Prenant acte des déclarations faites par le président du gouvernement espagnol, des observateurs algériens très au fait du dossier du Sahara occidental, ont estimé qu'il est resté dans le vague. Dans son discours prononcé à la tribune des Nations unies à New York, Pedro Sanchez a directement évoqué le dossier du Sahara occidental réaffirmant le soutien de son pays à «une solution politique acceptable par les deux parties, dans le cadre de la charte de l'ONU et des décisions du Conseil de sécurité». Sanchez a, également, exprimé le soutien de l'Espagne aux efforts de l'Envoyé personnel du secrétaire général (SG) de l'ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, qualifiant ses efforts d'«action décisive» pour parvenir à une solution au conflit en cours au Sahara occidental. Il est vrai que la situation au Sahara occidental demeurait un sujet de préoccupation internationale et de débat diplomatique mais si le responsable espagnol a décidé d'aborder ce dossier à l'occasion d'un évènement planétaire aussi capital que l'Assemblée générale des Nations unies, c'est qu'il avait un message à faire passer. S'agit-il pour lui de «secouer le dossier» et attendre un feed-back international? Ou alors voulait-il simplement calmer l'ardeur des organisations de la défense des droits de Sahraouis très influentes à Madrid? Un fin connaisseur du dossier à Alger a estimé que les déclarations de Sanchez sont vagues et méritent d'être clarifiées. «Nous attendons des clarifications sur le plan sémantique», a insisté la même source. En s'alignant sur les résolutions onusiennes, le président du gouvernement espagnol a en effet entretenu le flou en restant en deçà des exigences de l'ONU dans le dossier sahraoui. Il n'a pas prononcé les mots clés: le référendum et le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Les mêmes observateurs n'excluent pas l'idée d'une déclaration du ministre espagnol des Affaires étrangères pour expliciter de manière très précise les propos de Sanchez car, avancent-ils «l'important est de corriger». À l'origine de la brouille entre Alger et Madrid, le soudain et inattendu revirement opéré en mars 2022 par le président du gouvernement espagnol. Pedro Sanchez a décidé de soutenir «le plan d'autonomie marocain pour le Sahara occidental», abandonnant ainsi son rôle de puissance administrante. En réaction à cette volte-face par rapport à la position traditionnellement neutre de Madrid, Alger a suspendu le traité d'amitié et de coopération signé en 2002 avec l'Espagne. Avant de restreindre les transactions commerciales avec l'Espagne en gelant les opérations bancaires depuis et vers ce pays. Ce «coup de poignard» asséné par Sanchez dans le dos des Algériens a été qualifié de «scandale historique», notamment par la classe politique et la société civile en Espagne. D'autant que l'Espagne a toujours préservé, en sa qualité d'ancien colonisateur du Sahara occidental pour une longue période, une sorte d'impartialité à l'égard du conflit dans la région et qui est classée parmi les territoires non indépendants. Contre toute attente, Sanchez se plie aux exigences du Makhzen. Depuis l'Algérie a coupé les ponts avec l'Espagne, car il n'est pas question d'accepter la politique du fait accompli dont le gouvernement espagnol fait la promotion en usant d'arguments fallacieux. Interrogé, il y a quelques jours par la presse algérienne sur ce dossier, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l'étranger Ahmed Attaf, a précisé qu'elles «sont au point mort» et que «les raisons qui ont conduit à la détérioration de ces relations sont toujours d'actualité».