Directeur-adjoint des affaires stratégiques et de développement, et Directeur exécutif d'Afrosai, Félicité Zobo qui participait aux travaux du groupe de travail abrité par la Cour des comptes à Alger, nous a livré cette interview où elle répond à nos questions sur l'état des lieux de l'indépendance des institutions supérieures de contrôles des finances publiques (ISC) et les défis qui attendent le continent, en vue de se mettre à niveau des standards internationaux. Ecoutons-là. L'Expression: Comment votre organisme contribue-t-il à renforcer l'indépendance des institutions supérieures de contrôle (ISC)? Félicité Zobo: Dans son Plan stratégique 2022-2027, l'Organisation africaine des institutions supérieures de contrôle des finances publiques (Afrosai) a identifié, comme objectif spécifique, la nécessité de renforcer l'indépendance des ISC africaines, en tant que pierre angulaire de la crédibilité desdites ISC et partant de l'amélioration de la bonne gouvernance et du bien-être des citoyens. Afin d'atteindre l'objectif d'améliorer la bonne gouvernance, certaines actions clés ont été envisagées, notamment la mise en place des partenariats efficaces et la mobilisation des parties prenantes, en faveur du renforcement de l'indépendance des ISC membres. Il y a également l'évaluation des niveaux d'indépendance des ISC membres et l'appui des mesures visant à combler les insuffisances en fonction de leurs besoins, sans compter l'apport des appuis ciblés aux ISC, en matière de renforcement de leur indépendance. Quel état des lieux faites-vous de l'action des ISC en Afrique? En fait, les questions liées à l'indépendance sont essentiellement complexes et délicates. Cela va de l'obsolescence des législations en matière de contrôle, des situations de non- promulgation de nouvelles lois adoptées sur le contrôle, en passant par les mesures de suspension des chefs des ISC jusqu'aux questions des vacances de fonctions, etc. Le travail qui reste à faire est immense et la tâche est ardue. l'indépendance des ISC renvoie à l'ensemble des conditions préalables essentielles pour que toute ISC puisse s'acquitter efficacement de son mandat et apporter une valeur ajoutée aux citoyens. C'est dire que l'indépendance d'une ISC par rapport aux organes qu'elle contrôle est fondamentale pour son rôle d'agent de responsabilisation et pour l'établissement de la confiance entre l'Etat et la société. Au niveau global, les questions relatives à la problématique de l'indépendance des ISC sont traités par l'Intosai, notamment à travers la définition et l'identification des principes de l'indépendance des ISC, l'adoption des documents cadres que sont les Déclarations de Lima et de Mexico, l'édiction des normes et les nombreuses actions portant sur les plaidoyers à l'adresse des Nations unies. Il y a aussi l'IDI, via les programmes, les questionnaires et les évaluations diligentés dans ce cadre. Plutôt qu'un objectif statique, l'indépendance renverrait plutôt à une aspiration institutionnelle dynamique qui doit être atteinte par des efforts continus. C'est pourquoi l'Afrosai, au niveau africain, a décidé d'apporter sa pierre à l'édifice en faisant de cette question une de ses priorités pour le cycle stratégique 2022-2027. Ainsi, au niveau régional, les Commissions techniques de l'Afrosai et le groupe dédié aux questions de l'indépendance travaillent au maintien et au renforcement de l'indépendance des ISC africaines afin qu'elles acquièrent plus de confiance, de crédibilité, de compétence et de transparence. Quelle évaluation faites-vous de cette rencontre du groupe de travail de l'Afrosai en Algérie? La rencontre qui s'est tenue à Alger, entrant dans le cadre de la mise en oeuvre du plan de travail annuel du groupe de travail sur l'indépendance des ISC de l'Afrosai, vise à mener des réflexions soutenues pour la définition d'une approche proactive pour le renforcement de l'indépendance des ISC africaines. Nous sommes tenus d'identifier des actions concrètes pour soutenir l'indépendance des ISC et d'élaborer une feuille de route pour une approche régionale pour le plaidoyer. Dans l'optique de mettre en oeuvre les actions sus déclinées, et de garantir un alignement entre les travaux de l'Afrosai, en matière d'indépendance des ISC et les développements y afférents au niveau global, il a été créé, au sein de la Commission de renforcement des capacités institutionnelles et techniques (Crcit), le Groupe de travail sur l'indépendance. À la suite de la création de cet organe, son plan de travail (PTA) pour l'année 2023 a été élaboré et validé par le Comité directeur de l'Afrosai, à l'occasion de sa 58e réunion statutaire, qui s'est déroulée à Djibouti en octobre 2022. En matière de renforcement des capacités institutionnelles, comment estimez-vous l'approche de l'Afrosai et quelle est la contribution de l'Intosai dans ce cadre? Dès lors, dans la perspective de l'exécution des activités prévues dans le PTA dudit Groupe de travail et s'inscrivant spécifiquement dans le cadre de la mise en place des partenariats efficaces et de la mobilisation des parties prenantes en faveur du renforcement de l'indépendance des ISC membres, le Groupe de travail sur l'indépendance des ISC de l'Afrosai, a sollicité et obtenu le support technique de l'Initiative de développement de l'Intosai (IDI), relativement à la mise sur pied des synergies d'actions, en faveur du renforcement de l'indépendance des ISC membres de l'Afrosai.