Après une phase de dépression qui a duré une quinzaine d'années, de grandes perspectives s'ouvrent pour le gaz et l'industrie pétrochimique algériens. Si l'adoption d'un nouveau Code des investissements a balayé les incertitudes, la nouvelle loi sur les hydrocarbures, adoptée en 2019, a sauté les verrous. Cette loi favorise clairement le développement et l'exploitation sûre, durable et optimale des ressources en hydrocarbures, y compris les ressources non conventionnelles et l'offshore. Sans complexe, le recours au partenariat a été identifié par cette loi comme étant un moyen qui permettrait d'accélérer le processus de relance de l'activité d'exploration et de production énergétiques. L'on comprend donc pourquoi nous assistons, depuis ces quelques derniers mois, à un véritable débarquement en Algérie des plus grands majors de la prospection gazière, pétrolière et des spécialistes des installations pétrochimiques. Deuxième compagnie pétrolière américaine et l'une des premières dans le monde, Chevron a scellé un pacte avec l'Algérie pour prospecter et produire dans trois bassins pétroliers et gaziers: l'Ahnet, le Gourara et Berkine. Chevron n'est pas seul sur l'arène gazière. ExxonMobil est un autre géant américain qui a manifesté son appétit pour l'énergie algérienne. Selon le quotidien américain The Wall Street Journal, Chevron et ExxonMobil sont sur le point de signer les contrats du siècle en Algérie. Dans son plan de redéploiement Sonatrach oeuvre à devenir un hub continental de la pétrochimie. Le rythme des investissements, lancés au cours des derniers mois, dans les projets de partenariats et de coopérations multilatérales, concourent à la mise en place rapide d'une base prometteuse de cette industrie. La compagnie russe Gazprom s'est manifestée avec «fracas» sur le marché en signant des contrats avec l'Algérie. Le P-DG du groupe Sonatrach, Toufik Hakkar, a annoncé qu'il sera procédé en 2028 à l'exploitation de deux gisements d'hydrocarbures au sud-est de Hassi Messaoud (Ouargla), en partenariat avec la société russe Gazprom, faisant état d'un investissement d'environ un milliard de dollars. Deux autres contrats avec, à savoir l'indonésien «Pertamina» et l'espagnol «Repsol», ont été signés avec Sonatrach. Des projets ambitieux se profilent déjà à l'horizon, comme ce projet de complexe de production de Methyl Tert-Butyl Ether (Mtbe) à Arzew, d'un montant de 500 millions de dollars, qui entrera en production en 2025. À cela s'ajoute ce contrat avec le consortium sino-britannique ´´Petrofac-HQC´´, pour la réalisation d'un nouveau complexe pétrochimique pour la production du polypropylène à Arzew (Oran), dont le coût est fixé à 1,5 milliard de dollars avec 12 000 emplois à la clé. L'activité de raffinage verra également l'entrée prochaine de la plus grande raffinerie d'Afrique à Hassi Messaoud, qui devrait permettre au pays d'exporter des quantités importantes de carburants vers l'Afrique. Forte d'un renouvellement des réserves pétrolières et gazières, la compagnie Sonatrach part déjà à l'assaut de marchés nouveaux en Afrique et ailleurs dans le monde. À l'heure où une nouvelle redistribution des cartes sur le marché mondial du gaz est en train de s'opérer, l'Algérie est appelée à jouer le rôle de producteur et de partenaire gazier avec lequel il faudra compter. Et là la proximité géographique et les raccordements de gazoduc vers l'Europe peuvent être décisifs face à la concurrence, principalement les Etats-Unis et le Qatar qui eux aussi vendent à l'Europe. Les réserves effectives de pétrole et de gaz de l'Algérie s'étalent sur 1,5 million de kilomètres carrés, mais à peine 47% de cette superficie sont exploités présentement. Il y a tous ces vastes territoires vierges qui pourraient rapporter gros au pays. «Nous avons encore 53% de gaz conventionnel à développer (...). Cela permettra d'augmenter considérablement notre production», a indiqué le ministre de l'Energie. Pour ce faire, le gouvernement algérien doit consentir de gros efforts humains et matériels. La vétusté des infrastructures aggravée par un manque d'investissement durant plusieurs décennies, ont produit des effets négatifs sur la rentabilité des champs gaziers. Ainsi, les parts de l'Algérie sur le marché européen n'ont cessé de s'éroder. Mais comme dit l'adage populaire: «À quelque chose malheur est bon.» L'Algérie amorce son grand retour à la faveur de la crise ukrainienne. Ce conflit qui souligne la dépendance européenne à l'égard du gaz russe ouvre en effet, de nouvelles perspectives pour l'Algérie. Mais pour que l'Algérie garde son rang de producteur majeur, elle doit savoir attirer les grandes firmes internationales. C'est ce qui se fait depuis ces derniers mois dans cette Algérie qui capte avec son riche Sahara qui est clairement le nouvel eldorado algérien.