme qu'ont connue les cours de l'or noir. Une situation relevée par les experts. «Il y a eu peu d'échanges, on est dans un état classique d'attente de congés», a noté Andrew Lebow de Commodity Research Group. Les investisseurs guettent pourtant le rapport officiel sur l'emploi américain vendredi qui devrait montrer un refroidissement du marché du travail mais comme les marchés seront fermés, il n'y aura pas d'incidence immédiate sur les cours, a souligné l'analyste. «Les courtiers ont la gueule de bois après l'Opep+ et son annonce d'une réduction de la production, estime pour sa part Edward Moya d'Oanda, tout en s'aventurant jusqu'à prévoir un prix plancher pour la référence américaine. «Il semble que le baril de WTI ne va guère bouger du niveau de 80 dollars le baril même si les gros titres suggèrent que l'économie américaine s'affaiblit rapidement», a-t-il pronostiqué. Une estimation qui s'adosse sur des prévisions de récession aux Etats-Unis qui se multiplient. Ce qui pourrait peser sur la demande d'or noir de ce pays, premier consommateur mondial de brut. Ce contexte morose explique que les cours n'aient pas réagi mercredi à une baisse marquée des réserves commerciales de pétrole des Etats- Unis, indique-t-on. Les réserves commerciales américaines de pétrole brut ont de nouveau enregistré une forte contraction, la semaine dernière, selon des chiffres publiés mercredi dernier par l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA), sous l'effet d'une montée en puissance de la demande de produits raffinés. Les stocks commerciaux américains ont baissé de 3,7 millions de barils, lors de la semaine achevée le 31 mars, soit plus du double de ce qui était attendu par les analystes (-1,7 million), d'après un consensus établi par l'agence Bloomberg. Ce repli fait suite à une diminution massive de 7,5 millions de barils la semaine précédente. Autre fait marquant, les réserves stratégiques américaines, qui ont connu une certaine stabilité depuis le début de l'année 2023, ont légèrement reculé de 400 000 barils. Il faut rappeler qu'en vertu d'une loi votée au Congrès en 2015, le gouvernement américain va devoir ponctionner sur ces réserves quelque 26 millions de barils d'ici juin pour les vendre sur le marché. Certains indicateurs ont cependant plombé la marche en avant de la première économie mondiale. Les créations d'emplois dans le secteur privé sont ressorties très en deçà des attentes (145 000 contre 261 000) en mars, selon les chiffres publiés par le cabinet ADP, alors que l'indice d'activité ISM dans les services a, lui aussi, déçu, pour mars également. À cela s'ajoute, la perspective d'un environnement de taux élevés «pour un moment» et le rebond moindre que prévu de la demande chinoise de pétrole, souligne Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. Autant d'indicateurs qui ont conduit à la baisse surprise de l'Opep+. «Malgré des signaux positifs en provenance de Chine, les conditions du marché appellent à la prudence. Les incertitudes autour de la croissance économique mondiale pourraient conduire à un ralentissement de la demande de pétrole», a déclaré le ministre algérien de l'Energie et des Mines, Mohamed Arkab, à l'issue des travaux de la 48e réunion du Comité ministériel conjoint de suivi (Jmmc) de l'Opep+. Une baisse qui a un objectif. Le message de l'Opep est fort, l'Organisation est prête à défendre un prix plancher à 80 dollars le baril», a indiqué Daniel Hynes, analyste chez ANZ.