Ce n'est pas encore l'alerte. Ce n'est même pas une inquiétude exprimée à haute voix et partagée par d'autres. Mais cela pourrait le devenir, à plus longue échéance. Pour les céréaliers, il n'y a pas le feu. Comme disait l'un d'eux qui avait fini sa campagne labours-semailles, interrogé par nos soins à ce sujet, « la terre est gorgée d'eau». Les dernières pluies ont été abondantes et fort récentes. Où se situerait donc la crainte, se demanderait-on ? Nulle part, sans doute, si nos trois barrages sont pleins ou le sont seulement à demi. Mais c'est loin d'être le cas. Selon les derniers chiffres en notre possession, même en additionnant le contenu des trois ouvrages hydrauliques, cela ne remplirait même pas celui de Tilzdit, dont la capacité est estimée à 170 millions m3, et dont le niveau stagne à environ 42 millions de m3. Celui de Koudiet Acerdoune, le plus important avec 640m3, frise à peine la barre de 15 millions de m3, alors que le barrage d'oued Lakhel n'arrive toujours pas à décoller au-dessus de 2 millions pour une capacité de 29 millions m3. Si l'on connaît les besoins en eau potable de la wilaya qui sont évalués à 21 000m3, on sent qu'on n'est pas loin de frôler la crise. La solution, évidemment, c'est un habitant de Megnine, un village entre Bordj Khris et Sour El Ghozlane, qui semblait la détenir. Rencontré, hier, à Bouira, il la formulait en ces termes : réaliser plus de forages au niveau des localités à faible densité démographique. Il ne comprenait pas qu'on ait dépensé une fortune pour les raccorder à des barrages finalement à « sec ». Résultat : zéro goutte d'eau dans les robinets. Un observateur qui se bornerait à ce qu'il voit, verrait des champs d'un vert si tendre et dirait : l'année sera bonne. Les terres ont été assez arrosées par les nombreuses précipitations enregistrées tout au long de ces deux derniers mois. Les nappes phréatiques ont même pu reconstituer leur réserve hydrique. D'où l'idée de réaliser des forages là où le besoin se fait le plus sentir. L'idée, comme on pourrait nous le rappeler, n'est pas nouvelle et n'appartient pas en propre à ce citoyen de Megnine. Le wali a déjà en tête plusieurs projets de ce genre et est déjà passé à l'action pour leur réalisation. L'avenir, en matière de production d'eau potable, pour la wilaya, est dans la réalisation et la multiplication de ces projets consistant en forage et en puits. Mais un observateur qui analyse en comparant ces anciennes observations aux nouvelles, constate de jour en jour la dégradation de la situation météorologique. Nos hivers ne sont plus les hivers, d'il y a dix ou vingt ans. Et plus particulièrement celui de 2023 et 2024. On avait l'habitude d'enregistrer 400 à 450 mm par an. En sommes-nous loin ? L'année dernière, le doute n'était pas permis. Nous avions connu un grand déficit en pluviométrie. Celui-ci s'est aggravé par deux facteurs : une très mauvaise répartition des pluies qui a saboté nos récoltes, et de longs intervalles caractérisés par de fortes chaleurs qui ont pompé l'eau des barrages par évaporation. L'absence de neige cette année, qui joue un grand rôle dans le remplissage des barrages et des nappes, a creusé encore un peu plus le déficit en apports pluviométriques. Cette année, il a moins neigé encore que l'année dernière. La seule chose qui pourrait déjouer les pronostics défaitistes est la régularité des précipitations qui reviennent toutes les semaines ou tous les dix jours. Sachons quand même que la météo n'annonce aucun changement jusqu'au 9 février. Il faut, néanmoins, garder confiance. Cette régularité est notre atout pour briser le caractère infernal de cette sécheresse endémique.