La barre psychologique des 80 dollars qui représente un «minimum syndical» pour les pays membres de l'alliance Opep+ a été «cassée. Après des semaines d'évolution souvent en dents de scie, le baril semble avoir trouvé un rythme plus régulier qui doit le maintenir à un niveau qui doit satisfaire les pays producteurs de pétrole, ceux des treize membres de l'Opep et de leurs dix alliés dont la Russie. Cette marche en avant qui s'est enclenchée mardi dernier s'est amplifiée le lendemain pour propulser le baril de Brent de la mer nord, référence du pétrole algérien, au-dessus des 80 dollars. Quels facteurs y ont contribué? «Le retour de l'appétit pour le risque et les anticipations d'un atterrissage en douceur (de l'économie américaine) se sont propagées aux marchés de l'énergie» avance José Torres, d'Interactive Brokers. L'inflation est ressortie à 3% sur un an en juin aux Etats-Unis, soit moins que les 3,1% attendus par les économistes, indiquent des chiffres rendus publiques le 12 juillet. Cet indicateur s'ajoute au rapport sur l'emploi américain, publié vendredi qui avait montré un ralentissement des créations d'emplois mais un taux de chômage toujours historiquement faible, est-il souligné. Ces deux éléments accréditent, pour nombre d'investisseurs, la thèse d'une baisse de régime limitée de l'économie américaine. Ce qui a impacté, en parallèle, la devise américaine. La décélération de l'inflation a aussi plombé le dollar, un développement favorable aux prix du brut qui sont libellés en billets verts dans la majorité des transactions mondiales, fait-on remarquer. «La baisse du dollar a certainement aidé les cours», indiquait Matt Smith de Kpler. Le billet faiblit dans le sillage de bonnes nouvelles du côté de l'inflation américaine qui ralentit et qui rend moins probable une poursuite des hausses de taux de la banque centrale américaine (Fed) au-delà juillet. Ces éléments rassurants sur la demande s'ajoutent à des tensions sur l'offre, consécutives à la réduction par l'Arabie Saoudite de sa production depuis début juillet, à hauteur d'un million de barils par jour, ajoute Craig Erlam, d'Oanda. Il faut rappeler en effet que le royaume Wahhabite, poids lourd du marché de l'or noir, avait annoncé le 3 juillet qu'elle prolongeait la réduction de sa production de pétrole d'un million de barils par jour, pour soutenir le prix du baril. Une réduction qui se poursuivra en août et qui peut être prolongée au-delà de cette période. L'autre poids lourd de l'Opep+, la Russie, a décidé, de son côté, le même jour, de réduire ses exportations de pétrole brut de 500000 barils par jour au mois d'août. La conjonction de ces facteurs a complétement éclipsé Le rapport hebdomadaire de l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA) qui faisait état d'une hausse inattendue de 5,9 millions de barils des stocks commerciaux aux Etats-Unis. «Le marché est sur un élan et le rapport d'aujourd'hui n'a rien fait pour le calmer» a fait observer Stephen Schork, de Schork Group. Un autre facteur a influencé la hausse des cours de l'or noir: l'arrêt de la production d'importants champs de pétrole Libyen, al-Fil et al-Charara, notamment. Des champs pétroliers d'où provient un tiers de la production d'or noir de l'ex Jamahiriya, seraient bloqués par des protestataires. Le pétrole perdait cependant un peu de terrain hier. Le baril de Brent de la mer du nord pour livraison en septembre, cédait 48 cents vers 14H45 pour se négocier à 80,88 dollars. Son équivalent américain, le West Texas Intermediate (WTI) reculait de 36 cents à 76,53 dollars. Les prix restent freinés par les craintes quant à la résilience de la demande, qui ne se sont pas encore estompées, souligne Han Tan, analyste chez Exinity. L'Opep rassure: «Pour 2024, la demande mondiale de pétrole devrait augmenter de 2,2 millions de barils par jour pour atteindre environ 104,25 millions de barils par jour», indique l'Organisation dans son dernier rapport mensuel publié jeudi. Pas de panique donc...